Bras de fer PSA / Opel, production contre compétitivité

Vives tensions entre Opel et PSA, sous fond d’inquiétudes concernant l’emploi. Le comité d’entreprise d’Opel a ainsi réclamé vendredi à PSA des propositions d’investissement constructives pour ses sites en Allemagne. Une demande expresse alors que PSA vient de dévoiler ces derniers jours son plan d’investissement et de production pour ses sites européens, dont l’Allemagne est exclue.

Demande de propositions constructives

« A la suite de la décision unilatérale de PSA d’investir dans des sites européens hors de l’Allemagne, il convient de présenter des propositions constructives pour les sites allemands sur la base d’accords salariaux collectifs « , ont ainsi déclaré vendredi des représentants du syndicat IG Metall d’Opel. Rappelant que PSA avait accepté de respecter les accords salariaux collectifs, ils estiment que ces derniers doivent désormais être appliqués de manière « inconditionnelle« .

A l’origine de la discorde : les négociations sur l’application des accords conclus alors que Opel était encore filiale de General Motors. Lesquels traitent de la répartition de la production de véhicules et moteurs à Eisenach, Rüsselsheim ou Kaiserslautern, trois sites allemands.

« Nous n’acceptons pas de conditions imposées ultérieurement pour des accords reconnus et repris par PSA, et qui sont exécutoires », écrit ainsi Wolfgang Schäfer-Klug, le chef du comité d’entreprise d’Opel.

Un porte-parole de PSA a déclaré en retour samedi que le constructeur automobile ne commentait pas les négociations en cours. Un porte-parole d’Opel a quant à lui également indiqué que le constructeur ne faisait aucun commentaire sur les discussions actuelles, ajoutant qu’il n’existait aucun projet visant à renoncer aux accords salariaux collectifs.

PSA dévoile son plan de production

PSA a confirmé mercredi qu’il produirait son moteur essence trois cylindres turbo en Pologne, sur le site de Tychy, et en Hongrie, à Szentgotthard. Ces deux sites d’Opel viennent s’ajouter aux usines françaises de moteurs de Douvrin (Nord) et de Trémery (Moselle).

Le constructeur a par ailleurs indiqué qu’il fabriquerait en France, à Valenciennes, des boîtes de vitesse automatiques sous licence Aisin, équipements achetés jusque là à l’équipementier japonais.

PSA a également rappelé qu’il produirait à Trémery les moteurs électriques de ses futurs véhicules électriques et hybrides, dans le cadre d’une coentreprise avec Nidec Leroy-Somer.

Les sites allemands exclus du plan européen

A noter que l’ « exclusion » de l’Allemagne du plan défini pour les sites européens est due notamment au refus du syndicat IG Metall d’accepter les concessions que PSA demandait à Opel afin que sa nouvelle filiale devienne plus concurrentielle.

Rappelons à cet égard que PSA  a régulièrement critiqué les coûts de production de la marque allemande, les considérant trop élevés et en grande partie à l’origine de son résultat déficitaire.

« L’objectif de la direction allemande reste clairement d’investir dans les sites allemands et d’introduire de nouveaux modèles. Une condition préalable pour y parvenir est de créer une structure compétitive », a indiqué le porte-parole d’Opel, laissant ainsi entrevoir que la bataille va se jouer sur les concessions demandées par PSA afin de rendre les sites allemands plus rentables. Maintien d’activités en Allemagne contre acceptation de nouvelles mesures permettant d’accroître la compétitivité.

Si le patron de PSA, Carlos Tavares s’était engagé lors du rachat à respecter les accords conclus précédemment lorsque Opel était encore filiale de General Motors, il demande aujourd’hui à Opel – déficitaire depuis 1999 – de renforcer sa compétitivité … quitte à renégocier certains engagements.

