Audi fait du diesel à partir de l’eau et de l’air : mais pourquoi ?

Par quel miracle ?

Faire du « diesel » à partir d’eau et d’air cela parait un peu magique non ? Et pourtant ce n’est finalement qu’un peu de chimie. A partir d’électricité verte, l’usine réalise l’électrolyse de l’eau pour obtenir de l’oxygène et du di-hydrogène. D’un autre coté, une unité de l’usine piège le CO2 de l’air ambiant grâce à un procédé développé par Climeworks.

Ensuite avec ces deux éléments, H2 et CO2, l’usine réalise deux processus chimiques à 220°C et à une pression de 25 bar. Au final on obtient un liquide, nommé Blue Crude, qui est capable de remplacer le diesel dans les moteurs thermiques classiques. L’usine produit actuellement 160 litres de Blue Crude qui peut être converti à 80% en e-diesel. Sans souffre ni benzène, ce e-diesel possède un indice de cétane élevé lui permettant d’être mélanger dans n’importe quelle quantité à du diesel classique. Du coté des émissions de CO2, comme il vient de l’air ambiant, les émissions sont neutres du puits à la roue.

Plus beau en théorie qu’en réalité

Tout cela s’est bien beau sur le papier, mais…Audi et ses partenaires ne fournissent que quelques chiffres sans trop s’appesantir sur les rendements globaux de la réaction, et pour cause. Tout au plus parlent-ils d’un rendement « jusqu’à 70% » pour la transformation du H2 et du CO2 en Blue Crude.

L »électrolyse en elle-même peut avoi un bon rendement, mais si on prend en compte la génération de l’électricité (surtout verte), alors le rendement chute beaucoup. En outre, piéger le CO2 de l’air ambiant est une gabegie ! La concentration du CO2 dans l’air est de 0,04% et 1 litre de CO2 représente 2 grammes. Si on suppose que l’on retire entièrement le CO2 de l’air par un procédé « magique », il faut donc 2 500 litres d’air pour obtenir 2 grammes de CO2. Sachant qu’en prenant du diesel il y a 2,6 kg de CO2 par litre on peut estimer à 3,25 millions de litres d’air (en supposant donc que l’on extrait tout le CO2) pour obtenir 1 litre de ce e-diesel.

Autant dire qu’il va falloir brasser (ou aspirer) de l’air, et que cela coûte de l’énergie. Ensuite, il faudra de nouveau dépenser beaucoup d’énergie pour monter à 220°C et 25 bars de pression pour procéder à la fameuse réactions produisant le Blue Crude (et aussi probablement de l’eau à plus de 30%). Bref, cette fameuse usine ne doit pas avoir un rendement énorme. Tout cela pour quoi ? Pour produire un e-diesel qui en prime aura un rendement lors de son utilisation dans un moteur thermique.

Il vaudrait mieux capter le CO2 en sortie d’usine, la concentration y est bien plus élevée que dans l’air. Et quand bien même, le rendement global ne serait pas génial. Ok tout est produit à partir d’électricité verte, mais quel gaspillage d’énergie. En s’arrêtant à la première étape qui correspond à l’électrolyse grâce à l’électricité verte, on obtient du H2 utilisable tel que dans une pile à combustible. Largement suffisant et avec un rendement plus intéressant.

Source : Audi

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