Pour cette journée, Mercedes avait mis les petits plats dans les grands, et avait sorti quelques-uns de ses bolides de leur écrin de verre et d’acier pour les autoriser à se dégourdir les jambes sur la piste d’essai jouxtant sur le circuit, confiées aux mains expertes des pilotes «maison». Toutes les époques étaient représentées puisque la journée avait comme thème «l’évolution de la Supercar». C’est ainsi qu’étaient présentes une Mercedes 40hp Simplex de 1902 (conduite par Jochen Mass), une Mercedes SSK de 1929 (aux mains de Roland Asch), une 300 SLR Coupé de 1955 (aux mains de Hans Herrmann), une Mercedes C111 II Diesel (conduite par Nick Heidfeld), une SLS AMG (confiée à Bernd Schneider) et donc, cette CLK-GTR roadster (aux mains de Dieter Glemser).
Alors que l’on ne pouvait initialement que regarder tourner les véhicules (sans grand intérêt donc), en insistant un peu auprès de l’attachée de presse du musée, nous sommes finalement parvenus à négocier un tour à bord de l’un (et un seul) de ces bolides. Choix cornélien s’il en est ! Mais alors que les SLR et 40hp Simplex ont eu un certain succès auprès de mes collègues, mon choix s’est instantanément porté sur cette CLK. Pourquoi celle-là plutôt qu’une autre, tout aussi rarissimes (à l’exception de la SLS)? Parce que c’est une voiture de ma génération, qui m’a fait rêver étant ado et qu’elle a une gueule d’enfer ! Si vous ne connaissez pas encore tout à propos de la CLK-GTR, je vous invite à relire ce billet ou à revoir la vidéo publiée ce matin même.
Le premier exercice consiste à monter à bord de l’auto. Pour cela, comme dans toute surpercar qui se respecte, il faut enjamber l’imposant (le mot est faible) longeron, sans prendre appui sur le pare-brise bien entendu, et se laisser glisser au fond du siège baquet. Tailles XL, s’abstenir ! Car en effet, le siège (d’origine) est vraiment étroit, de manière à juste rentrer entre le longeron et le tunnel de transmission central. On ne peut d’ailleurs pas vraiment dire que l’on soit bien installé, à cause de la largeur d’une siège, d’une part, mais aussi parce que le tunnel destiné aux jambes n’est pas droit mais est légèrement courbé vers le centre de l’auto, ce qui n’est vraiment pas confortable. C’est aussi là que l’on se rend compte qu’il n’y a absolument aucune poignée de maintien. Ca risque de secouer !
L’habitacle est en fait vraiment étriqué et tout le tableau de bord, très dépouillé, fleure bon les «nineties», avec son design «lisse» et ses plastiques d’un autre âge (sur ce type de réalisations). Les proportions de l’auto semblent également assez difficiles à appréhender une fois à bord à cause de la hauteur d’assise et de la faible taille du pare-brise.
Particularité de l’auto : elle dispose d’une boîte de vitesses robotisée comme le laissent deviner les gros poussoirs «Up» et «Down» de chaque côté du volant, mais dispose d’un embrayage classique. Une solution originale qui ne semble pas des plus faciles à dompter. «Mon» pilote, Dieter Glemser, loin d’être un manchot de la compétition automobile, semblait éprouver certaines difficultés à doser l’embrayage, au point même de «caler» au démarrage. Il me confirmera au terme de cette «ballade» ce que j’avais bien compris : l’embrayage est vraiment «on/off» et manque donc cruellement de progressivité.
Rien qu’au démarrage de l’auto, on entend bien que l’on n’a pas affaire à n’importe quoi : le V12 atmosphérique 6.9l de 612 chevaux n’est pas là pour faire de la figuration. Une impression confirmée dès la première accélération où l’on se retrouve plaqué au fond du siège dans un concert de vocalises rageuses dignes des meilleurs opéras italiens, ponctué, à chaque passage d’un rapport, d’un sérieux à-coup accompagné du «clac» du rapport qui s’enclenche dans la boîte de vitesse. Exceptionnel ! Tout simplement, exceptionnel !
Sur la piste d’essai, et pour ce que j’ai eu l’occasion d’en vivre, cette CLK-GTR semblait d’ailleurs n’éprouver aucune difficulté à suivre la dernière née SLS AMG, y compris dans le petit «banking» qui jalonne la piste. L’amortissement, est, vous vous en doutez, digne d’un skate-bord, mais en revanche, contrairement à mes craintes exprimées plus haut, le passager ne sera finalement pas trop secoué grâce au maintien fantastique du siège baquet.
Etrangement, et malgré l’absence de vitres latérales dignes de ce nom, les remous aérodynamiques sont très bien gérés et le vent ne se fait pas gênant dans l’habitacle. Le petit hic en revanche, c’est que les personnes de plus d’1m 80 devront se tasser dans le siège pour éviter de n’avoir le sommet du crâne qui dépasse par-dessus du pare-brise. Décoiffant !
Si cette CLK-GTR n’a jamais vraiment marqué les esprits, c’est qu’autant elle devait être redoutable sur piste, autant elle devait être inutilisable sur route. Ce qui expliquerait pourquoi les exemplaires vendus en fin d’année dernière totalisaient moins de 40 kilomètres chacun. Ca et peut-être la fiabilité, qui ne semblait pas non plus être le point fort de cette voiture.
Mais en tout cas, pour moi, ces quelques tours à son bord étaient une expérience unique et fantastique, bien qu’un peu trop courte. Car à peine commençais-je à profiter du grand bol d’air qui m’était offert que déjà, il était temps de rentrer au stand.
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Mercedes CLK-GTR : piqûre de rappel (Vidéo)