Les années moto
Hubert Auriol découvre la moto par le trial et l’Enduro au début des années 70, faisant par la même occasion la connaissance de Cyril Neveu, qui sera son grand rival mais aussi son ami. En 1979, il fait partie de l’aventure du premier Paris-Dakar organisé par Thierry Sabine en roulant sur Yamaha et termine 12e. Dès l’année suivante, il passe sur BMW afin de bénéficier de motos plus puissantes et devient l’un des favoris réguliers de l’épreuve, qu’il gagne en 1981 et 1983. Après l’intermède 1985 qui vit une association originale entre Ligier et Cagiva, la marque italienne continue seule l’aventure avec Hubert Auriol en pilote de pointe. En 1986, sur un rallye endeuillé par l’accident tragique de Sabine et Balavoine, il abandonne sur casse mécanique et perd aussi l’un de ses équipiers victime d’une chute fatale.
En 1987, Auriol et Neveu livrent l’un des plus beaux duels de l’histoire du Dakar, se disputant à couteaux tirés la victoire jusqu’au bout. C’est l’apogée d’une décade dominée par les deux champions, mais aussi une fin douloureuse. Lors de l’avant-dernière étape, à quelques kilomètres de l’arrivée, Auriol est sous pression, après avoir subi la veille plusieurs crevaisons qui ont fortement réduit son avance. Il fonce et prend tous les risques, lorsqu’il est piégé par des souches d’arbres dissimulées par du sable et chute à haute vitesse. Le choc est terrible, mais, malgré la douleur, il repart et termine l’étape, conservant encore quelques minutes d’avance sur Neveu qui,incrédule, comptait les minutes. Pourtant, sitôt la ligne franchie, Auriol s’effondre en sanglots, et on comprend pourquoi : ses deux chevilles sont brisées, dont une avec fracture ouverte. On découpe ses chaussures pour accéder aux blessures et ce n’est pas beau à voir…Qu’il ait réussi à remonter sur sa moto et à terminer relève de l’exploit . Les images TV immortaliseront à jamais cette arrivée surréaliste car Hubert Auriol doit abandonner. C’est même la fin de sa carrière moto, comme il l’annonce le soir même de son accident.
Mais « l’Africain » n’est pas du genre à se laisser abattre. Quelques mois plus tard, en compagnie de Patrick Fourticq, Henri Pescarolo et Arthur Powell, il décolle de l’aéroport du Bourget, aux commandes du bimoteur Lockheed 18 Lodestart des années 40, pour battre le record du tour du monde sur avions à hélices, alors détenu depuis 1938, par le fantasque milliardaire américain, Howard Hughes. C’est chose faite à la fin du mois de juin.
Le « Surtees » du Dakar
En 1988, Auriol revient sur le Dakar mais cette fois-ci derrière un volant. Après quelques tentatives infructueuses sur des buggys et sur la fameuse Lada Samara préparée par Oreca (et avec laquelle il remporte le rallye des Pharaons), il rejoint l’armada Mitsubishi en 1991. Il remporte l’édition 1992 qui arrive au Cap, devenant ainsi le premier pilote de l’histoire à gagner l’épreuve en moto et en auto, ce que seuls Stéphane Peterhansel et Nani Roma ont réussi depuis. En 1993 et 1994, il termine sur le podiums au sein du team Citroën, avant d’être recruté par Amaury Sport pour prendre les rênes de l’organisation, ce qu’il fait jusqu’en 2004, avec comme moment marquant l’édition 2000 et la fameuse opération aéroportée par Antonov qui permettra aux concurrents de contourner les étapes nigériennes menacées par des groupes terroristes. Entre temps, on le voit aussi présenter en 2001 la première édition de l’émission Koh Lantah.
Après une ultime participation en tant que pilote, en 2006, il se mobilise pour faire revivre l’esprit des premiers rallyes-raids, avant qu’ils ne se soient transformés en une énorme machine logistique dominée par les constructeurs. c’est en ce sens qu’il organise en mars 2006 la légende des héros, un Dakar du « retour aux sources », avec des anciennes motos et une asistance limitée. Ce premier essai concluant permet ensuite de lancer l’Africa Race en 2009, qui entend renouer avec le Dakar des origines et maintenir une grande course « africaine » alors, face à la menace terroriste et à l’instabilité grandissante de la zone sahélienne, le Dakar a migré vers l’Amérique du Sud. Il exerce ses dernières fonctions d’organisateur, entre 2013 et 2016, sur le China Grand Rally.
Une légende, RIP
Reposes en paix grand monsieur … Au paradis de pilotes !
Triste nouvelle
?
Superbe hommage dans ce pays…..
J’ai honte…
Passons….
Barf, reportage raisonnablement long lors du 20h de France 2. Tu t’attendais à un deuil national ?
Tf1 en a parlé, France2, France3 dans Stade2, et a la radio Europe1 et France radio au moins…
C’est le seul chauffeur Hubert avec lequel j’aurais pris du plaisir a être conduit. ?
Blague a part, j’étais inquiet car il n’avait pas l’air en forme depuis quelques années.
Mourir au moment ou la course a lieu, même si elle n’a plus grand rapport avec son nom et ses grandes années, tout un symbole.
Pour l’épisode Lodestar, pour ma part je regrette néanmoins que cet avion ait eu un destin aussi noir que sa livrée d’alors, les caméras parties: Refait à neuf pour l’aventure (moyens de nav modernes inclus) et basé au service des activités aériennes de l’IGN à Creil il y avait ensuite pourri sur son alvéole béton datant de la WW2, à l’abandon…
Georges Pernoud (Thalassa) aussi est mort. Décidément, 2021 commence comme 2020 c’est terminée ! Et on disait que 2021 ne pouvait pas être pire que 2020 !
Tu nous as tant fais rêvé Hubert, repose en paix. ?
Deux fractures dont une ouveerte, et il va jusqu’au bout, avec les chocs qu’on doit prendre sur la moto sur piste en plus… ces images quel choc… la definition meme d ‘un combattant. Un putain de heros. Incroyable.
Et c’est la blessure la plus grave qui ne l’ait pas empêché de finir, mais pas la seule (à W comma Warrior):
https://www.pressreader.com/france/moto-verte/20190918/283012581435390
Pour ceux qui aiment aussi les avions, p33 pour l’histoire (très) résumée du Lodestar et de sa remise en état:
http://www.vieillestiges.be/files/vtb-magazines/3-2007.pdf
L’IGN exploitait encore à cette époque (et jusqu’au milieu des années 90) des B17 en travail aérien, rachetés initialement au poids de la ferraille dans les stocks post-conflit pour la photo/cartographie aérienne puis sur la fin, pour des tests d’équipements (satellitaires, radar… sur un avion non pressurisé facile d’en ouvrir/modifier la carlingue, sur un Mystère 20 ou un King-Air ce n’était plus la même chose!), disposant donc d’une équipe technique capable d’à peu près tout sur les appareils de l’époque.