Les prototypes sur base Ferrari sont rares. C’est logique: lorsque l’on porte un tel patronyme, on n’a pas besoin de présenter des concept cars à chaque salon afin de « tester une ligne » ou de faire rêver. N’importe quelle Ferrari de route (à quelques exceptions près) fait déjà rêver! Même les designer ne s’y frottent qu’avec parcimonie (heureusement), pas question de construire n’importe quoi autour d’une base de Ferrari.
L’histoire de la Pinin de 1980 est singulière: il en existe deux versions différentes totalement contradictoires.
La carrosserie Farina a été fondée en 1930. Pour les 50 ans de l’entreprise, devenue depuis Pininfarina, l’entreprise veut marquer le coup, au salon de Turin. Un prototype de Ferrari s’impose tout naturellement. Et pourquoi pas une 4 portes? Enzo Ferrari donne son accord (et un 12 cylindres à plat de 512BB) du bout des lèvres: ok pour une Ferrari 4 portes, mais il faudra préciser que c’est une initiative indépendante. Ferrari construit des GT et des supercars, pas des berlines.
A la fin des années 70, Enzo Ferrari se tate. Il n’est plus l’homme des dogmes, refusant l’aérodynamique, le moteur central ou les sponsors des cigarettiers jusqu’à l’absurde. Il a accepté de mettre une boite automatique GM sur la 400, pour plaire aux Américains. Alors pourquoi pas une berline? Après tout, Aston Martin et Maserati en construisent. Il envoit Pininfarina comme poisson-pilote. Les 50 ans de la firme, en 1980, sont un bon prétexte.
L’accueil de la Pinin est bon. Mais lors de l’étude de l’industrialisation, Enzo Ferrari réalise qu’en terme de qualité et de fiabilité, il semblerait ridicule face aux autres berlines prestigieuses. Il s’en tire par une pirouette: « Il n’y aura jamais de Ferrari à 4 portes (à part celles du sultan de Brunei.) »
La verité doit être un mélange des deux. La Ferrari Pinin restera un exemplaire unique. Mais Pininfarina tenait plusieurs « idées » comme la nervure latérale, que l’on retrouvera sur l’Alfa 164, la 405 et la 605…
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