Alliance VW / Ford : le couple bat déjà de l’aile

Si début janvier, Volkswagen et Ford se sont certes engagés à réfléchir à une collaboration en vue de développer en commun des véhicules électriques et autonomes, quelques nids de poule pourraient surgir en chemin. Selon des sources proches du dossier, les deux constructeurs ne sont toujours pas parvenus à s’entendre sur les modalités de cette alliance. Laquelle devient de plus en plus hypothétique …

Le 15 janvier dernier, Volkswagen et Ford ont dévoilé leur volonté  de nouer ensemble une alliance stratégique. Via une telle synergie, ils espèrent économiser des milliards de dollars. L’opération consisterait en partie à mettre en commun leurs forces dans les segments des véhicules utilitaires et des pick-up. La possibilité de collaborer sur les voitures électriques et autonomes est également à l’étude.

Véhicule autonome : VW en faveur d’une simple coopération

De source proche du dossier, on laisse entendre désormais que Volkswagen ne souhaite pas investir dans la division véhicules autonomes de Ford. Le constructeur allemand – par ailleurs confronté aux conséquences financières du dieselgate – plaiderait en faveur d’une simple coopération de sa part dans ce domaine. Avant de s’engager financièrement, VW chercherait à recueillir des éléments permettant de s’assurer que les fonctionnalités de la technologie mise en œuvre par Ford répondent à ces besoins … et à sa stratégie.

Ford pousse VW à investir

Mais Ford ne l’entend pas tout à fait de la sorte. Après avoir réclamé à VW une contribution d’un milliard de dollars, il souhaite désormais que le constructeur allemand investisse au moins 500 millions de dollars (443,3 millions d’euros).

Somme à comparer aux 5 milliards de dollars investis par SoftBank Group et Honda en 2018, dans la division Cruise de General Motors, dédiée aux véhicules autonomes .

Si les deux constructeurs refusent à l’heure actuelle de fournir des détails sur leur négociation, tentant de rassurer,Volkswagen a déclaré dans un communiqué être « toujours en négociation avec Ford », ajoutant mener avec lui « des discussions de manière constructive et ouverte ».

« Nos discussions avec Volkswagen se poursuivent », a déclaré pour sa part Ford dans un communiqué. Ajoutant que les discussions avaient « été productives dans plusieurs domaines » et qu’il ferait le point « quand les détails seront arrêtés. »

D’autres difficultés demeurent

De même source, on indique également que les deux parties peinent à se mettre d’accord sur la valorisation des actifs technologiques dédiés aux véhicules autonomes de VW qui pourraient être mis dans la corbeille de la mariée.

Autre élément non réglé à l’heure actuelle entre les deux constructeurs : le montant que Ford devra débourser pour pouvoir utiliser la plate-forme de véhicules électriques de VW à partir de 2024.

Ford / VW : deux constructeurs, deux stratégies pour l’électrique

Lundi dernier, Jim Farley, le président de Ford pour l’international, a laissé entendre lors d’une émission télévisée que la plate-forme de Volkswagen était surtout adaptée au marché européen et chinois et que son adaptation à d’autres marchés pourrait poser problème.

La plate-forme MEB de VW cible en effet les marchés grand public. « Il s’agit d’une voiture destinée à des millions de personnes, et non à des millionnaires« , a déclaré Matthew Renna, vice-président d’e-Mobility pour la région Amérique du Nord de Volkswagen, lors d’un point de presse tenu au Salon de l’auto de Chicago.

Des programmes non synchronisés

Pire encore, Jim Farley est allé jusqu’à déclarer qu’il semblait de moins en moins probable que Ford et Volkswagen concluent un accord sur des véhicules électriques. Selon lui, les programmes des deux constructeurs ne sont pas synchronisés. « Presque comme le snowboard et le ski » a-t-il ajouté.

Si Ford était lui-même l’un des premiers partisans de l’électrification, il s’est concentré initialement sur les hybrides, les hybrides rechargeables et les véhicules électriques à batterie à faible autonomie. Il prévoit maintenant d’introduire son premier modèle à large autonomie en 2020, puis d’élargir sa gamme au cours de la prochaine décennie.

Alors que VW cible principalement les segments des véhicules particuliers et le low-cost avec son programme de véhicules électriques , « le pari de Ford est celui des véhicules utilitaires et des véhicules dédiés à la performance », a déclaré Farley. Comprenez : on ne joue pas dans la même cour …

Il est toujours possible qu’ils puissent éventuellement trouver un terrain d’entente, « si nous pouvions trouver des plates-formes où cela aurait du sens », a toutefois déclaré Farley, atténuant ses propos. Ajoutant tout de même que « du moins pour le moment », les deux constructeurs étaient « dans un timing différent ».

L’avis de Leblogauto.com

De quoi ajouter de l’eau au moulin de ceux qui affirment qu’à part l’Alliance avec un grand A – celle de Renault-Nissan-Mitsubishi mise en œuvre par Carlos Ghosn – les autres tentatives pour créer des alliances ont la plupart du temps été vouées à l’échec.

L’alliance entre VW et Ford semble quelque peu compromise. D’autant plus qu’en dehors d’une affaire de gros sous, il s’agit également de divergence de points de vue et de stratégie.