Pas d’exemption pour l’Allemagne, prône PSA

Reste que bon gré mal gré, les salariés des pays autres que l’Allemagne ont tous accepté des mesures de modération salariale et davantage de souplesse au niveau des horaires. Pas question donc, pour l’état-major français de PSA de ne pas obtenir d’efforts des salariés allemands. Pas question  non plus de semer la zizanie au sein du groupe en acceptant un simili traitement de faveur pour les employés d’outre Rhin.

D’autant plus que IG Metall vient de signer un accord de branche accordant une hausse de salaire de 4,3 % en Allemagne. Autre sujet de tensions entre les parties. Certes, il existe des dérogations pour les entreprises en difficulté, mais qui demeurent limitées dans le temps. C’est dans ce cadre là que GM et Opel avaient obtenu du syndicat un report des hausses salariales contre des garanties sur l’emploi, jusque 2018, et sur les sites, jusque 2020. Selon Les Echos, IG Metall chercherait à faire prolonger ces assurances en contrepartie d’une nouvelle exception.

(21 commentaires)

  1. Sérieusement… qui achète encore une Opel ? Ce constructeur est un boulet, depuis des années, alors faisons comme les allemands feraient, détruisons un concurrent étranger, eux ne s’en priveront jamais, et on découvrira qu’Opel ne manquera à personne…

    1. Les flottes… Opel sera la branche à volumes non rentables ou les immat seront faites sur des canaux pas super… Pour rendre plus propres sur les autres marques. Opel sera la lessiveuse…

    2. Je pense pas que PSA ai dépensé 1 Milliard pour ensuite tuer la marque et fermer les usines.
      Par contre les usines Européennes sont en train rentrer dans le rang de la rentabilité. Les modèles OPEL vont tous utiliser les châssis+moteurs PSA pour baisser les couts (comme le fait VAG avec ces marques).
      Mais que faire des 3 sites de productions Allemand qui coutent plus chère, tout comme le sont les usines VAG ou BMW ou Mercedes ?
      Une idée pourrait être de développer la marque DS avec les usines Allemande qui utiliserait alors « l’ivresse » Deutsch qualita » ?
      Ou alors attendre fin 2018 pour annoncer la modernisation des 3 usines en échange d’une réduction d’effectifs ? Bref comme les autres quoi!

  2. PSA semble découvrir la gestion des affaires à l’allemande. Si GM n’a pas réussi à redresser cette société déficitaire depuis presque 20 ans, PSA va mettre quelques années à les remettre sur rails. Faire disparaitre Opel comme le suggère AFLC7 c’est probablement la solution, mais les syndicats allemands ne sont pas les syndicats français…et le gouvernement allemand non plus. Si Opel avait racheté PSA, oui ils fermeraient PSA sans vergogne, mais c’est le contraire, et  » Deutschland über alles  » est bien le reflet de la mentalité de nos chers voisins. Je ne comprends toujours pas ce que PSA est allé faire dans cette galère, à moins de nommer un Carlos Ghosn à la tête d’Opel ( par comparaison avec Nissan, empêtré dans la culture japonaise)

    1. Un post aux profonds relents germanophobes. La relation entre partenaires sociaux est effectivement différente en Allemagne et impose une culture du compromis qui n’existe souvent pas en France. Si les syndicats ont signé des accords pour plusieurs années effectivement je ne vois pas pourquoi ils reviendraient dessus. Enfin pour le processus d’intégration compliquée effectivement quand on rachète un constructeur en pertes opérationnelles depuis 1999 ça ne peut pas être simple.

