L’intersyndicale de Bridgestone s’inquiète du flou (plus ou moins artistique) qui règne autour du scénario présenté lundi à Bercy pour éviter la fermeture de l’usine de pneumatiques de Béthune. Elle demande des précisions rapides tant sur le contenu du projet que sur l’investissement de l’Etat, a indiqué jeudi son avocat à l’AFP.
Un scénario établi a bisto de nas
« Il faut nous dire rapidement ce qu’il en est et qu’ils ne fassent pas rêver les gens », a souligné Me Stéphane Ducrocq à l’issue de deux assemblées générales des salariés jeudi. Il a évoqué un « scénario au doigt mouillé pour lequel on ignore absolument si Bridgestone est d’accord ou pas« .
Incertitudes sur la contribution de l’Etat
Lundi, le gouvernement a proposé à Bridgestone un « scénario » pour éviter la fermeture du site de Béthune, annoncée en septembre par le géant japonais du pneumatique et qui menace 863 emplois.
Fondé sur une expertise du cabinet Accenture, ce projet industriel prévoit une production sur place de 3 millions de pneus de qualité supérieure et maintiendrait plus de la moitié des emplois. Il suppose une restructuration, 100 millions d’euros d’investissement et de 25 à 40% de gains de productivité.
L’Etat dit qu’il est prêt à contribuer à l’investissement sur le site, « mais combien, comment ? » s’est interrogé Me Ducrocq.
Dans un communiqué de presse, l’intersyndicale s’est affirmée mercredi « inquiète », déplorant que le projet dévoilé à Bercy « reste muet sur les investissements massifs qui avaient été promis par l’État dans le cadre du plan de relance ».
Demandant à participer à une réunion avec le gouvernement et la direction de Bridgestone Europe, elle a assuré qu’elle n’accepterait « qu’un projet viable à long terme qui garantisse le maximum d’emplois sur site ».
Le gouvernement se donne trois semaines pour valider
Mardi, la ministre déléguée chargée de l’Industrie Agnès Pannier-Runacher avait indiqué que le gouvernement se donnait trois semaines pour valider ou non le scénario présenté lundi.
Des experts du cabinet Accenture doivent venir le 29 octobre à l’usine de Béthune, a indiqué Me Ducrocq, qui espère alors obtenir des précisions sur les contours du projet.
« Le scénario d’une fermeture n’emporte pas les mêmes mesures que le scénario où on ne licencie pas tout le monde », a-t-il rappelé, alors que le top départ des cinq mois de négociations du plan de sauvegarde de l’emploi a été donné le 1er octobre.
Mi-septembre, Bridgestone avait annoncé la « cessation définitive » à l’horizon 2021 de l’activité du site invoquant une surcapacité de production en Europe et la concurrence des marques asiatiques à bas coûts.
Elisabeth Studer avec AFP