Le marché automobile aux Etats-Unis pourrait atteindre en 2008 son plus bas niveau en douze ans, un recul de 7,5% étant même envisageable. C'est toutefois ce qui ressort de l'estimation publiée lundi par l'agence de notation Standard and Poor's (S&P) en présentant son évaluation annuelle.

La perspective concernant l'Europe se trouverait "mitigée" quant à elle.

Les fait semblent d'ores et déjà aller dans ce sens, puisque les ventes de véhicules neufs ont chuté en avril outre-atlantique, surtout ceux des constructeurs américains.

On notera tout particulièrement un véritable effondrement de la demande des gros 4x4, lesquels s'avèrent particulièrement gloutons, inconvénient de taille alors que les prix à la pompe flambent et que la croissance semble ralentir.

"Entre 2000 et 2007, la baisse a été de 1% par an" pour le marché automobile américain, a rappelé Standard and Poor's qui prévoit "un recul beaucoup plus important cette année".

L'agence de notation envisage des ventes de 14,9 millions d'unités, contre 16,1 millions en 2007, soit une baisse de 7,5%.

"Des préoccupations significatives sur le plan macro-économique" pèsent sur 2008, selon Standard and Poor's qui table sur une croissance américaine de 1,1% cette année.

"La faiblesse du marché des utilitaires légers traditionnels est préoccupante" pour les trois grands constructeurs américains, a par ailleurs estimé l'établissement, en soulignant que le goût des consommateurs avait changé, se portant vers les petits tout-terrains et les "crossovers". Les problèmes du secteur de la construction "maintiennent la pression sur les grands pick-ups", a-t-il ajouté.

En Europe, "la perspective générale du secteur est mitigée", a estimé de son côté Maria Bissinger, analyste de Standard and Poor's.

Parmi les facteurs négatifs, elle a cité le ralentissement de la croissance économique, les taux d'intérêt élevés et l'affaiblissement du dollar, qui affecterait les exportations européennes. Sur le plan positif, l'analyste mentionne la "bonne base technologique" des constructeurs européens, leur "engagement actif sur les marchés émergents" et "la proximité de grands marchés émergents".

En tout état de cause, GM, Ford et surtout Chrysler ont publié au début du mois de mai des baisses à deux chiffres de leurs ventes concernant le mois d'avril, tandis que leurs concurrents japonais ont certes été impactés par le contexte économique, mais dans une moindre mesure.

A partir ces données publiées chaque mois par les constructeurs, Rebecca Lindland, analyste du cabinet Global Insight, chiffre le marché américain à 14,9 millions de véhicules vendus en 2008, ce qui représenterait là aussi une baisse de 7,5% sur 2007.

General Motors (GM), leader du marché, a vu ses ventes baisser de 16,3% à 260.922 unités. Ses ventes de gros modèles, de type 4x4 et pick-up, ont accusé un recul de 26,5% (140.098 unités), tandis que celles de berlines sont restées quasiment stables, avec un effritement de 0,2% (120.824).

"Une forte hausse des ventes de modèles économes en carburant et de crossover n'ont pas compensé une demande faible en 4x4", a indiqué GM. Le constructeur a par ailleurs vu sa production freinée par une grève de longue durée chez son sous-traitant American Axle, qui a causé un manque à gagner de 130.000 véhicules.

Ford a pour sa part fait état d'un recul de 12,2% de ses ventes, à 200.727 unités. Ces chiffres comprennent encore les ventes des marques Jaguar et Land Rover, que Ford a vendu en mars au groupe indien Tata. Les gros modèles ont vu leurs ventes chuter de 18,3% (120.814) et celles de berlines ont cédé 1% (79.913).

L'autre constructeur américain, Chrysler, a vu ses ventes chuter de 23%, à 147,751 unités, emportées par une baisse de 25% des gros modèles (108.187) et de 19% des berlines (39.564). Chrysler a indiqué vouloir se concentrer les prochains mois sur "ce que veulent les consommateurs", à savoir des véhicules compacts et économes en carburant.

Chez les principaux constructeurs japonais, seul Honda affiche des ventes en hausse. Ses ventes dépassent 134.000 unités contre 126.419 un an plus tôt, soit +6% environ. L'environnement économique a été "une opportunité" pour Honda et ses modèles compacts et bon marché. "En période difficile, les consommateurs font des achats rationnels", a commenté le groupe.

Toyota a vu ses ventes décliner de 4,5% à 217.700 unités, tiré vers le bas par les gros véhicules, en baisse de 15,7% (73.252), là où les berlines ont progressé de 7,2% (121.097). Sa division haut de gamme (marque Lexus) accuse elle aussi un repli de 17,1% (23.350).

"Avec le pétrole à des prix record, les modèles compacts et les voitures hybrides font la course en tête", a commenté Toyota, citant notamment pour ses hybrides la Camry (+40% à 6.678 unités) et la Prius (+53,8% à 21.757 unités).

Nissan, accuse un recul de 1,6% des ventes (75.855 unités), entre une baisse de 18,5% des gros véhicules (26.865) et une hausse de 11,1% des berlines (48.990).

Hors Smart qui fait à ce jour l'objet de plus de 30.000 commandes chez les concessionnaires , la marque Mercedes affiche une baisse de 3% des ventes (20.271 unités).

Sources :afx/ds, AFP