Bilan 2021 Stellantis : les milliards pleuvent

En se mariant, PSA et FCA sont devenus un poids-lourds de l’industrie automobile. En 2021, Stellantis a réalisé un chiffre d’affaires net (CA) de 152 milliards d’euros (PRO FORMA). C’est une hausse (virtuelle) de 14 % par rapport aux deux CA des deux anciens groupes (comme si la fusion avait été effectuée le 1er janvier 2020 NDLA). Le résultat opérationnel courant (ROC) ressort à 18 milliards d’euros (Pro forma) avec une marge qui s’établit à 11,8% !

En 2020, ce « adjusted operating income » (AOI) n’était « que » de 9,2 milliards d’euros. La progression est stratosphérique. La marge passe de 6,9 à 11,8% donc. Le « clou du spectacle » Stellantis pour 2021, c’est le bénéfice net qui passe de 4,79 milliards en 2020 à 13,218 milliards d’euros. +179%.

Cette rentabilité dite « solide » et des économies d’échelle déjà en œuvre permettent de dégager un « Free cash flow industriel » de 6,1 milliards d’euros. Selon Stellantis, les économies et synergies permettent de dégager « près de 3,2 milliards d’euros de cash net ». Stellantis dispose de 62,7 milliards d’euros de liquidité industrielle.

L’intéressement des salariés gonflé

Fort de tout cela, Stellantis propose de reverser 3,3 milliards d’euros de dividendes. C’est évidemment sous réserve de l’approbation de l’Assemblée Générale ordinaire des actionnaires. Cela donne un dividende d’environ 1,07 € contre 0,94 en 2020. Assez stable avec un rendement au-dessus des 6%.

Mais, il n’y a pas que les actionnaires qui vont bénéficier de ces chiffres record. En effet, Stellantis prévoie de redistribuer 1,9 Milliard d’euros aux salariés. Cela représente 770 millions d’euros de plus que le cumul des montants redistribués en 2020. C’est une augmentation de 70%. Concrètement, Carlos Tavares interrogé ce matin sur France Info a annoncé que cela devrait faire 4000 € pour les salariés en France qui touchent moins de deux fois le SMIC.

Dans le détail des marchés, en Amérique du Nord, Stellantis vend à peu près autant de voitures à 1,8 million, mais le CA passe de 60,6 à 69,7 milliards. Le ROC passe de 6,1 à 11,35 milliards d’euros et la marge du ROC de 10,1 à 16,3%. Stellantis vend des véhicules plus chers qu’en 2020.

RESULTS FROM CONTINUING OPERATIONS
(€ million) 2021 2020
I F R S Net revenues 149 419 47 656
Net profit 13 218 2 338
Cash flows from operating activities 18 646 n.a.
PRO FORMA 2021 Pro Forma 2020 Pro Forma 2021 Pro Forma vs.

2020 Pro Forma

Net revenues 152 119 133 882 +14%
Net profit 13 354 4 790 +179%
N O N

– G A A P

PRO FORMA 2021 Pro Forma(1) 2020 Pro Forma(1) 2021 Pro Forma vs.

2020 Pro Forma

Adjusted operating income 18 011 9 224 +95%
Adjusted operating income margin 11,8% 6,9% +490 bps
Industrial free cash flows 6 072 n.a. n.a.

Un second semestre à surveiller

Idem en Europe, son deuxième marché en chiffre d’affaires. Les ventes passent de 2,93 à 2,86 millions, donc plutôt stables. Mais, le CA passe de 56,5 à 59,0 milliards d’euros pour un ROC qui passe de 3 à 5,37 milliards d’euros. La marge ROC grimpe de 5,4 à 9,1%. Globalement tous les marchés voient leur CA augmenter.

Pour autant, tout n’est pas rose puisque selon ces résultats, sur le second semestre de 2022, le chiffre d’affaires recule de 82,2 à 76,8 milliards d’euros mondialement. Cela n’empêche pas le bénéfice net de croître de 32%. Ce recul du CA, c’est en fait uniquement l’Europe élargie (UE30) qui en est la cause avec un CA de 33,8 Md€ en 2020 et 27,0 Md€ en 2021 sur S2.

