Les prémices : la Baby-Brousse
La Mehari tient ses racines de sa glorieuse devancière, la 2CV. Mais, elle ne fut pas la première déclinaison à sortir des sentiers battus. En effet, la Baby-Brousse l’a devancé. Basée aussi sur la 2CV, la Baby-Brousse, c’est l’idée un peu folle de deux expatriés en Côte d’Ivoire (Letoquin et Lechanteur) : créer une voiture de brousse, solide, légère, pas chère et faisable sur place.
La Baby-Brousse a une carrosserie simple, en tôle pliée. Elle est assemblée en Côte d’Ivoire et dans plein d’autres pays dans le monde (Asie, Amérique du Sud, etc.). Plus tard, elle aura une descendance Citroën avec la FAF (facile à financer, facile à fabriquer) de 1973 à 79 pour les pays émergents. Mais ce sera plutôt un four.
La Baby-Brousse, c’est la genèse de la Mehari (nommée d’après le nom des dromadaires du peuple Touareg). Ces voitures rustiques, faciles à fabriquer, sur base de 2CV, donnent l’idée au Comte Roland de la Poype, fameux pilote de chasse de la Seconde Guerre Mondiale, et désormais industriel dans les matières plastiques, de fabriquer une voiture de loisir avec une carrosserie en ABS (*) thermoformé et teinté dans la masse.
Un héros de la guerre à l’origine de la Mehari
Roland de la Poype (prononcer Pohype) a été visionnaire sur le plastique et ses utilisations. Il créera par exemple le berlingot souple pour les shampoings DOP (L’Oreal) ainsi que d’autres emballages pour l’agro-alimentaire. Il créera également le Marineland d’Antibes.
Mais revenons à la Mehari. Finalement, elle repose sur la base de la Dyane, elle-même issue de la 2CV. Le moteur est issu de la banque d’organes de l’Ami6. C’est le boxer bicylindres de 602 cm3 (ce qui permet de rester à 3 CV fiscaux à l’époque) avec le son si reconnaissable. Elle emprunte également un tas de pièces à la 2CV, au Type H, à la Dyane ou la LN. Un vrai puzzle, que ce soit dans sa première ou sa deuxième version.
Techniquement, deux cadres tubulaires sont boulonnés au châssis-plateforme et recouverts par la carrosserie en ABS. Le fait d’être teintée dans la masse rend la carrosserie « insensible » aux petites rayures. Et l’ABS permet d’encaisser de petits chocs sans casser et en reprenant la forme initiale. Une baroudeuse légère (à peine plus de 525 kg) mue par seulement 26, puis 29 chevaux. Une version 4×4 sera même dévoilée en 1979.
A la poursuite d’une époque révolue
Lancée en mai 68, la Mehari va devenir le symbole d’une société qui s’émancipe et veut prendre sa liberté. Produite d’abord par la Société d’études et d’applications du plastique (SEAP) du Comte de la Poype, la Mehari déménage en Belgique à Forest. Elle sera aussi assemblée sur la péninsule ibérique.
Au total, près de 145 000 Mehari verront le jour jusqu’en 1987. Toujours très appréciée, la Mehari a une solide cote en collection (1) malgré ce nombre important. Ce qui maintient aussi la cote, c’est qu’on peut les refaire intégralement « à peu de frais ». De nombreux clubs (dont le plus connu, le Mehari Club Cassis) disposent de pièces neuves. De quoi prolonger le rêve de liberté et faire revivre les années 70.
A noter que la Mehari a une fille indigne. La Citroën E-Mehari, basée sur la Bolloré BlueSummer. Véhicule électrique, elle reprend à son compte le côté plastique chic de la Mehari originelle. Elle sert d’ailleurs de Art Car signé Jean-Charles de Castelbajac. Mais, il lui manque le son inimitable du boxer bicylindres.
(*) Acrylonitrile butadiène styrène
(1) Comptez de 5 à 17 000 euros selon l’état.
Illustration : Citroën sauf 2-Querty242 (Creative Commons)
Super auto inventée par un héros.
Il manque toujours une auto rustique et peu coûteuse aujourd’hui !
Dacia Sandero ? 8000 euros…à peine plus de 52 000 FF.
Alors oui, mais la Sandero est la 2CV ou le 4L des temps modernes.
Je pense plus à une auto peu ou pas fermé qu’on pourrait laver l’intérieur au karcher et plus tout chemin.
… Très juste pour dire que la Sandero est déjà géniale pour le prix.
La grande époque, celle où on partait d’un châssis de 2cv pour créer une multitude de dérivés, de la familiale Ami à la rustique Méhari en passant par la Dyane. Des caisses increvables, confortables, sympas, et qui ont marqué toute une génération. C’est exactement l’inverse de ce que fait aujourd’hui Citroën avec ses C3 et E-Mehari.
L’inverse ? Pour increvable, je ne sais pas, mais pour une multitude de véhicules sur la même plateforme, celle de la C3 est partagée avec énormément d’autres !
J’en ai même la flemme de recopier la liste, je te laisse regarder toi même :
https://en.m.wikipedia.org/wiki/PSA_PF1_platform
Hum t’as pas compris ce que je voulais dire à la base… Evidemment que la plateforme de la C3 sert à d’autres modèles, mais qui va se souvenir de cette caisse dans 10 ans ?
La e-Méhari c’est sûr qu’on s’en souviendra, pour le magnifique coup de Bolloré, qui a refilé sa caisse pourrie à un grand groupe automobile.
Totalement en phase avec Allegra…
Je pense que quand elle était « une occasion de 10 ans d’âge », la plupart des gens voyaient la Méhari comme une épave tout juste bonne à emmener des trucs à la déchetterie (si ce n’est que les déchetteries ne devaient pas exister). Une bâche de sac poubelle, pas de chauffage ou si peu, un confort inexistant… C’était rigolo et pas cher pour aller à la plage l’été, mais inutilisable le reste du temps.