Land Rover, Land Cruiser. Comme si leur autorité le permettait, c’est aux incontestables rois du 4×4 pur et dur que l’on doit l’ouverture de nouvelles pistes. Le Range dans les années 70, le RAV4 dans les années 90.
Alors même que le Paris Dakar est à son apogée, on a senti chez Toyota que les envies d’évasion ne passeront plus par l’Aventure. Le concept RAV four de 1989, pour « Recreational Activity Vehicle with 4-wheel drive » garde encore un lien esthétique avec le respectable Land Cruiser LJ70, comme s’il fallait faire semblant. Le RAV4 fait fi de cela, même si la roue de secours est encore accrochée sur la malle arrière. Pragmatique autant que prudent, Toyota a des ambitions mesurées pour sa nouveauté. L’explosion de la bulle financière au Japon, fin 1992, est passée par-là. Pour limiter les risques et les coûts, la banque d’organe maison est largement mise à contribution. Les dessous sont ceux d’une Corolla, les 4 roues motrices cousinent avec la très auréolée Celica GT-Four. Dans un gabarit compact, la taille de l’actuelle Yaris, c’est un 2.0 litres de Camry que l’on retrouve sous le capot. Une motorisation généreuse, qui, a défaut d’être sobre, donne du tonus au RAV4. Présenté au salon de Tokyo d’octobre 1993, puis à Genève en mars 1994, sa commercialisation est effective au printemps de la même année. Bien accueilli, il trouve vite sa clientèle. Plutôt féminine et urbaine, qui trouve là une alternative évoluée au Santana Vitara, par trop rustique. Le RAV4 va évoluer de façon toujours plus de consensuelle. C’est d’abord une version 5 portes qui apparaît en 1995. Une définition qui va devenir la norme dans le segment, contrairement au cabriolet qui fait pourtant une apparition furtive en 1998, en même temps que la gamme est liftée. Avec une version électrique disponible au Etats Unis, le RAV4 est à alors au meilleur de son originalité. La seconde génération qui voit le jour en 2001 suit les préceptes du modèle initial tout en entamant un processus de normalisation. Elle tient compte d’une concurrence qui s’est réveillée, avec les CR-V, Freelander et autres Forester. Cette fois, 70% des éléments sont spécifiques au modèle et l’incontournable Diesel fait son apparition. La vrai rupture se fait en 2005. Adieu 3 portes, l’esthétique se fond désormais dans l’univers du SUV familial et seule la gênante ouverture latérale de la porte rappelle les origines du RAV4. Ce qui ne l’empêche pas d’être la deuxième meilleure vente du constructeur dans l’hexagone en 2012. La quatrième génération, aux accents d’Auris, suit la recette de son prédécesseur. Dans un registre des plus classique, loin de la fantaisie d’il y a 20 ans. Il est vrai que le marché du SUV, très codifié et balisé, n’est plus cette niche incontrôlée ou les excès dérapages allèrent jusqu’au Suzuki X-90…