Brexit : le Royaume-Uni cherche des chauffeurs à tout prix

Depuis le brexit, accentué par la pandémie de Covid-19 et les différentes restrictions aux frontières, la situation sur la distribution est tendue en UK. En effet, plein de chauffeurs étrangers sont repartis chez eux sur le continent et soit ont trouvé un nouveau travail, soit ne sont pas revenu en tant que chauffeur de camion.

Résultat ? Des manques réguliers dans les supermarchés, les magasins, etc. Les Britanniques s’y sont habitués finalement. Mais, cette semaine, on a assisté à des scènes hallucinantes dans les stations-services. Finalement, les Français ne sont pas les seuls à se ruer à la recherche de carburant à la moindre alerte.

Ces pénuries sont en fait des « prophéties auto-réalisatrices ». Un vent de panique s’empare des gens qui se ruent pour faire le plein « au cas où », même de voitures ne bougeant jamais ou presque. Ce faisant, ils dérèglent le « ronron » de la distribution et les pénuries se créent. « Vous voyez, j’avais raison » peuvent dire fièrement ceux qui ont créé ce manque. C’est vrai pour le carburant auto, mais aussi les pâtes, le papier-toilette, la farine, ou le sucre.

Un meilleur salaire, mais toujours des conditions de travail difficiles

Pour tenter de rétablir une situation normale ou presque, le Royaume Uni va faire appel à l’armée. Sauf que l’armée n’a pas non plus tant de chauffeurs PL que cela. La grande muette forme, forme, et forme des conducteurs de camion-citerne de produits inflammables. Ces chauffeurs doivent terminer leur formation ce weekend et aller livrer les carburants dès lundi.

Il y a également des tas de civils qui se reconvertissent et passent leur permis poids-lourd. Ne sachant pas trop de quoi l’avenir sera fait, certains préfèrent assurer et répondre ainsi à une grande demande actuelle.

Selon l’Association du transport routier (RHA), ce sont 100 000 chauffeurs qu’il manquerait dans le royaume. Et ce manque touche toutes les enseignes, tous les secteurs et font chauffer les salaires des chauffeurs. Certaines sociétés paient même les formations et les permis de nouveaux chauffeurs. L’Etat de son côté a autorisé un allongement des heures de conduite, et a supprimé l’obligation de conduire d’abord de « petits » camions avant de passer à ceux de plus de 10 tonnes. Attention à la sécurité routière !

L’Etat devrait même autoriser exceptionnellement plus de 10 000 visas provisoires pour faire venir des chauffeurs (souvent d’Europe de l’Est) pour assurer les livraisons de fin d’année. Les hausses de salaires pourraient provoquer une hausse des prix.

Et en Europe ?

Le continent n’est pas non plus épargné par le manque chronique de chauffeurs de camion, même si la situation est largement moins tendue. Selon une étude réalisée par « Transport Intelligence », ce serait 400 000 (Royaume Uni compris) qui manquerait en Europe. En France, un peu plus de 40 000 emplois de chauffeurs seraient en souffrance.

Salaires revalorisés, formations payées, image redorée… En revanche, ce qui ne change pas en Angleterre, ce sont des aires de repos indignes souvent sans toilette ni douche. le salaire ne fait pas tout et certains craignent que, passé l’euphorie d’un nouveau travail et d’un salaire relevé, la difficulté du métier l’emporte et que ces nouveaux chauffeurs repartent aussi vite qu’ils arrivent.

D’ailleurs, certains anciens chauffeurs sont contactés par leur ancienne entreprise, ou par l’état même. Mais, peu veulent revenir à leur ancien métier. Certains ont totalement changé de branche et y ont trouvé un meilleur salaire, et des horaires plus adaptés à une vie de famille. Certains analystes craignent que ce manque de chauffeurs pourraient créer des manques pour les fêtes de noël, période ô combien importante pour des entreprises déjà fragilisées par la pandémie, mais aussi le brexit.

