La valse des teams managers
Bruno Famin quittera son rôle de directeur de l’équipe Alpine, un an seulement après avoir pris ses fonctions. Une annonce qui intervient alors que le projet Alpine est sur le point de changer radicalement de cap…
Spa est un couperet chez Alpine ! Un an après avoir remplacé Otmar Szafnauer, Bruno Famin a confimé, lors d’une conférence de presse à Spa, qu’il quittera ses fonctions de team manager d’Alpine F1. Le Français avait été confirmé comme Team Principal avant le début de la saison de F1 actuelle, après une période intérimaire. Toutefois, il n’est pas évincé d’Alpine, puisqu’il sera en charge de toutes les autres activités de sport automobile du groupe Renault à Viry-Chatillon, ce qui inclut donc le WEC. Alpine a également déclaré dans un communiqué qu’ « un nouveau directeur d’équipe sera annoncé en temps voulu », mais les rumeurs évoquent fortement Oliver Oakes, actuel directeur de l’écurie Hitech F2, comme son successeur.
L’écurie Alpine, l’instabilité permanente
La nouvelle intervient après plusieurs changements chez Alpine au cours des derniers mois, l’équipe subissant une longue restructuration technique qui a vu le directeur technique Matt Harman et le responsable de l’aérodynamique Dirk de Beer partir plus tôt dans l’année, après une première grosse salve de départs en 2023 qui avait touché des figures historiques, comme Alan Permane. David Sanchez a ensuite été nommé directeur technique exécutif en mai, après avoir travaillé pour l’entreprise plus tôt dans sa carrière. Il a ensuite été rejoint par Michael Broadhurst et Vin Dhanani respectivement en tant qu’aérodynamicien en chef et responsable des performances des véhicules.
Du côté des pilotes, des changements auront lieu en 2025, avec le départ imminent d’Esteban Ocon à la fin de la saison confirmé en juin. Alors que Pierre Gasly a signé une prolongation de plusieurs années pour rester dans l’équipe, l’identité de son coéquipier n’a pas encore été révélée.
Surtout, cette annonce intervient quelques jours seulement après celle, désormais officielle, selon laquelle Alpine allait stopper le programme moteur F1 à Viry-Châtillon, et poursuivre des négociations pour obtenir un moteur client. Mercedes semble être la voie la plus logique, même si d’autres bruits de couloir évoquent un rapprochement avec GM, qui cherche à entrer en F1 avec Andretti mais avec les difficultés que l’on sait. Si le projet moteur F1 est donc bel et bien mort, Renault a d’autres plans pour Viry, en lien avec la transformation de la marque Alpine, et c’est justement ce dont Famin va s’occuper.
En juin, Flavio Briatore est devenu conseiller exécutif chez Alpine, avec pour mission de redonner un coup de fouet à l’équipe, à la fois dans son organisation et dans les recrutements. Difficile donc de ne pas voir le main de Flavio dans cette bascule radicale qui touche Alpine et Viry. Pour certains, le retour de l’italien, une volonté de Luca di Meo, aurait pu accélérer le départ de Famin – cohabitation impossible ? – ce que ce dernier nie évidemment. Mais bon, on connaît la teneur des déclarations devant la presse…
« Je n’ai aucun problème avec Flavio », a assuré Famin. « Le peu de temps que nous avons passé ensemble, je n’ai eu aucun souci, aucun problème. Tout le monde le connaît, il a sa façon de faire, il a ses propres objectifs. » Si l’on lit entre les lignes, ça veut donc dire que des dissensions existaient…
Viry au service d’une « Alpinolution » ?
Bruno Famin a expliqué :
« Nous sommes à un moment très intéressant pour la marque Alpine. Un projet a été présenté au début de la semaine aux représentants du personnel à Viry-Châtillon, il consiste à réallouer nos ressources du développement du moteur pour la F1 vers le développement de nouvelles technologies pour la marque et ses produits futurs. Une des conséquences serait pour Alpine d’acheter un moteur au lieu de le développer. »
Quel que ce soit le motoriste, l’accord sera « à partir de 2026, clairement », a précisé Famin. Donc, les moteurs Renault seront encore de la partie en 2025, pour une tournée d’adieu.
