Brève rencontre : Bugatti type 68

Bugatti est synonyme de puissance et de vitesse. Pourtant, les dernières voitures conçues du vivant d’Ettore Bugatti étaient assez modestes. Qui sait, si la 68 avait été au bout de son développement, la firme aurait pu rebondir après-guerre…

La mort accidentelle en 1939 de Jean Bugatti, héritier désigné, fut un coup dur pour la firme de Molsheim. Les excentricités d’Ettore et les archaïsmes de ses modèles (comme l’absence de culasses démontables) commençaient à passer mal auprès d’une certaine clientèle. D’autant plus que Talbot-Lago et Delahaye-Delage faisaient alors beaucoup parler d’eux. La guerre empêcha Bugatti de « répondre » avec la 64. La suite fut une série de mauvaises nouvelles pour Ettore Bugatti : son père mourut, son épouse tomba gravement malade, et l’usine fut vendue de force aux Allemands (qui y produisirent des armes.)

Mais le « patron » ne se laissa pas abattre. Il se mit à fréquenter une autre femme, à qui il fit deux enfants, puis qu’il épousa à la mort de sa première femme. En parallèle, il songeait à une nouvelle usine à Levallois. Il put évacuer ses machines-outils. Selon lui, l’après-guerre allait être synonyme d’une grave crise économique. Plus question de produire des « 57 ». Il conçut alors une microcar (type 68) et une voiture à pleine plus grosse (type 73.) Deux prototypes de roadster 68 furent construits si l’on en croit les archives de l’actuel Bugatti ; les autres sources parlent d’un unique prototype. Ils étaient propulsés par un bicylindre 320cm3 8 soupapes compressé développant 25ch.

Un 370cm3 atmosphérique fut également fabriqué. Il est à noter que ces bicylindres étaient les premiers du constructeur équipés de culasses démontables. Une carrosserie coupé fut également dessinée. La 68 prenait forme. Le site de Levallois, lui, fit long feu.

Malheureusement, l’après-guerre fut pire que prévu. En 1945, Jean-Pierre Wimille remporta la Coupe des Prisonniers avec une Type 50 et ce fut l’ultime victoire d’une Bugatti en course. A peine les nazis eurent-ils quitté Molsheim que l’état français s’appropria le site. Ettore était accusé de collaboration… Ce qui n’empêcha pas ce même état français de le naturaliser au même moment ! Le « patron » fut, semble-t-il, atteint de la maladie d’Alzheimer. Il n’eut même pas conscience qu’il avait gagné son procès et récupéré son usine. Il fut finalement victime d’une pneumonie, en 1947.

Roland Bugatti, fils cadet, hérita de facto de l’entreprise, alors en ruine. Remonter la pente aurait été très difficile. « Ferry » Porsche l’a fait dans des conditions au moins aussi dures. Mais Roland Bugatti n’était pas Ferry Porsche, ni Ettore ou Jean Bugatti. La 68 ne survécut pas à Ettore. La 73 eu à peine droit à une poignée d’exemplaires.

En 1957, un certain Villeplé conçut une voiturette sous la bannière « Office Technique International ». Un second prototype fut assemblé chez Bugatti qui ne produisait plus grand chose et les deux prototypes lui donnèrent un semblant d’activité. En guise d’hommage, la trois-roues OTI s’ornait d’une calandre à fer à cheval. Propulsée par un 125cm3 de moto et conçue par Villeplé, elle n’avait aucun lien avec la 68. Mais en 1959, le temps des microcars était terminé. L’OTI disparut, tout comme Villeplé. Roland vendit peu après son entreprise à Hispano-Suiza.

Crédit photos : Bugatti

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