Allemagne : le gouvernement pour des biocarburants « écologiques »

Le ministère allemand de l’Environnement veut s’en tenir à son projet de loi sur l’utilisation des énergies renouvelables dans le secteur des transports. Lequel prône une sévère limitation de l’utilisation d‘huile de palme et de cultures vivrières et fourragères dans les biocarburants d’ ici 2026. Une position qui suscite de vives critiques.

Au moins 14 % d’énergie renouvelable

La proposition de loi du ministère est basée sur la directive RED II de l’ Union européenne qui définit une série de critères de durabilité et d’émission pour l’utilisation de bioliquides dans les transports.

Selon la directive, les États membres doivent exiger des fournisseurs de carburant qu’au moins 14 % de l’énergie totale consommée dans le transport routier et ferroviaire d’ici 2030 soit constitué d’énergie renouvelable.

Un porte-parole du ministère de l’Environnement a déclaré que l’Allemagne tablait sur l’atteinte d’un tel objectif dès 2026.

Un objectif jugé trop strict … ou pas assez

Le Land de Bade-Wurtemberg a toutefois critiqué la cible envisagée par le gouvernement pour son manque d’ambition par rapport à son propre objectif climatique dans le secteur des transports.

Le lobby de la bioénergie a quant à lui critiqué le fait que le rejet des cultures vivrières et fourragères de ces biocarburants pourraient mettre en danger ces objectifs et conduire à une stagnation des énergies renouvelables dans les transports.

Le ministère reste ferme sur sa position sur les biocarburants

Néanmoins, le ministère demeure catégorique sur le fait que «la promotion des biocarburants […] payés à la pompe par le consommateur doit apporter une contribution positive à la protection du climat. » Ce qui, selon lui, n’est pas le cas de nombreux biocarburants .

« Pour les biocarburants conventionnels , le colza ou le maïs sont cultivés sur des terres non disponibles pour l’alimentation », tient-il à rappeler.

Au lieu de cela, seuls les biocarburants fabriqués à partir de matières résiduelles telles que la paille, le fumier ou l’huile de cuisson seront encouragés. L’huile de palme, en revanche, sera complètement éliminée d’ici 2026.

L’hydrogène sous financé ?

Une autre critique concernant le nouveau quota de réduction des gaz à effet de serre établi dans le domaine des transports a été l’accent mis sur la mobilité électrique, tandis que d’autres technologies telles que les carburants synthétiques à base d’hydrogène seraient sous-financées.

Le projet « ignore complètement les objectifs du gouvernement fédéral et de l’UE et met ainsi en danger des centaines de milliers d’emplois, les opportunités économiques d’une économie de l’hydrogène et la réalisation des objectifs climatiques dans les transports », a déclaré Werner Diwald, président du conseil d’administration de l’Association allemande de l’hydrogène et des piles à combustible (DWV), au journal Handelsblatt .

Le gouvernement allemand assume son choix de prioriser les véhicules électriques

Mais le gouvernement allemand a défendu sa décision de compter double l’usage de véhicules électriques dans le calcul permettant de déterminer si l’objectif aura été atteint, affirmant que l’État ne pouvait pas être obligé de promouvoir des technologies «comparativement inefficaces» en termes économiques et écologiques.

«Dans le secteur automobile, la mobilité électrique est l’alternative la plus efficace», a déclaré le ministère dans un communiqué. Le projet de loi doit encore être approuvé par le cabinet, après quoi le parlement puis le conseil des 16 États allemands (Bundesrat) devront adopter le projet de loi final.

Notre avis, par leblogauto.com

Un véhicule électrique en vaudra donc deux dans les calculs allemands … une mise en avant écologique … ou économique, l’objectif pouvant être – aussi – de doper les ventes des constructeurs allemands qui ont fortement investi dans le secteur ? Histoire notamment de rentabiliser les dépenses ?

Sources : Ministère de l’Environnement allemand, Handelsblatt

(3 commentaires)

  1. « « Pour les biocarburants conventionnels , le colza ou le maïs sont cultivés sur des terres non disponibles pour l’alimentation », tient-il à rappeler. »

    Comment traduire cela ? Cela veut il dire que les plantations dédiées au biocarburants le sont sur des terre impropre à la culture alimentaire, donc ces terres sont valorisées?

    Ou Cela veut-il dire que les terre utilisées par les biocarburants le sont sur des terre arable et de par le fait devinent indisponibles pour l’alimentation?
    Au vu de la phrase suivante j’ai envie de dire que c’est cette réponse. Mais bon.

    1. Ce sont des terres qui étaient imposées en jachère pour éviter le surplus alimentaire. Avec la hausse du prix du pétrole et l’arrivée des écolo, on a autorisé l’exploitation de ces terres pour la production énergétique

  2. « Selon la directive, les États membres doivent exiger des fournisseurs de carburant qu’au moins 14 % de l’énergie totale consommée dans le transport routier et ferroviaire d’ici 2030 soit constitué d’énergie renouvelable. »

    c’est donc le moment de mettre un bémol sur les aides aux camions ainsi que l’aviation, et d’orienter la société vers le transport ferroviaire, tant passager que marchandise

    https://fr.statista.com/statistiques/505205/cout-construction-lignes-lgv-par-kilometre-france/

    pour des lignes dédiées à la marchandise roulant bien moins vite, sans besoin d’un grand confort, ça devrait couter bien moins cher. Les Allemands ont déjà dépensé largement plus de 200 milliards € dans la subvention des éoliennes et solaires, pour un résultat bien maigre. En France, c’est de l’ordre de la centaine de milliards. Il y a là de quoi construire des grands corridors ferroviaires nord-sud pour la France, et dans toutes les directions pour l’Allemagne

    https://www.actu-environnement.com/ae/news/soes-transit-pl-gene-point-de-passage-16418.php4
    Disons que ça serait 5 millions de camions en transit par la France. Cela représenterait environ 20000 camions par jour, ou encore presque 1000 camions entrant en France à chaque heure, de quoi faire partir un grand train de marchandise tous les 10 minutes
    Et ça, il faut aussi compter les camions sur des trajets domestiques….et les multitudes fourgonnettes (qui n’ont pas de contraintes horaires de roulage)

    Bref, quitte à vouloir prendre le virage écologique, il y a des choses bien plus utiles à faire que ce qu’on fait actuellement bien moins utiles…voire contre productives

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