« Depuis l’année dernière, j’ai doublé mes activités avec le poste de vice-président, où je gère Viry-Châtillon et les projets en Endurance, au Dakar [avec Dacia] et en Formule E [pour Nissan] que nous menons là-bas, en plus d’agir en tant que directeur général de l’équipe Alpine F1 », a expliqué Famin ce vendredi en conférence de presse à Spa. « Je pense qu’il sera bien plus utile pour l’entreprise que je concentre mon temps aux activités de Viry et au programme de transformation, s’il est confirmé, parce qu’il aura de grosses conséquences sur le personnel de Viry »
Alpine met donc fin à sa structure à deux têtes, le pôle moteur en France étant sacrifié. Belle victoire pour le « clan anglais » de Enstone, dont on connait les tensions avec Viry, sans doute appuyé par Briatore qui a « fait » Enstone au temps de Benetton. L’écurie n’aura donc plus grand-chose de français, à part son nom…Vous me direz, les moteurs Mercedes sont à Brixworth en Angleterre, et pas en Allemagne…
Interrogé sur la question de savoir si cette décision était une étape de plus vers une vente de l’usine anglaise, Famin a répondu que « la Formule 1 reste un projet clé pour la marque Alpine. On veut toujours développer la reconnaissance de la marque au niveau mondial principalement grâce à la F1. »
Le temps de régler des comptes…
En tous cas, la fin annoncée du programme Renault moteur jette un froid sur la communauté des fans et aussi pour toutes celles et ceux qui ont, depuis 50 ans, fait vivre ce projet extraordinaire. Les langues ont déjà commencé à se délier, dont celle de l’ancien directeur juridique d’Alpine Racing ayant retrouvé sa liberté de parole, Pierre Chauty, qui a dit ses 4 vérités sur Linkedin. Le mal a donc, selon lui, commencé dès 2022, au moment de la refonte orchestrée en pleine « Renaulution ». Voici quelques morceaux choisis…
« Je suis profondément découragé et en colère par la récente décision d’Alpine de se séparer des moteurs Renault F1 en se tournant vers Mercedes. En tant qu’ancien employé, cette situation me frappe fortement. L’incapacité du président de Meo à reconnaître et à corriger les erreurs commises par Laurent Rossi pendant plus de deux ans est inexcusable. »
« En parlant de lâcheté, le mandat de Laurent Rossi en tant que CEO d’Alpine est un autre exemple de mauvais leadership et de manque total d’humanité, insiste le spécialiste juridique. Il a licencié de nombreux employés pour des raisons purement politiques, ciblant ceux qu’il jugeait trop proches de la direction précédente, sans même avoir la décence de leur parler en personne, laissant le sale boulot aux Relations Humaines. »
« Alain Prost a publiquement dénoncé l’incompétence et l’arrogance de Rossi, soulignant comment son ego a perturbé la progression de l’équipe. Les critiques d’Alain trouvent un écho chez beaucoup d’entre nous qui avons été témoins de première main des troubles internes car il était la seule personne ayant suffisamment de légitimité et de notoriété pour attirer l’attention, mais l’absence de réaction l’a conduit à quitter le navire… »
Le départ de Prost, début 2022, peu de temps après la prise de fonctions de Laurent Rossi, avait été en effet le premier signe négatif, précurseur d’une spirale infernale liée à un management désastreux, ce qui avait commencé à l’été 2022 avec le départ fracassant d’Alonso, dont on comprend sans doute mieux désormais les raisons. La valse des directeurs, des ingénieurs, des pilotes, le renvoi de responsabilités entre Enstone et Viry – signe d’une hydre à deux têtes mais opposées – etc tout cela montrait bien le signe d’une sacrée pagaille, qui met à terre des décennies d’aventure sportive. On pense aussi à tous ces ingénieurs qui travaillaient déjà depuis plusieurs années sur le nouveau bloc 2026, et dont le travail est mis à la poubelle d’un revers de main. Quelles seront aussi les conséquences pour les sous-traitants, et en premier lieu Mécachrome, l’entreprise qui a assemblé tous les moteurs Renault F1 depuis le fameux V10.
Netflix devrait en faire une télénova. Succés garantie
Renault a tué Gordini , Renault Sport et maintenant Alpine. Bravo les gars.
On est trop fort en France pour tout massacrer……
?
Oui mais c’est Renault qui a ressorti Alpine de la naphtaline.
Ce mec a quand même œuvrer sur la 908 ??? Non ?
20 victoires sur 30 courses
J’ai du mal à croire qu’il.soit si naze ? Non ?
C est pas italien… Tout simplement c est le grand remplacement dans ton l’organigramme alpine
@AXSPORT : il n’a pas eu les mains libres pour faire ce qu’il voulait et là il n’est pas d’accord avec ce qu’il se fait. En bon diplomate il se la ferme, dit que c’est le sens de l’histoire (cf itv Canal) et va attendre…il a 62 ans.
Je’suis pas totalement d accord avec Pierre Chauty car clairement le mal est présent depuis longtemps entre Carlos Gohn, l. Époque bollore ou rien ne s est passé et maintenant l époque Luca / Laurent R et maintenant Philippe K / Luca.
Ils ont plombé de partout Alpine que ça soit la f1 mais aussi Alpine Cars et cela deviendra de plus en plus évident au fur et à mesure des projets complexe mal embauché et qui change de cahier de charge en fonction du vent, hygrométrie etc
Une petite pensée pour Pierre Gasly qui a re-signé pour quelques années. L’ambiance va être tendue. Et Ocon va pouvoir se lâcher encore.
Quel va être le second pilote qui osera signer avec Alpine ?
merci pour cet article interessant. seule remarque : le cote « hydre a deux tetes » n’y est pour rien dans la debacle de renault. red bull, mercedes, mclaren fonctionnent comme ca aussi. le probleme n’est donc clairement pas la.
Oui et non. Pour Mercedes, le moteur est considéré comme une fourniture de l’équipe châssis. Chez RBR le châssis dicte aussi se desideratas à Honda.
Chez Renault/Alpine il y a toujours eu un souci de direction entre le châssis et le moteur…et il n’y a finalement que du temps de Briatore (Benetton et Renault) où le châssis dictait sa loi au moteur qui exécutait.
Ces dernières années, Renault a voulu imposer une direction bicéphale avec un pouvoir de décision des deux côtés…il ne peut pas y avoir plusieurs chefs.
On pensait qu’en mettant Famin ils avaient enfin compris qu’il fallait un chef et un seul…il n’a pas du être d’accord avec les dernières décisions, il fait un pas de côté et va attendre la retraite maintenant.