H2 RESULTS FROM CONTINUING OPERATIONS

(€ million)

H2 2021 H2 2020

Pro Forma(1)

H2 2021 vs.

H2 2020

Pro Forma

H2 2020
I F R S Net revenues 76 809 82 214 -7% 28 042
Net profit 7 418 5 603 +32% 1 541
Cash flows from operating activities 13 031
N O N

– G A A P

Adjusted operating income 9 389 8 472 11%
Adjusted operating income margin 12,2% 10,3% +190      bps
Industrial free cash flows 7 235

Et 2022 ?

Les perspectives de 2022 sont sur la même lancée. Stellantis prépare l’électrification « à marche forcée » comme le rappelle souvent Carlos Tavares (encore ce matin). Surtout, la relance de certaines marques endormies (Alfa Romeo, Lancia, etc) est engagée. Cela devrait bénéficier au chiffre d’affaire. Les plateformes et technos communes de leur côté continueront d’œuvrer pour les économies d’échelle.

Evidemment, il va falloir continuer de faire avec (ou plutôt sans) la crise des semi-conducteurs. Le groupe devrait, comme d’autres, privilégier la rentabilité de certains modèles au volume. Ceux qui veulent acheter de petits véhicules « pas cher » devront patienter longtemps. Les SUV, PHEV, et autres véhicules à forte marge seront privilégiés pour maintenant la marge.

Avec une marge plus forte que prévue pour sa première année, Stellantis « fait plaisir » aux investisseurs. Le cours grimpe de près de 6% à l’heure actuelle.

(33 commentaires)

  1. Beaux résultats !!! Par contre une seule ombre … 11% de marge cela veut dire que les plateformes sont très amorties donc très anciennes …

    1. Oui peut-être !? … Mais il ne vaudrait pas oublier ce qui arrive dès fin 2023 et qui devrait les renforcer nettement d’ici 2030.

    2. sam
      pas forcement

      faire une bonne marge sur ses véhicules, ça peut en effet obtenu grâce à des vieux composants largement amortis….

      ….mais ça peut aussi être obtenu avec peu de composants récents, c’est à dire peu d’investissements, mais qui sont utilisés sur beaucoup de véhicules, de modèles…. C’est le principe des plateformes modulaires

    3. En Europe; les plf PSA sont toutes récentes, Chez FCA Europe, c’est dans les mêmes eaux chez Alfa, chez Fiat même entre Panda et Tipo ça ne respire pas la fraicheur comme une partie de la 500 mais en même temps elles sont loin d’être au bout du rouleaux, hybride ou électrique quand même.
      Ailleurs, c’est neuf ou archi vieux, au choix..
      Comme chez d’autres constructeurs, par contre les châssis à échelles chez RAM c’est du classique US mais pas forcement adaptés au VEB…

    1. Beaux résultats mais obtenus à quel prix. Sous investissement chronique et cost killing acharné. pour moi c’est certes excellent mais c’est court termiste.

  2. Ça m’énerve, ces grosses boites qui refilent des primes à leurs salariés !

    Ça me rappelle que la mienne, elle ne refile des grosses primes qu’à ses actionnaires…

    1. Attention à la communication…
      Dans les grands groupes, il y a beaucoup de sortes de prime : prime d’établissement, participation aux résultats, primes individuelles, primes exceptionnelles …

      Le périmètre de ces 4000€ n’est pas explicite.
      Le message est surtout de dire « regardez : on fait un effort pour remercier nos salariés des efforts fournis ».

    2. Pourtant les accords de participation sont obligatoires à partir de 50 salariés et l’intéressement est fortement encouragé pour améliorer les revenus et réduire le taux de charge sur les revenus.

      nous l’avons instauré même dans une boite de 10 salariés, et quand arrive une prime qui correspond à 1-2 mois de salaire non imposable les salariés sont content que les actionnaires touchent des dividendes.

        1. Ah ben la CFDT est dans son rôle… mais FO reste majoritaire, doit y avoir une raison 🙂

          Après, perso je comprends que l’on puisse dire que sans les ouvriers il n’y a pas de bénéfice et que donc ils devraient avoir plus de 1,9 milliard redistribués…
          Surtout quand on regarde bénéfices, redistribution aux actionnaires, etc.
          La CFDT oublie aussi de dire que le dividende par action finalement n’évolue que peu.