Et Nigel Farage, il ne veut pas faire chauffeur poids-lourd ? Après tout, il est un peu responsable de tout cela !

Illustration : Marco_56

(16 commentaires)

  1. Grave le Nigel, il a bien foutu la merde et il s’est barré de la vie politique bon maintenant ils ont le gros Boris l’animal ce n’est pas mieux ?

  2. Formation à l’arrache pour conduire des bombes de 40.000l de produits dangereux. Elle est pas belle la vie …

  3. Dommage pour la GB que les camions autonomes ne sont pas totalement opérationnels sur route ouverte en Europe.
    Les crises et pénuries provoquent systématiquement des avancées technologiques, il faut qu’il y ait quelque chose qui ne marche pas pour progresser.
    Dans 10 ans, ça ne sera plus possible !? Sauf s’il y a une 2e crise de semi-conducteurs pour camions autonomes. 😉

    1. Difficile. Les prémices ce sont des stations qui ont réellement eu des soucis d’approvisionnement.
      L’info a fait trainée de poudre.
      La pénurie est réelle une fois que tout le monde se sert.
      C’est un peu différent de ce qu’il y a eu il y a 2 ans en Bretagne où certains « pontes » du BTP avaient annoncé vouloir bloquer les dépôts, ce qu’ils n’ont pas fait mais a suffit à provoquer une ruée sur les pompes pendant qq jours.

  4. Comme dit Aldo Sterone, c’est la cohabitation de deux mondes. D’un côté, les gens inutiles rémunérés à 500 000 euros par semaine, de l’autre, ceux (les chauffeurs routiers) qui ont vu leur rémunération passer de 200 à 150 puis 120 pour arriver à 80 par jour. Sans doute, ceux là, utiles, se sont mis en grève. Brexit = catastrophe ? Ah oui, si l’importation des esclaves pas chers est interdite, évidemment. Et s’il faut payer et former la main d’oeuvre, quelle horreur ! Là aussi, stocks inexistants, habitude d’employer des esclaves sous payés des pays de l’est… Et tout simplement, effet de panique. On verra qui était le plus utile, le footballeur, ou le routier.

  5. Quoi de plus motivant pour un camionneur étrangers qu’un visa… temporaire.
    Viens travailler chez nous, on a désespérément besoin de toi ! Mais on ne te donnera qu’un visa de 3 mois. Renouvelable ! Mais ça, c’est sans garantie.
    Parce qu’après Noël, si ça se trouve, on aura plus besoin de toi, donc tu seras bien gentil de f**tre le camp et de retourner dans ton pays.

    1. Tout à fait @benoit9888
      C’est pour cela que je disais que si les patrons anglais avec leurs mentalités Thatchériennes auraient le choix avec des camions autonomes, ils auraient pris massivement cette solution avec zéro…
      Attention, ce n’est pas un souhait personnel, mais plutôt une constatation récurrente.

    2. Les camions dits autonomes ne font pas le job. Au mieux ils vont de A à B et peuvent dans certains cas précis mettre à quai ou en sortir.
      Mais dans 99% des cas ils ne pourront se passer d’un humain pour les manoeuvres.
      Imaginez un camion-citerne autonome…il fait comment pour se brancher sur la station et livrer le carburant ? 😉
      Le véhicule autonome n’est qu’un outil pour l’humain, pas un remplacement.

      1. Mais tant mieux ! Que l’homme (le conducteur) ne soit aussi facilement pas remplaçable (pour le chômage)
        Il aura besoin que des manutentionnaires au lieu de productions et déchargement.
        Des techniciens pour les transports dangereux.
        Mais les avantages de la machine sur l’homme sont tentants, pas d’horaire, ils pourront bosser plus de 100 heures par semaine, pas de syndicat, moins d’accidents !? Rapidement rentable.
        Les camions robot sur les quais de déchargement font déjà un peu de la SF.

  6. Bonjour je suis un chauffeur de camion pois lourd classe 1 toute catégorie au Canada avec 23 ans d’expérience cherche un poste au royaume uni avec un diplôme dep

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