Un entremêlement de marques historiques
En Europe, l'histoire des poids-lourds et des véhicules militaires sont intimement liées. Avec les deux guerres mondiales, certains acteurs du camion se sont tourné vers l'armement, et vice versa. On citera par exemple Hotchkiss (groupe Thalès) dont l'emblème fut deux canons croisés, même sur leurs véhicules particuliers. Ici, c'est Renault Trucks Defense (RTD), ex-filiale de Renault, qui est mis en vente.
RTD est lui aussi né de l'Histoire avec les chars légers de la première guerre mondiale, les moteurs d'avions (dont on retrouvait des "ersatz" sous les capots des berlines de luxe au losange), etc. qui étaient construit par Renault. Renault Trucks, c'est la petite fille de Saviem né en 1955 de la fusion de quatre constructeurs de camions dont Renault. Saviem deviendra Renault Véhicules Industriels (RVI) 25 ans plus tard avec l'acquisition de Berliet.
Vendu par Renault il y a 15 ans avec l'activité poids-lourds
La filiale de Renault, RVI, a toujours conservé une place à part pour sa filiale de véhicules militaires. Par cohérence patronymique quand RVI devient Renault Trucks, cette dernière devient Renault Trucks Defense et fourni des véhicules à différentes armées, dont la française. Il y a 15 ans, Renault décide de vendre 100% de Renault Trucks et de ses filiales à Volvo AB (les camions Volvo) contre une participation dans le groupe suédois, puis se désengage peu à peu de ce dernier pour ne plus rien avoir à faire avec Volvo AB en 2012.
Depuis, RTD a acquis Panhard Defense, né de la fusion de Panhard racheté par Auverland. Par ironie de l'histoire, longtemps propriété de PSA, Panhard est désormais affilié au nom de Renault via RTD. Autre acquisition/fusion, ACMAT, moins connu du grand public mais très bien implanté dans l'armée française.
Un rachat surveillé par la France, premier client
Tout ce petit monde est donc à vendre, et avec RTD, Volvo AB cède au plus offrant Mack Defense (USA), Volvo Defense ainsi que l'Australien VGGS Océanie. Il y a de fortes chances que toutes ces marques finissent dans un plus grand groupe car selon les spécialistes, les mouvements de concentration ne sont pas encore terminés dans le secteur.
Et c'est bien ce qui fait peur aux employés de Renault Trucks Defense en France (environ 1200 personnes). Peur de voir un fond de pension ou un plus gros du secteur reprendre les activités, les noms, et sacrifier les sites pour les délocaliser dans des pays dits "à bas coût". Avec 500 millions d'euros de chiffre d'affaire, Volvo Government Sales aiguise les appétits. La France, qui représente 50% de l'activité de RTD via l'armée de terre, devrait surveiller le dossier de près.
RTD, c'est 7 sites en France, 2 de recherche et développement (Versailles dans les Yvelines et en banlieue de Lyon dans le Rhône) et 5 de production à Limoges (Haute-Vienne), Fourchambault (Nièvre), Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), Marolles-en-Hurepoix (Essonne) et Saint-Germain-Laval (Seine-et-Marne).
(*) Volvo AB, constructeur de camions et de moteurs, est distinct de son ancienne filiale Volvo Cars propriété de Geely.
Source : Volvo AB via agences, illustration : Renault Trucks Defense