          C’est « un peu le jeu » de râler…on se dit que si on ne râle pas, la prochaine fois on n’aura rien…

  3. Il est dit aujourd’hui que Stellantis est très peu valorisé… Surtout quand l’on compare avec Tesla.
    Leurs marges sont de l’ordre de 15 %… Les traders ne tarissent pas d’éloges sur le groupe !
    Ils parlent maintenant de reprendre l’offensive sur le marché chinois « casse-dents » jusque-là sans faire des concessions sur les transferts technologies et la guerre des prix.

    1. 40% du chiffre d’affaires vient des USA avec une marge bénéficiaire de 16,3%. Donc RAM, Jeep et Dodge tirent les profits avec des autos qui ne sont pas tournées vers la technologie électrique pour le moment… bien au contraire. Ford et GM y vont avec de gros Pick ups électriques … RAM et Jeep regardent. Avoir des autos électriques dans sa gamme … ça flingue la marge.

      1. Pas sûr @SAM, sans vouloir prendre parti pour la VE… Il semblerait que même aux USA, ils en parlent de plus en plus.
        Et puis ils n’ont pas un nouveau V6 pour remplacer un vieux V8 pour les VT ?

        PS : je suis sûr que les modèles ex PSA font pas loin de 50 % du volume total de Stellantis !?

    2. Stellantis fait aujourd’hui « que » +4,54 %, mais sous fond de guerre ukrainienne
      Mais l’action durant la journée a fait +7 %, nul doute que sans Poutine qui part en guerre, l’action aurait pu faire +10 %.
      D’un autre côté, vendre + en Russie va être plus dans l’immédiat !

      PS : HS les ventes dégringolent en Pologne… Pourquoi ?

    1. Les lois l’autorisent et les règles de l’OMC l’encouragent !
      C’est tout le temps la même chose, le français dans son fauteuil devant le 20 h est patriote, il est pour acheter français et acheter « écolo »…Circuit court, etc.
      Et une fois dans les rayons des supermarchés et centre commerciaux, il n’achète que le moins cher en se gavant !
      Les Français achètent plus de voitures étrangères que venant chez PSA, maintenant Stellantis qui doit vendre partout dans le monde, normal qu’ils cherchent à baisser les coûts de production dans la mesure que les Français ne font aucun effort particulier pour acheter du Made in France.

      1. Pas sur de partager votre analyse.
        Toyota fabrique les Yaris et Yaris Cross en France avec beaucoup de succès.
        Quand vous voyez le prix des 208 par ex, pas spécialement bon marché, je ne vois pas ce qui empêche de les fabriquer aussi ici.

        La majorité des français font se qu’ils peuvent avec leur pouvoir d’achat qui fond comme neige au soleil, et il y en a marre qu’ils servent de bouc émissaire et de prétexte à tous ces politiques et autres gds capitaines d’industrie qui eux se gavent.

    2. Dans les années 90, Renault avait déjà délocalisé une partie de sa Clio, ainsi que la Twingo, en Slovénie. Ensuite la Clio avait posé pied en Turquie. Puis la filiale roumaine a sur-performé avec les Logan, Sandero puis Duster. Etc…

      Alors dire que PSA ait tant délocalisé, c’est se limiter dans le temps pour les critiques…

      1. C’est vrai ça !
        PSA a été longtemps le bon élève !
        … Bon maintenant moins, mais les événements ne l’ont pas encouragé à le rester.

      2. La délocalisation de la Twingo, ça date de la Twingo 2. La première a toujours été fabriquée en France. Idem pour la Clio jusqu’à la 3.

        1. Oui @Philippe, personne ne dit le contraire… Mais il n’empêche qu’à l’époque de la Twingo 2 et Clio 3, si ma mémoire est bonne, PSA fabriquait bien plus sa production en France que Renault !? Sauf erreur…
          Stellantis, n’est qu’un « mauvais » élève que récemment… Et encore.

  4. Dommage que le siège de stellantis soit en Hollande et non en France…je suppose que l impôt sur les bénéfices iront au trésor hollandais ! Merci aux Français qui ont rendu PSA si fort,

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