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par Alain Monnot

WEC 2016 : Ambition forte pour les Alpine A460

Pour cette saison d’endurance Alpine a décidé de mettre deux fers au feu, en engageant deux A460. C’est bien entendu l’écurie Signatech, installée à Bourges, avec Philippe Sinault comme team Principal, qui orchestre l’ensemble de la manœuvre.

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Les Alpine A460 sont des Oreca 05 mues par un moteur Nissan. La N°35 portera directement les couleurs de la Chine puisqu'elle est engagée par le Baxi DC Racing, avec à sa tête, David Cheng pilote aguerri en Asian Le Mans Séries, tout comme son coéquipier-compatriote Ho-PinTung.

Nelson Panciatici, fer de lance de l’écurie Alpine depuis trois années avec à la clé de très belles prestations (2 titres en European Le Mans Séries et une victoire en Chine justement en WEC LMP2), aura à cœur de mettre toute son expérience et sa rapidité au service d’une équipe ambitieuse dont le support technique, sportif et logistique sera assuré par Signatech.

La N° 36 aux couleurs françaises du team Signatech, regroupera Nicolas Lapierre, Gustavo Menezes et Stéphane Richelmi.

Tout en début du prologue WEC disputé vendredi et samedi derniers, nous avons pu questionner Philippe Sinault et recueillir quelques impressions de la part de Nelson Panciaticci, entre deux relais.

Avec le team Principal

LBA : 2016 va marquer un grand millésime pour Alpine avec une la sortie d’une voiture de série et l’engagement de deux prototypes dans le championnat du monde d’endurance, vous allez devoir relever un challenge important ?

Philippe Sinault : "Oui, il est évident que c’est une année clé pour Alpine. Pour le projet de la marque d’abord, avec la présentation de Vision récemment et celle du véhicule définitif, qui aura lieu au dernier trimestre de l’année, avec prise de commandes simultanée. Nous soutenons la sortie de voiture de série avec un engagement en compétition encore plus marqué, avec des ambitions équivalentes, c'est-à-dire assez hautes avec deux voitures dans le championnat du monde".

LBA : Cette double présence en LMP2 est-elle de votre fait ou le résultat d’un deal commercial souhaité par les chinois ?

"Cela a toujours été notre volonté d’avoir assez rapidement une dimension à deux voitures, parce que c’est la bonne échelle pour bien figurer dans le championnat du monde et au Mans. L’opportunité m’a été donnée de pouvoir discuter avec Rémy Brouard et David Cheng. Rapidement il y a eu convergence d’intérêts et d’ambition sportive. Pour ma part, j’ai vu l’opportunité d’enfin obtenir la bonne échelle, celle que je considère la plus performante. Nos amis chinois souhaitaient être encadrés et avoir un package technique et sportif performant".

LBA : Venons-en à l’auto. On part d’une Oreca et vous y mettez ensuite votre patte ?

"Comme tout le monde le sait, la réglementation ne nous permet pas de faire grand-chose. Nos voitures ont une homologation Alpine A460. Voilà, c’est ce qui fait d’elles des Alpine. Après, pour l’exploitation, chacun y met sa patte effectivement. Pour notre part, nous allons essayer d’y faire couler du sang bleu, en termes de réglages techniques".

LBA : Pour vous Philippe, spécialiste des courses d’endurance, jouer sur deux tableaux avec deux voitures, n’est-ce pas l’occasion de multiplier les chances de victoire. L’an dernier vous décrochez une victoire (en Chine), cette année on en veut combien ?

"Ben, on en veut, tout court ! (Rire) Oui, statistiquement le fait d’avoir deux voitures, il y a un facteur multiplicateur en termes de probabilité, même plus que cela.

Vous imaginez bien qu’avec six pilotes, l’acquisition et l’exploitation de données va être exponentielle et nous permettra d’appréhender très rapidement le nouveau package technique, que nous allons exploiter cette année".

LBA : Au plan des pilotes, j’ai été étonné du départ de Paul-Loup Chatin. Comment peut-on expliquer cela ?

"Oui effectivement, nous sommes très déçus de ne pas avoir pu continuer l’aventure avec Paul-Loup. Il a rendu une très belle copie. Depuis trois ans qu’il est avec nous c’est un garçon qui porte Alpine au fond de lui-même. Il n’est pas dit qu’il ne retravaillera pas avec nous mais pour cette année nous avons eu des arbitrages à faire, financiers notamment. Du fait de comptabilité de partenaires, il n’est pas présent aujourd’hui avec nous mais, comme je le dis, il ne faut pas injurier l’avenir".

LBA : Avant ce prologue vous avez déjà bien travaillé sur l’auto,

"Oh, la campagne de tests s’est résumée à appréhender la nouvelle auto, voilà et le nouvel environnement dans lequel vont évoluer les pilotes, mais surtout l’équipe d’exploitation technique. Nous avons à découvrir un univers assez différent. Il faut bien vérifier que les outils et les équipements spécifiques que nous avons réalisés pour exploiter les voitures correspondent bien, que les process que l’on met en place sont les bons. Lors du prologue, je dirais que c’est une validation de tout cela, à la fois pour l’équipe et pour les pilotes".

