En mettant en avant ses spécificités, des quatre roues motrices au Procon-ten en passant par le 5 cylindres, Audi aimait à jouer la carte de l’outsider technologique dans les années 80. En conservant des appellations figées depuis l’Audi 60 de 1965. Au début des années 90, la marque va se métamorphoser, tout en abandonnant certaines spécificités et en changeant la dénomination de ses modèles. La RS2 est à la croisée des chemins. Elle conserve une part de l’héritage Audi, mais le cocktail, détonnant, annonce d’autres sportives à venir.
Alors que la M3 semble avoir assommé tout le monde avec ses 286cv, la RS2 dispose de la même puissance qu’une…M5, soit 315cv. Avec un 0 à 100km/h parcouru en 5,6 secondes et un 1000 mètres franchi en 25,2 secondes, les performances du break de 4,51 mètres sont d’un très haut niveau. Avec des garanties certaines dans le domaine de la sécurité, sans artifice électronique, grâce aux 4 roues motrices et à des gros freins signés Porsche. Car non seulement la RS2 en impose, mais elle peut se targuer d’être passée par Zuffenhausen, à la manière d’une 500 E.
Elle multiplie les références à la 968, des rétroviseurs aux jantes, en passant par le bouclier ou le bleu Nogaro. Mais c’est bien sur, c’est l’adoption de l’abréviation de « Renn Sport » qui passera à la postérité. La vitesse maximum de 266 km/h, fait elle aussi le lien avec Porsche, qui contrairement à BMW et Mercedes, ne se limite pas aux 250km/h d’usage. Mais tout cela à un prix. La RS2 est 30% plus chère qu’une M3 ! La rançon de l’artisanat qui en fait une automobile rare -la production n’excédera pas 2000 exemplaires- . Rare et typée. Loin du genre bien sous tous rapports des productions récentes aux anneaux, la RS2 est impétueuse. Dans une certaine limite quand même. Elle tient bien la route et freine fort, mais tout ce la se gagne. Car ici point de V8 ventripotent et de boite DSG autorisant à s’attarder sur le GPS ou la Playlist. La cylindrée, modeste, n’est que de 2,2litres. Pour lancer la cavalerie, il faut jouer avec une boite à 6 rapports plutôt ferme et compter sur une arrivée brutale des chevaux dans l’esprit d’une 2002 turbo. La RS2 est une digne représentante d’un savoir faire d’outre Rhin ou l’on aime à garnir le capot du plus petit modèle de la gamme avec le plus gros moteur du catalogue. Tout en conservant les éléments de confort et en garantissant un usage quotidien. En ce sens, la poignée d’exemplaires vendus dans l’hexagone, à peine plus de 100, mérite d’être préservée. Autant pour le plaisir que pour la postérité.