LMP1 : Les teams privés contre Toyota
Même si le championnat du monde d’endurance connait une période transitoire dans l’attente d’un nouveau règlement pour 2020, il semblerait que les teams privés ayant engagé des prototypes non-hybrides soient tout à fait déterminés à ne pas laisser les Toyota hybrides voguer vers une victoire qui s’est trop souvent dérobée. Dans cette catégorie des LMP1, comme dans les autres d’ailleurs, il ne faut pas trop se ranger au niveau des temps de qualification pour établir des pronostics, qui auront tôt fait d’être démentis en course.
Une observation plus fine, de la constance des temps avec les trois pilotes, le nombre de tours couverts, la bonne synchronisation des mécaniciens répétant les changements de pilotes, bref de l’organisation générale dans le stand, tout cela nous fait dire que Rebellion et SMP Racing ne sont pas disposés à laisser Toyota jouer en solitaire en tête de course. Ils nous l’ont confirmé d’ailleurs lors de nos rencontres tant avec le constructeur des Rebellion, que la manager des BR Engineering.
Chez Rebellion ils peuvent en plus compter sur des équipages de choc: Lotterer-Jani-Senna d’une part et Menezes-Beche et la pépite française Thomas Laurent.
Les amateurs de sport automobile s’interrogent sur cette ascension fulgurante d’un jeune homme de 20 ans, qui ne semble pas enclin à se laisser intimider par l’importance des enjeux comme cette course des 24 heures à laquelle il va participer pour la seconde fois.
Croisé avant qu’il ne reparte en piste Thomas a répondu avec beaucoup de fraîcheur, de politesse et de simplicité à quelques questions.
20 LMP2 à armes égales
S’il est une catégorie qui est exempte de toute polémique concernant les équivalences que l’on a pu discuter à l’infini et de manière stérile, tant pour les questions énergétiques en LMP1, que de poids en GTE, c’est bien celle des LMP2, qui verra s’affronter 20 voitures, avec toutes le même moteur Gibson mais des châssis de constructeurs différents répondant à un même cahier des charges. Ligier et Oreca sont très impliqués et il faut remarquer que les Ligier JS P 217 sont encore récentes alors que les Oreca 07 ont déjà emmagasiné un bagage d’expérience technique important.
On peut raisonnablement penser que dans cette catégorie la course sera en tout point passionnante et pour prétendre à la victoire aucune hésitation dans le choix des pneus, dans la gestion des ravitaillements, ni aucune faiblesse de rythme d’un pilote ne pourra être tolérée. Sans aucun doute les équipes régulièrement engagées dans le championnat WEC pourront profiter d’un avantage.
Les teams G Drive Idec Sport Jackie Chan, Panis-Barthez, Alpine, United Autosports seront sans doute en lice pour la victoire.
Les pilotes de la Ligier N°50 sont sommés d’appliquer les consignes strictes du très expérimenté Jack, qui prévoit entre 35 et 40 arrêts au stand.
C’est sans doute effectivement là que se construira une grande partie du résultat, quelle que soit l’équipe d’ailleurs.
GTE : Guerre de prestige
La catégorie GTE regroupe 6 marques, pour lesquelles une victoire au Mans constitue un objectif majeur. Cependant, il apparait quasi-certain que BMW et Aston Martin devront attendre encore un peu pour se mêler aux Porsche, Ferrari, Corvette et Ford, qui vont se disputer -comme des chiens- le droit d’être sacré dans la Sarthe, comme le roi de l’endurance.
On se risquerait bien à prédire que Porsche ayant réintégré une partie de son budget ex-LMP1 en GTE, entend bénéficier d’un retour sur investissement, dès cette année. Dans cette perspective, on n’a pas lésiné sur la composition des équipages des 4 Porsche usine. Chez Ford non plus d’ailleurs, où le team anglais et le team américain se tirent aimablement la bourre avec des autos fiables et de vrais guerriers comme pilotes.
Chez Ferrari comme chez Corvette, le jeu est un peu moins ouvert mais l’expérience dans le management peut accomplir des miracles si les 24 heures du Mans connaissent des faits de course déclenchant des voitures de sécurité par exemple.
En GTE Am, la cadence un peu moins rapide, certes, implique aux pilotes de bien s’insérer dans un trafic parfois affolant dans lequel toutes les autres autos plus rapides flashent à qui mieux-mieux pour se frayer un passage prioritaire, parfois de manière scabreuse.
C’est aussi ça le charme des 24 heures avec des différences, tant au niveau des voitures que des pilotes, qui on peut le dire, n’ont aucune envie de laisser leur place. Nous non plus !
Le double tour d’horloge débutera tout à l’heure à 15h.
Alain Monnot
Illustration : A. Monnot, Th. Coulibaly, ACO