Sources : Reuters, Ford, VW, CNBC

(24 commentaires)

  1. Les allemands n’aiment personne!!!!!!
    Il n’y que Renault et Mercedes pour s’entendre pour le moment. Rover, Range Rover, Chrysler, Mistubishi, Suzuki en sont « revenus » de la « tolérance » allemande. PSA et BMW n’ont pas concrétisé!

    1. C’est vrai que, dès que les constructeurs allemands s’associent à d’autres, ils éprouvent systématiquement le besoin de leur imposer leur loi. D’où les nombreux échecs que tu cites.

    2. Les Allemands n’aiment personne mais pourtant ce sont bien eux qui excellent dans leurs industries , c’est bien leurs marque qui rachetent tous le monde , c’est bien eux qui sont constamment pris en référence , c’est bien eux qui à chaque fin d’année arrivent à reverser de belles primes à leurs employés pour les bénéfices qu’ils ont dégagés …. Par conséquent c’est peut être eux qui ,en matière d’automobile et de gestion , savent de quoi ils parlent ….

  2. Ford est le meilleur constructeur au monde et il n a pas besoin des conseils de wv qui n a aucune idée pour l avenir Mesieurs ford il n y a pas besoin de s obstiner à la voiture électrique ou autonome car s est une technologie obsolète et qui n à aucun avenir mais le moteur thermique oui

  3. Ford aurait mieux fait de s’associer avec le consortium Fiat/PSA dans les gros utilitaires(Sevelsud plus grosse usine du monde en VUL) 😉

    1. Sauf que Ford a déjà toute une structure pour les gros VU:
      Dunton pour le développement et Kocaeli pour la production.
      Ford cherche à s’associer avec un constructeur, pour utiliser son Transit (e.g. l’accord avec VW), pas le contraire.

  4. @Thomas
    Mercedes avait « décapité » le management américain de Chrysler et mis ses hommes à sa tête. Avec le résultat que l’on sait.

  5. @Seb
    Tu pourras porter aux nues autant que tu veux les marques allemandes, cela n’empêchera pas le fait que dès qu’elles tentent de s’associer à d’autres constructeurs, ça foire systématiquement.
    « c’est bien leurs marque qui rachetent tous le monde »
    C’est PSA qui a racheté Opel- par exemple- et non l’inverse. Et certains rachats n’ont pas été particulièrement heureux (une pensée pour Rover au passage).

    1. A la décharge de BMW, Rover était déjà en train de sombrer quand ils ont racheté. D’ailleurs, les anglais à l’époque n’avait pas vraiment vu d’un bon œil l’arrivée des munichois dans leur entreprise, et les dirigeants ne se sont jamais trop entendus. Chez BMW, on a commencé à en avoir marre d’éponger sans cesse les pertes, on a vu ce que ça a donné après. Si BMW avait gardé Rover, ils auraient coulé tous les deux.

      1. « A la décharge de BMW, Rover était déjà en train de sombrer quand ils ont racheté. »
        Et BMW n’a pas fait grand chose pour sauver Rover. On peut aussi parler de Land Rover, qui a retrouvé la santé – et une gamme – en passant sous le giron de Ford.

  6. Entente ou non entente entre allemands et américains.
    A noter pour l’ancienne anecdote, contrairement a ce que souvent tout le monde pense, les Etats-Unis sont ou étaient majoritairement peuplés de descendants d’allemands. Les descendants sont ou étaient majoritaire dans la moitié des états (en 2000 sur cette carte). C’est la raison pour lequel les USA sont entré tardivement dans la première guerre mondiale.
    https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/22/Image-Census-2000-Data-Top-US-Ancestries-by-County_fr_FR.png
    A noter aussi, comme GM a racheté des constructeurs locaux, quand Ford c’est installé il y a 90 ans dans des pays européens pour y être localement présent, c’était au Royaume Uni et en… Allemagne

  7. @seb : « c’est bien eux qui à chaque fin d’année arrivent à reverser de belles primes à leurs employés pour les bénéfices qu’ils ont dégagés »
    C’est sur qu’en trichant, c’est plus facile de dégager des bénéfices.

    1. Ceci dit si Ford s’était associé à Renault ce ne serait pas mieux: envolée spectaculaire des NOx à l’échappement 😀

  8. au moins ça veut dire que Renault ne triche pas avec un logiciel ! Et puis bon, au vu du monkeygate et assimilé, j’ai l’impression que VW trichait mais avait aussi des « envolées lyriques » du côté des NOx, non ?

  9. Les alliances automobiles fonctionnement jamais très longtemps. Il y a l’exemple de Renault/Nissan mais on voit aujourd’hui que c’est loin d’être simple… (Jamais compris d’ailleurs que Renault n’achète pas 7% supplémentaires de Nissan pour arriver à 51% pour simplifier les choses !)

    1. Mercedes avait acheté 100% de Chrysler
      Est ce pour autant plus simple???

      En achetant 51% de Nissan, Renault aurait la majorité absolue, mais serait aussi vu comme un conquérant, un colonisateur. Il n’est pas garanti que les Japonais chez Nissan aurait alors travaillé de la meme manière. C’est la philosophie, le comportement humain entre kolkhoze et sovkhose, entre travailler pour soi ou pas…

      tu es un artisan à ton compte. Il est probable que tu te décarsasses au travail comme tant d’autres, ne comptant pas tes heures, tes efforts…

      demain, tu es racheté par un grand groupe. Est ce que tu continueras à faire des semaines de 80 heures?

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