Avant la mode des monospaces, il y a eu celles de vans, dans les années 70-80. Si le fameux combi VW était LE van des hippies, celui des jeunes, c’était le Bedford CF. Jusqu’ici, le constructeur d’utilitaire n’était connu qu’Outre-manche. Gràce au CF, elle devint célèbre dans toute l’Europe. Hélas, GM n’a pas su saisir l’opportunité et le CF de représenter l’apogée de Bedford.
Un monocorps, cela permet de maximiser l’encombrement. Cocorico, le premier fourgon produit en série fut français: c’était le Peugeot DMA conçu pour La Poste en 1946. Mais il fut vite rejoint par des vans Chenard & Walker, Fiat, Renault et évidemment Volkswagen…
C’est aux Etats-Unis, au début des années 60 que les jeunes se l’approprient: ils veulent un véhicule pas cher, pratique, dans lequel on peut dormir le cas échéant. C’est le début d’une mode qui durera jusqu’au milieu des années 80.
A la fin des années 20, les voitures importées sont surtaxées e Grande-Bretagne. GM a l’idée de faire du CKD. La camionette Chevrolet obtient un certain succès et GM a l’idée de passer à la vitesse supérieure en construisant une usine d’utilitaires à Luton. C’est la fondation de Bedford, en 1931. La marque sera toujours liée à Vauxhall (racheté par GM en 1925.)
En 1961, Ford UK lance le Transit, qui devient très vite un best-seller, gràce à son grand volume de chargement et ses multiples versions. Bedford devait réagir et ce sera chose faite en 1969, avec le CF. Autant le CA (ci-dessus, en bleu et blanc) était « so british », autant son descendant, le CF ressemble à un van… Dodge (?) en réduction.
Il en a pour tout les goûts: empatement court ou long, surélevé ou pas, finition normale ou « deluxe ». Sous le capot, 4 mécaniques: 2 essences Vauxhall/Opel (1,6l 78ch et 1,8l 94ch) et 2 diesels Perkins (2,0l 52ch et 2,5l 62ch.) D’emblée, le Bed’ est un carton et il n’hésite pas à traverser la Manche.
En 1975, la gamme est rebaptisée d’après la capacité de chargement (par exemple: CF220, 2,2t de charge utile), un empatement XXL est proposé et en 1975, un 2,1l 64ch diesel Vauxhall/Opel remplace les Perkins.
En 1980, alors que le Transit II est là, le CF reçoit une nouvelle calandre… Toujours aussi « Dodge ». La gamme est remaniée avec des versions CF230, CF250, CF280 et CF350. Le CF230 doit se contenter d’un 1,8l essence 66ch, alors que les autres proposent également un 2,3l essence 78ch et un 2,3l diesel de 61ch. GM ne croit plus au gros van. Elle laisse donc mourir le CF, au lieu de créer un « CG ».
En 1984, il devient CF2 (sans changement esthétique), avec un 2l essence 78ch et le 2,3l diesel pour tout le monde.
Une version 4×4 et une électrique développée par Lucas (au secours!) sont également proposés.
En juillet 1987, il quitte la scène, alors qu’en occasion, il fait encore un tabac, notamment chez les amateurs de camping car.
Bedford est démantelé: les utilitaires légers sont désormais chapeatés par IBC (Isuzu Bedford Company), une joint-venture avec Isuzu, tandis que les poids-lourds seront revendus à AWD (marque créé par David Brown, ex-Aston Martin et qui fera long feu.) Le CF est remplacé, de fait, par le Midi (à moteur Isuzu) et le minuscule Rascal (un Suzuki Super Carry rebadgé.) Ce dernier tentera sa chance sur le continent, avec un logo « GME », dans le réseau Opel.
En 1991, GM décide de suprimer la marque Bedford, au profit de Vauxhall. En 1998, Isuzu, KO, quitte IBC. Luton fabrique aujourd’hui des Renault Trafic rebadgés Opel Vivaro. GM a perdu son savoir-faire, alors qu’il y a 25 ans, il était le grand challenger de Ford chez les utilitaires. Un beau gâchis.
Avant de se quitter, une petite gallerie de Bedford CF sauce « années 80 »:
Comme disait un site Bedford: « Ne rigole pas, bourgeois, ta fille est peut-être dedans! »