Devant une société civile de plus en plus en révolte face à une inflation incontrôlable (+800% en 2016), le pouvoir en place joue de la répression. Une dizaine de manifestants morts, au moins, est à déplorer. Mais, il accuse également le capitalisme et les entreprises, si possible américaines. Ainsi, le meilleur ennemi du gouvernement de gauche est tout désigné, et le pays n'en n'est pas à sa première saisie d'usine ou d'actif.
Là, il s'attaque à un symbole. En effet, il y a deux jours, c'est l'usine de General Motors Venezolana (GMV), à Valencia dans le nord du pays, qui a été saisie. Or, GMV est le constructeur automobile le plus ancien du pays. Il s'y est établi en 1948 pour y produire des Chevrolet. Jusqu'à récemment l'usine assemblait des Aveo, des Spark ou des Cruise.
GM dénonce évidemment cet état de fait. L'usine, qui ne produisait déjà plus grand chose, est désormais totalement à l'arrêt. Des véhicules terminés auraient même été réquisitionnés par l'Etat, au grand dam de GM. Evidemment, le constructeur américain dénonce l'illégalité de la démarche. Les 2 678 employés du site, mais également les fournisseurs de l'usine, ainsi que les 79 revendeurs GM ne savent pas ce que le gouvernement de Maduro leur réserve.
Ford, FCA et maintenant GM
Cette confiscation s'ajoute à la vingtaine de litiges déjà engagés entre le Venezuela et de grands groupes internationaux. Concernant l'automobile, Ford, également présent dans le pays, connait des troubles depuis 2015. Récemment, le constructeur de Dearborn a annoncé la mise à l'arrêt de l'usine face aux graves difficultés du pays. Plus de 2000 employés fabriquent péniblement 8 voitures par jour avec, en 2016, un total de moins de 2800 voitures.
Fiat Chrysler Automobiles possède également une usine dans le pays, mais n'a produit qu'une trentaine de véhicules en 2016. En 2017, 21 véhicules sont tout de même sortis sur les deux premiers mois. Toutefois, l'usine FCA connait elle aussi un arrêt. Du côté de GM, comme de Ford, les opérations au Venezuela ont été sortis des comptes dans des unités indépendantes pour ne plus affecter le bilan.
Marges de manoeuvres réduites
GM va évidemment enclencher les procédures légales pour attaquer cette réquisition, mais les possibilités d'action sont limitées. Tout récemment, Exxon Mobil qui est en conflit avec le Venezuela depuis la saisie de ses actifs sous la présidence Chavez, a vu une décision de dédommagement de 1,4 milliard de dollars être annulée par une émanation de la Banque Mondiale, le ICSID (International Center for Settlement of Investment Disputes (*)). Le différend continue mais traîne en longueur comme pour beaucoup. GM va désormais s'engager sur cette voie.
(*) Centre International des Règlements des Différends d'Investissement
Source : Reuters, Les Echos, Illustration : GM