En juin dernier, le groupe FCA présentait ses objectifs stratégiques jusqu’en 2022. Alfa Romeo, qui doit faire partie des « leviers de croissance » du groupe, s’est vu assigné un objectif ambitieux de 400 000 ventes monde à cet horizon 2022 (un objectif qui avait été initialement prévu pour...2018, lors du 1er plan de relance) Pour cette année, l’objectif d’Alfa Romeo est de 170 000 ventes monde, dont 100 000 pour le marché Européen.
Des objectifs trop ambitieux ?
Bien que le bilan demeure encore provisoire, le pari risque d’être difficilement rempli, malgré une évolution positive par rapport aux années précédentes. Rappelons en effet que Alfa Romeo revient de loin et que la production 2017 avait bondi de 62 % par rapport à 2016. Sur les 9 premiers mois de l’exercice en cours, la marque au Biscione a dépassé les 71.000 ventes sur le continent, ce qui représente malgré tout une progression de 7,6 % par rapport à la même période en 2017. Mais le volume des ventes s’est nettement affaissé en septembre, avec moins de 3500 unités, soit une chute de 59 % par rapport à septembre 2017. Le passage aux nouvelles normes d’homologation WLTP n’est évidemment pas étranger à ce revirement qui perturbe l’ensemble du marché, mais il est bien plus prononcé pour la firme milanaise que chez d’autres constructeurs. Les marchés Français (-76%) et Italiens (-63%) ont particulièrement tiré les chiffres vers le bas.
Élargir l'offre
Les faiblesses d’Alfa Romeo sont connues : l’image est à reconstruire et souffre encore d’idées reçues héritées des années de plomb d'une fiabilité douteuse dite « à l’italienne » (réputation justifiable à une certaine époque et restée ancrée dans les esprits, mais aucun constructeur n’est irréprochable), la gamme est peu développée par rapport aux offres pléthoriques des constructeurs prémiums allemands, avec un seul SUV et des modèles vieillissants. La Mito et la Giulietta, qui vont sur leurs dix ans, malgré de sympathiques retouches cosmétiques et des séries spéciales, ne peuvent plus tenir la dragée haute à leurs rivales récemment renouvelées. Enfin, Alfa Romeo n’est pas encore vraiment installé en Chine, marché évidemment primordial pour le segment premium.
La bouffée d’air frais devrait arriver prochainement par l’élargissement de l’offre SUV, avec notamment le grand modèle provisoirement baptisé « Castello » et le lancement de nouvelles sportives, qui pourraient ressusciter les mythiques appellations GTV et 6C. Une nouvelle Giulietta est envisagée mais pas avant 2022. Elle devrait se reconvertir à la propulsion, renoncer au diesel et se décliner en versions hybrides rechargeables voire électriques.
Affirmer la sportivité d'Alfa Romeo
Mais tout n’est pas négatif, loin de là. Alors que la Giulia s’essouffle, avec des ventes 2018 pour l’instant inférieures à 2017, le Stelvio connaît un réel succès commercial. Il enregistre plus de 24000 unités vendues en Europe et représente le fer de lance de la marque, dont la progression, déjà évoquée plus haut par rapport à 2017 (+7,6%) demeure supérieure à la moyenne européenne. Aux États-Unis, la marque reste encore loin du premium japonais ou allemand, mais fin août, le bilan de la marque affichait presque un triplement des ventes chez l’Oncle Sam, avec une progression de 171 %. Là encore, c’est le Stelvio qui booste les chiffres. Alfa Romeo affiche déjà au compteur plus de 12.000 ventes aux USA, alors qu’on dépassait à peine les 500 immatriculations en 2016.
En élargissant sa gamme et en proposant des modèles séduisants et racés - le retour à la propulsion est une décision judicieuse et en cohérence avec l'identité Alfa- la marque devrait continuer de remonter la pente. Peut-être faudrait-il aussi investir davantage dans le sport automobile, qui est dans l’ADN d’Alfa Romeo et qui a contribué historiquement à forger son image. Le retour en F1 avec Sauber est bien sympathique, mais c’est avant tout un prête-nom marketing. La nouvelle règlementation WEC typée « supercar hybride », à l’horizon 2021, ou le futur championnat de Tourisme classe 1 qui regroupera DTM et Super GT pourraient offrir à Alfa Romeo une belle vitrine, comme à la grande époque de la 155 V6 Ti qui avait gagné le DTM en 1993 ou des 156 Superturismo.
Source : Alfa Romeo, clubalfa.it
illustration : LP design