Xiaomi SU7 : le géant de l'électronique présente sa première voiture
Xiaomi, à l'image des autres constructeurs automobiles chinois établis, affiche de grandes ambitions. Le "smartphone" roulant n'a peut-être jamais aussi bien porté son nom ?
Xiaomi, à l'image des autres constructeurs automobiles chinois établis, affiche de grandes ambitions. Le "smartphone" roulant n'a peut-être jamais aussi bien porté son nom ?
A l’image de l’univers cosmique et du rythme de nos découvertes scientifiques, la galaxie de l’automobile électrique voit se multiplier sans cesse le nombre de ses étoiles, et la constellation des marques chinoises y est prolifique. Après l’avoir annoncé haut et fort en 2021, le géant du smartphone et de l'électronique, Xiaomi, se lance sur ce marché en collaboration avec le constructeur BAIC, propriété de l'État chinois et « astre » le plus brillant des VE chinois.
Xiaomi veut se tailler une place de choix et être dans le top 5 des leaders mondiaux des véhicules électroniques. En s’associant à BYD, Xiaomi compte justement éviter le bide et s’assurer un succès quasiment d’office. Jugez-en plutôt : en novembre, BYD a vendu 300.000 voitures en Chine, loin devant l'américain Tesla (plus de 80.000), d'après la Fédération chinoise des constructeurs de voitures individuelles (CPCA) Selon les derniers chiffres, 2,03 millions de véhicules particuliers ont été vendus par les constructeurs chinois au mois d'octobre, soit un bond 10,2% sur un an. 919.000 véhicules électriques chinois ont trouvé preneur en octobre 2023, soit 45% des ventes totales dans le pays et une augmentation de 27,5%. Avec une hausse de 11,2% sur un an, la croissance des ventes de véhicules chinois dépasse donc largement celle du marché (+2,5%).
Cette « poule aux yeux d’or » électrique pousse donc Xiaomi à se lancer dans la bataille, et par la grande porte, avec ce SU7 qui vise le premium et entend bien rivaliser avec Tesla et Porsche. D'ailleurs, certains visuels marketing n'hésitent pas à mettre en avant les performances de la SU7 et de les confronter à celles de la Taycon Turbo Il s'agit d'une grande berline, un segment qui a encore la côte dans l’Empire du Milieu.
L’architecture « Moderna » a été dessinée par d'anciens designers de BMW et Mercedes-Benz. Selon l'E-NCAP, la voiture est notée 5 étoiles, et donc promet d'être l'une des plus sûres de l'industrie. Le profil de la SU7, fluide et agréable à l’œil, ressemble à un patchwork d’influences, comme les marques chinoises savent « si bien » le faire. L’avant ressemble à celui de la Porsche Taycan, avec des optiques traversés en leur sein d’une bande LED, façon McLaren. L’arrière est moins connoté, mais on aurait bien du mal à distinguer entre un arrière BYD, Genesis et consorts, voire même un faux air en plus arrondi d’une Dodge Charger civilisée. À noter que seulement trois teintes de carrosserie sont proposées : Aqua Blue (bleu clair), Mineral Gray (gris craie) et Verdant Green (vert kaki).
Si l’extérieur ne révolutionne rien, en se conformant à ce que font d’autres, pareil pour l’habitacle qui est dominé par un grand écran de 16,1 pouces, animé par l'interface HyperOS qui doit s’intégrer dans l'écosystème Xiaomi. La dalle dédiée à l'instrumentation est complétée d'un très large affichage tête haute. Enfin, les passagers arrière peuvent opter pour deux écrans dédiés au divertissement.
Xiaomi décline sa SU7 en propulsion ou quatre roues motrices à deux moteurs. La première revendique déjà 668 km d'autonomie, mais sur le cycle d'homologation chinois CLTC, plus optimiste que le WLTP européen. Les performances annoncées sont un 0 à 100 km/h en 5,28 s selon Xiaomi, grâce à un moteur de 299 ch et 400 Nm de couple.bLa version à deux moteurs fait mieux grâce à ses 673 ch et 838 Nm de couple, avec un temps de 2,78 s sur le même exercice, ce qui la place en face de la plus puissante des Porsche Taycan, la Turbo S (2,8 s au 0 à 100 km/h).
Ce modèle haut de gamme bénéficie aussi d'une plus grosse batterie de 101 kWh promettant 800 km d'autonomie, toujours selon le cycle CLTC. Les cellules sont intégrées directement à la structure de la voiture (CTB, pour cell-to-body), ce qui permet à la batterie de gagner en densité énergétique. Elles sont fournies par CATL et BYD en fonction des versions. La recharge adopte l'architecture 800 V, permettant de regagner 220 km d'autonomie en 5 min, ou 510 km en 15 min d'après Xiaomi, mais toujours pas selon la norme WLTP. Enfin, Xiaomi a développé son propre système de conduite autonome Xiaomi Pilot, qui s'appuie notamment sur un LiDAR visible sur le toit de la voiture.
La SU7 sera lancée en Chine en 2024. Les tarifs ne sont pas encore connus mais, outre le nom bien établi de la marque, le prix devrait être agressif face à ceux de ses rivales. En France, les Tesla Model S et Porsche Taycan démarrent chacune à presque 100 000 €.
Avec un nom déjà établi (pas dans l'automobile néanmoins), un partenariat avec le géant BYD et une volonté sans faille, Xiaomi entend frapper fort d'entrée. La concurrence est rude et il faudra voir si le géant de l'électronique a réussi son pari, là où Apple hésite encore.
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