Amectran

Bien avant la Tesla Roadster ou la Fetish, il y a eu d’autres tentatives de voitures de sport électriques, comme l’Amectran Exar-1.

 

Au lendemain de la crise du pétrole, d’aucuns étaient persuadé que l’or noir allaient bientôt manquer. Profitant de la panique, les voitures électriques firent leur grand retour (après un demi-siècle de mépris.) Le projet le plus ambitieux fut l’Amectran (AMerican ECological TRANsportation) de Edmond Xavier Ramirez. Il revendique désormais le titre de Preston Tucker moderne.

Comme Preston Tucker, Edmond X Ramirez est un peu mythomane (du coup, il est difficile de distinguer ensuite le faux du vrai.) Ainsi, sa Dingy est une Fiat 127 de plage (comme celle de Wham! dans Club Tropicana) avec un moteur électrique et non pas un « concept révolutionnaire de petite voiture de plage ».

Quant à son minivan électrique, très futuriste, c’est visiblment une maquette non-roulante.

D’ailleurs, les deux voitures s’efface lorsque Ramirez présente son Exar-1 (appellée parfois Exar 374.) Il s’agit en fait d’un prototype réalisé en 1977 par Pietro Frua (ci-dessous) pour BMW (sur une base de 3.0 CS.) Nom de code chez Frua: 374. Ramirez le rachète et fait modifier l’avant pour y adapter un moteur électrique. General Electric lui fournit la mécanique, Good Year des pneux spéciaux et Bendix des freins régénératifs. Autant d’innovations que Ramirez prétendra avoir inventé seul. Il prétendra également que Frua a construit la voiture à partir de rien pour lui et que le designer est mort juste après (faux: Frua a vécu jusqu’en 1983 et dessinera d’autres prototypes.)

Comme Preston Tucker, lors de sa présentation (au salon de Rome 1979), le prototype d’Exar-1 est un triomphe. Ramirez annonce 140km/h en pointe et 160km d’autonomie (des chiffres confirmés sur la piste.) Le prototype fait un tour d’Europe. A Londres, il tombe sur Stirling Moss et Juan-Manuel Fangio. L’Anglais la pilote à Brands Hatch (ci-dessous) et est très enthousiaste.

Puis c’est le début des ennuis. Amectran est basé au Texas, état qui vit par et pour le pétrole. Le lobby est féroce, y compris à Washington (pourtant aux mains des démocrates en 1979.) Et le fait de s’appeller « Ramirez » n’arrange sûrement pas les choses. Au salon de Chicago, une milices (menée par le fils du promoteur du salon) le frappe. Il se fait virer in extremis d’un appel d’offres public pour une voiture électriques. Tous les fonctionnaires qui diront du bien de sa voiture seront virés peu après (sans oublier la mort -suspecte d’après Ramirez- de celui en charge de l’appel d’offres.) Par contre, des « experts » prétendent qu’aucune voiture électrique ne pourrait rouler aussi vite ou aussi longtemps. Enfin, alors que l’EX-1 allait être expédiée en Chine en vue d’une production sur place, les douanes saisissent le véhicule.

Vers 1980, Amectran n’est plus qu’une série de procès ruineux. Ramirez tombe en 2000 parce qu’il n’a pas remboursé les 22 000 personnes qui avaient versé 100$ d’accompte pour une voiture qu’ils n’ont jamais vu. Triste histoire.

Et l’Exar-1? Passée de mains en mains, elle est retrouvée dans une casse près de Las Vegas. Elle n’a plus de moteur et l’un des propriétaires a voulu la maquiller en Porsche 944. Son actuel propriétaire veut la restaurer.

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