Achèteriez-vous une voiture de dealer de drogue ?

L’Agrasc (Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués) organise régulièrement des ventes d’objets saisis lors d’enquêtes judiciaires. En gros, l’Etat se rembourse en saisissant et en vendant des biens à des personnes condamnés ou sous enquête (*). En avril dernier, 227 objets allant de la Lamborghini aux vêtements de luxe en passant par des montres, bijoux, maroquinerie, etc. étaient vendus aux enchères par les Domaines (DNID x DGFiP).

Cette vente réalisée à Paris ne concernait que des lots saisis lors d’enquêtes « des Stups » (les services se focalisant sur les trafics de drogue). Fin septembre 2023 la vente se déroulait à Rennes et concernait uniquement 10 voitures. Des voitures plutôt chics (BMW, Jaguar, Porsche, etc.) qui ont permis à l’Etat de récupérer 175 500 € et aux acheteurs d’avoir un véhicule à un bon prix. Dans les lots, il y avait par exemple un Maserati Levante de 2018 parti pour 42 000 € (+14% de frais).

Rouler en voiture de dealer ? Et alors ?

Le hic ? On ne sait pas grand-chose du passé des véhicules. Ici, contrairement à la vente d’avril « spéciale Stups », les saisies pouvaient aussi bien concerner des fraudes que des trafics de drogue ou même des chauffards de la route. Et cela n’a pas eu l’air de gêner les acheteurs. Et vous ? Oseriez-vous acheter un véhicule qui a peut-être appartenu à un délinquant ? Après tout, on ne sait pas si ce délinquant ne va pas chercher à récupérer son véhicule. Ou si des concurrents ne pourraient pas confondre les nouveaux propriétaires avec les anciens. Les plaques ne sont pas changées.

Et comme toute vente aux enchères, les véhicules sont vendus « en l’Etat » sans possibilité de réclamation. Cela n’a pas l’air d’inquiéter ceux qui se rendent à ces ventes. Elles permettent chaque année de récupérer des centaines de millions d’euros pour payer les amendes, les dédommagements, etc.

Note

(*) Les véhicules saisis sont vendus au profit de l’Etat. Cela permet aussi de mettre fin aux frais de gardiennage. Et si le prévenu dont on a saisi le véhicule est relaxé ou que la saisie est levée, le véhicule n’est pas restitué, juste le fruit de la vente.

(4 commentaires)

  1. Des gens attirés par des ventes aux rabais. L’argent n’a pas d’odeur à ce que l’on dit. En tous cas c’est pas plus mal de les vendre

  2. Là on le sait que ce sont des voitures saisies dans le cadre d’une affaire de stups, mais qui nous dit que la dernière RS4 Avant posté sur le bon coin n’a pas servie dans un gofast la semaine d’avant? A partir du moment où on achète une voiture d’occase, on ne sait pas ce qui a été fait avec avant. C’est comme quand on voit des annonces de sportives où c’est précisé « jamais de circuit », ça ne veut pas dire qu’elle n’allait pas passer 15j tous les été dans les cols de montagne avec un traitement digne d’un usage piste.
    Ce qui me bloquerait le plus ici, ce n’est pas le coté dealer, c’est le coté vendu en l’état sans vraiment de possibilité de regarder la voiture. Si ça se trouve elles n’ont même pas un CT pour avoir une vague idée des travaux qu’il pourrait y avoir à faire dessus. A moins d’être pro ou bricoleur, je ne me risquerais pas à acheter ce genre de voitures.

  3. Permettre un changement de plaques serait en effet prudent dans ce cadre, sans doute faudra-t’il que qqun se retrouve un jour transformé en passoire à tords pour que l’état se sorte ses doigts hélas… Mais vu que des sites se sont spécialisés dans l’historique en vue de l’achat d’occasion (consultation historique entretien/CT, dont les réseaux alimentent visiblement les BDD de ces sites, manière de faire du fric en plus des factures…), je dirais que ce ne serai même pas forcément une garantie fiable: Avec un VIN, il est très facile de savoir ou un véhicule circulerait moyennant finance.

    L’achat en l’état, vu le nb de pros qui magouillent à des niveaux plus ou moins préoccupants (du passé réel du véhicule démonstration/location/auto-école a la magouille au RSV), c’est plus une question de prix valant la prise de risque. Puis comme les pros sont la majorité des acheteurs à ce type d’enchères, tous les risques cités restent présents sans même achat direct et la différence sera dans une assurance (bien souvent très limitée) liée à la garantie occasion (payée bien trop chère)!

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