En 8 années de présence (si l’on compte Asiatech), Peugeot n’aura pas vraiment marqué l’histoire de la F1. Le constructeur a trop longtemps cru qu’avec n’importe quel châssis, n’importe quel pilote et un budget réduit, on pouvait s’imposer. Pris ensuite dans la spirale de la défaite, l’issue était inévitable. Désormais, Peugeot préfère plus volontiers évoquer ses succès en rallye ou au Mans…
On pourrait écrire un roman sur la seule genèse de l’arrivée de Peugeot en F1.
Tout commence en 1988: après avoir gagné en rallye et en rallye-raid, Peugeot vise la F1 (châssis + moteur.) En guise de mise en jambe, ils iront d’abord au Mans avec la 905. 5 ans, 2 victoires mancelles et 1 titre plus tard, les objectifs sont réduits: Peugeot arrivera en 1994 comme motoriste de Larrousse. Déçu, Jean Todt part et Ecclestone lui glisse la page « emploi » de Ferrari Magazine…
Au même moment, McLaren se cherche un moteur. Ayrton Senna a testé une McLaren/Lamborghini (un moteur rebadgé Chrysler pour 1994.) Elle est plus rapide que la McLaren/Ford, mais ce n’est pas une fusée et Senna de loucher sur Williams… Coup de théatre: McLaren signe avec Peugeot et Larrousse avec Lamborghini. Mais fin 1993, Chrysler a revendu Lamborghini; fini la F1.
Qui pour la McLaren/Peugeot? Alain Prost hésita, avant de dire non. D’où un Mika Hakkinen trop vert et un Martin Brundle incapable d’être un leader. Jean-Pierre Jabouille (qui a remplacé Todt) voulait un Français. Laurent Aiello s’est fait désiré. Alors Philippe Alliot joua les doublures. Bilan: 4e, 7 podiums et 17 abandons en 32 départs.
Mercedes, lassé de Sauber, se fiance avec McLaren et paye pour « libérer » l’écurie. Malgré un modeste moteur Hart, Jordan fit une bonne saison: 5e avec 1 podium. Pour 1995, certains comparent Jordan à Benetton et Rubens Barrichello à Senna. Bilan: encore 5e et un seul podium (Barrichello 2e et Eddie Irvine 3e au Grand Prix du Canada.)
Pour 1996, Jabouille est remplacé par Jean-Pierre Boudy et Irvine par Martin Brundle. Avec Benson & Hedges, Jordan possède un vrai sponsor. Mais les résultats plafonnent: 5e, sans podium. Peugeot veut quitter la F1 fin 1997, mais Prost les convainc de rester pour lui fournir un moteur.
Peugeot débute 1997 en songeant déjà à 1998 avec Prost. Ce sera pourtant la plus belle année du tandem Jordan-Peugeot: encore 5e, mais avec 3 podiums. Et encore, plusieurs fois, les débutants Giancarlo Fisichella (remplaçant in extremis Nigel Mansell) et Ralf Schumacher, trop fougueux, se sont autodétruits.
Prost a effectué 1997 en reprenant l’existant de Ligier. Les « vrais » débuts de l’équipe sont pour 1998 avec une soit-disant « dream team ». C’est un bide: 9e du championnat (et dernier classé) avec un unique point glané par Jarno Trulli. Olivier Panis, encore mal remis de son grave accident en 1997, est en difficulté.
En 1999, le torchon brule entre Prost et Peugeot. Sur le papier, il y a des progrès: 7e du championnat grâce au podium chanceux de Trulli au Grand Prix d’Europe. Dans les faits, les moteurs Peugeot cassent comme du verre et Prost ne cesse de remodeler l’organigramme.
2000 sera un enfer: 0 points pour Jean Alesi (« l’ami de 10 ans ») et Nick Heidfeld. La saison fut ponctuée de rumeurs. Corado Provera, PDG de Peugeot Sport, regarde désormais vers les rallye.
Peugeot F1 poursuit en 2001 via la mystérieuse structure Asiatech, filiale de « Asia Motor Technology ». Qui finance? Peugeot? La fortune personnelle du fils du fondateur de Sony? La Mafia Japonaise? En 2000, Asiatech motorise TWR-Arrows. L’équipe est 10e du championnat, avec un point décroché par Jos Verstappen.
En 2002, Asiatech motorise Minardi. A domicile, le débutant Mark Webber est 5e, sous les yeux de son patron Australien. Ce sera les 2 seuls points de la saison. Asiatech parle d’un nouveau moteur pour 2003 et d’une F1 complète en 2004. Mais faute d’écurie, Asiatech baisse le rideau fin 2002.
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