LBA : Vous n’avez pas roulé beaucoup avant ?

"Très peu, oui très peu parce que le timing a été très serré. La décision de passage à la 460 a été prise en début d’année. Nous avons mené une campagne de tests en Espagne, tout s’est bien passé. Ces deux jours de prologue sont importants, notamment pour ce qui concerne la validation des choix et l’usure des pneumatiques".

LBA : En Dunlop, cette année encore ?

"Oui, toujours avec ce partenaire à nos côtés. Notre collaboration est très bonne et Dunlop nous propose un très bon package".

LBA : D’autres essais sont prévus ?

"Oh, oui. Entre le prologue et Silverstone non, mais après Silverstone oui, notamment pour préparer Le Mans, qui est une course à part avec une configuration technique et aérodynamique spécifique".

LBA : Que le public attend ?

"Oui, j’espère car il y a toujours une grande et belle attente du public, qui donne l’impression de participer à un événement important. Et bien, on sera là avec les deux voitures…"

LBA : Quels espoirs pour cette saison ?

"Nous disposons d’un matériel, qui doit nous permettre de jouer devant. Alors on va essayer de jouer, tout devant. Je ne cherche pas à dire qu’on va se battre pour le titre, ça serait manquer d’humilité face à un plateau d’un niveau extrêmement élevé. Mais on va se lever le matin pour jouer le titre, après on verra".

LBA : Cette année on constate une forte montée en puissance de cette catégorie LMP2 ?

"On assiste à cette montée en puissance depuis quelques années, mais disons que cette année on n’est pas loin du paroxysme. On retrouve des pilotes qui ont roulé en F1, en LMP1. Le LMP2 c’est une catégorie à part entière où l’expression sportive et la valeur du pilote peuvent être mises en avant".

Un moment avec Nelson Panciatici

A sa descente de la très belle Alpine 460, nous retrouvons «  le beau gosse » du paddock, comme certains confrères peuvent le surnommer. A peine marqué par un effort intense lui valant le meilleur temps de la série en cours, Nelson avec simplicité nous confie :

"Notre nouvelle voiture est plus agréable à piloter d’abord parce qu’elle est fermée, contrairement à l’an dernier. Peut-être aurons-nous l’inconvénient d’avoir plus chaud sur certaines courses. En tout cas, son comportement est plus facile à appréhender. En effet, nous disposons de plus d’appui aéro, d’une meilleure tenue en virage mais aussi de plus de vitesse.

Au cours de nos tests, tout se met en place progressivement et je suis globalement content de voir la tournure que prennent les choses. Nous avons la chance d’avoir deux voitures et donc nous récoltons beaucoup d’infos, ce qui nous permet de progresser rapidement. C’est nécessaire car en LMP2 nous avons affaire à un lot important de pilotes très rapides issus de la F1 ou de LMP1".

Questionné à propos de ses coéquipiers chinois la réponse fuse :

"Ils se connaissent bien tous les deux et ils sont super sympas. Certes, il nous faut un peu d’adaptation réciproque mais ça va de mieux en mieux, nous sommes dans une bonne dynamique, avec une concurrence saine".

Nelson qui a travaillé sa condition physique durant l’hiver apparait serein, épanoui. Ce jeune homme de 28 ans, aura une saison très chargée avec ce championnat WEC sur Alpine mais aussi avec les courses du GT Tour, sur une Ligier JS3 au sein de l’écurie Duqueine. D’ailleurs, sitôt le prologue terminé, il sautait dans une auto pour se rendre à Nogaro pour les coupes de Pâques !

Pour avoir vu travailler l’équipe Alpine avec rigueur et méthode, avoir constaté combien les performances étaient déjà là et savoir combien le team s’était préparé depuis des mois à gérer enfin deux voitures, nous pouvons être certains que la saison 2016 ne pourra qu’être fructueuse. A l'issue du prologue, les chiffres confirmaient d'ailleurs ce pressentiment puisque l'Alpine A460 no36 terminait avec le meilleur temps et la no35 avec le quatrième de la catégorie.

L’œil malicieux du Président d’Alpine, Bernard Ollivier, qui s’allumait en regardant les  autos jouer en haut des feuilles de temps, traduisait mieux que tout, cette ambition forte de réaliser de grandes choses en 2016. Et là encore, on pense forcément aux 24 heures du Mans.

Alain Monnot

Photos : Alain Monnot et Fabien Legrand

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Pour résumer

Pour cette saison d’endurance Alpine a décidé de mettre deux fers au feu, en engageant deux A460. C’est bien entendu l’écurie Signatech, installée à Bourges, avec Philippe Sinault comme team Principal, qui orchestre l’ensemble de la manœuvre.

Alain Monnot
Rédacteur
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