Moore, talentueux et populaire
La saison 1999 a été très disputée, avec un superbe duel entre le colombien Juan-Pablo Montoya, qui a remplacé chez Ganassi le double champion en titre Alex Zanardi recruté par Williams, et l’écossais Dario Franchitti, du team Kool Green. Si Montoya est clairement le plus rapide et spectaculaire en piste (7 poles, dont une épique à Détroit, et 7 victoires), le colombien a été trahi par sa mécanique à plusieurs reprises et aborde la dernière épreuve avec 7 points de retard sur un Franchitti seulement crédité de 3 succès mais très régulier (11 podiums).
En cette fin d’année 1999, Greg Moore sort d’une saison décevante. Champion d’Indy Lights en 1995, le jeune canadien est la nouvelle coqueluche des fans et du paddock. Avec ses airs de jeune premier et son caractère affable et facétieux, Moore est un pilote attachant qui s’est attiré la sympathie de tous, y compris de ses pairs. Ses idoles sont Wayne Gretzky, la gloire nationale du hockey, dont il a repris le n°99 et Ayrton Senna. Spécialiste de l’ovale, Moore a un pilotage audacieux qui rappelle par certains côtés le style intrépide de Gilles Villeneuve.
Après une première saison remarquée avec l’équipe Players Forsythe, il signe deux victoires en 1997, devenant à l’époque, à seulement 22 ans, le plus jeune vainqueur en CART. Il gagne deux autres courses en 1998, finissant 5e du championnat et rivalisant souvent avec Zanardi. En 1999, après une victoire en ouverture de saison à Miami, Moore subit les affres du moteur Mercedes, pas fiable du tout et n’est que 10e du championnat. Mais ce n’est pas grave, car son étoile est intacte. La preuve, Frank Williams s’est penché sur son cas pour un éventuel transfert en F1, mais c’est Roger Penske qui a raflé la mise, lui faisant signer un contrat de 3 ans à partir de la saison 2000, en remplacement du vieillissant Al Unser Jr. La voie royale est tracée.
La mort au tournant
Tandis que la saison s’achève avec l’épreuve des Marlboro 500 disputées sur l’ovale de Fontana, le paddock est encore sous le choc du décès de Gonzalo Rodriguez survenu quelques semaines plus tôt. L’uruguayen, révélé en F3000, avait été recruté par Penske pour quelques manches. Mais sur le circuit de Laguna Seca, pendant les essais, Rodriguez a perdu les freins sur le freinage du difficile virage du corckscrew et a tiré tout droit dans les barrières. Sa monoplace passe par dessus bord et retombe lourdement au sol du côté de l’arceau. Rodriguez est tué sur le coup en raison d’une rupture des vertèbres cervicales.
Le matin des essais à Fontana, Greg Moore a un bête accident de scooter dans le paddock avec un conducteur qui a été aveuglé par le soleil levant. Il a subi une profonde lacération à la main droite nécessitant quinze points de suture, des contusions à la hanche droite ainsi qu’un index fracturé à la main droite. Roberto Moreno, l’intérimaire de luxe du sport automobile, est prêt à suppléer le natif de Vancouver mais après une séance d’essais sur piste jugée satisfaisante et deux consultations médicales, Moore est autorisé à prendre le départ avec une attelle de protection et en utilisant un volant modifié… Les officiels l’obligent néanmoins à partir du fond de la grille car il a raté les qualifications.
Reynard pas renard. Elle était et reste très jolie la 94I. Surtout dans cette déco.
À signaler, en complément de cet article un documentaire concernant Gonchi.
https://www.youtube.com/watch?v=Er98ka-KA3w
La bonne époque où cigarettiers s’affichaient en « clair » sur les voitures et dans les épreuves !!
Bravo pour ce super article. En effet, le Cart en 99 avant de la gueule 🙂 les constructeurs comme Mercedes profitaient de l’image Luxe du Cart qui drainait un public plus chic que les rednecks de la nascar et de l’irl (hors indy500)
j’ai eu la chance, en 2000, d’assister à la manche du cart sur le Michigan speedway…a voir une fois dans sa vie !