        1. Je crois que vous n’étiez pas visée Elisabeth, mais plutôt mon commentaire. Ayant travaillé dans une société internationale, j’ai eu plusieurs patrons allemands, et je ne suis absolument pas germanophobe ( quand on manque d’arguments on traite les gens de racistes, c’est bien connu). Mais la plupart des allemands ont un sentiment de supériorité vis-à-vis des autres, même si ce sont des gens charmants par ailleurs. Donc bonne chance à PSA ! Mais curieux que le management à l’américaine n’ait donné aucun résultat…pendant 20 ans…

    2. « Si Opel avait racheté PSA, oui ils fermeraient PSA sans vergogne » Tu es devin? Je n´ai pas mémoire de cas similaires à ceux que tu décris.
      « Deutschland über alles » est bien le reflet de la mentalité de nos chers voisins.  » Mais qu´est ce que c´est que ces conneries????On se croirait revenu en 1940. Venant d´une personne dont le pays est l´un des plus chauvins au monde et dont les représentants ne cessent de parler de leur place dans le monde, c´est à mourir de rire. Hitler est mort depuis 1945 et la France détient toujours des colonies (on appelle cela pudiquement des DOM-TOM je crois) et maintient une certaine emprise sur ses anciens citoyens de seconde Zone je te rappelle.
      « mais les syndicats allemands ne sont pas les syndicats français » Oui, les syndicats allemands négocient sont représentatifs et cherchent des compromis, s´impliquent dans la vie de l´entreprise. Les syndicats francais ne le sont pas, font des grèves préventive, retiennent leurs dirigeants en otage et leur arrachent les vêtements
      « …et le gouvernement allemand non plus. » Oui tout à fait, le Gouvernement icicontrairement à la France reste neutre et ne s´implique pas vraiment dans la gestion des entreprises ou quand un étranger fait main basse sur notre tissu industriel(ils ont rien dit quand Opel a été racheté). A l´inverse le Gouvernement francais se mêle de tout et détient le record mondial de prises participations dans les entreprises pour une démocratie (on va éviter de comparer Avec diverses dictatures proto communistes et autre).
      Quand Opel est pris totalement par PSA, quasiment aucune réaction en Allemagne. Quand Alstom est pris partiellement par Siemens, cris d´horreurs en France. C´est cela la grande différence.

      1. Tu n’as pas dû suivre le dossier GM Opel par le passé, lorsque Sergio Marchionne(déjà à l’époque patron de FIAT mais n’ayant pas encore racheté Chrysler)a essayer de racheter la filiale européenne du géant américain… 😉

  3. @Sigma : durant des années, GM a fait développer des technos, plateformes, voitures, etc. par Opel, puis les utilisait sans rétribuer (ou payer) la R&D.
    Comme cela, on met facilement une filiale dans le rouge pour justifier de mauvais résultats et virer des gens, tout en affichant des bilans flatteurs pour d’autres marques.

    Après, Opel est comme tout un tas de constructeurs européens. Ils ont un passé et des usines historiques, difficilement fermables, etc.
    On verra ce qu’il en sort.

  4. « Pas question donc, pour l’état-major français de PSA de ne pas obtenir d’efforts des salariés allemands. »
    C´est un peu oublier que les salariés allemands n´ont cessé de consentir à diverts efforts et plans de dégraissage Sous l´ère GM. Cela fait 20 ans qu´ils en font des efforts. Faut remettre les choses dans leur contexte.

    1. PSA aussi a fait de gros efforts ; les plans de departs volontaires sont ouverts depuis bien longtemps aussi (2005 ou 2007) et le sont toujours

  5. Pas d’arguments ? vous ne manquez pas d’air quand même. Le ‘Deutschland über alles’ fait référence au premier couplet de l’hymme impérial autrichien qui n’est plus chanté aujourd’hui mais qui était bien sûr chanté sous le 3ème Reich. https://fr.wikipedia.org/wiki/Deutschlandlied#Texte_du_premier_couplet_de_l'hymne_imp%C3%A9rial_autrichien
     » Chanter ou utiliser le premier couplet est généralement perçu comme l’expression de vues politiques très à droite, voire ouvertement néo-nazies ». Bref, je propose qu’on s’en arrête là.

  6. Peugeot ne parle plus du tout de l’Ampera-e, même si Opel n’aurait fait que mettre son badge, j’ai la nette impression qu’elle ne sera jamais vendue chez nous.

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