La folie éphémère du FIA GT1
En 1996, les courses de GT sont en plein renouveau grâce au championnat BPR tandis que la FIA a introduit la classe GT1 dès 1993, pour pallier l’effondrement du Groupe C. Dès 1997 apparait le championnat FIA-GT qui attire des constructeurs de renom et des pilotes de pointe, notamment allemands et italiens qui cherchent à compenser la disparition de l’ITC.
Mais là où des constructeurs comme McLaren et Ferrari alignaient en BPR et en FIA-GT des modèles de compétition dérivés de voitures de routes, en l’occurrence la F1 et la F40 (nous n'avons pas eu droit à la F50 GT1), Porsche décide d’exploiter la permissivité du championnat en termes d’homologation et de faire le chemin inverse, développant un modèle de compétition à la limite du prototype, qui sera ensuite décliné en version de route « pour la forme ». C’est ce qui va donner naissance à la Porsche 911 GT1, qui n’a pas grand-chose à voir avec la 911 routière.
Les 911 GT1 de 1996 et 1997 utilisaient la section avant et centrale d'une 911 de production couplée à un arrière tubulaire en acier unique tiré du prototype 962. Tandis que la 911 GT1 remporte les 24 heures du Mans 1998, la Strassenversion est produite à 25 exemplaires, le minimum requis par la règlementation.
Les règles d'homologation de la FIA stipulaient que chaque voiture de course GT1 devait engendrer un certain nombre d'équivalents légaux pour la route, qui, selon Tuthill, "avaient souvent compromis les performances sur route, car ils étaient construits pour permettre aux constructeurs de les optimiser pour une utilisation sur piste". Ainsi, la volonté de Tuthill est inverse. La GT-One « est conçue spécifiquement pour la route ».
Clins d'oeil multiples
Elle est évidemment directement inspirée de la 911 GT1 Straßenversion de Porsche, la version routière de la GT1 engagée en FIA-GT et au Mans entre 1996 et 1998, et cette voiture ne présente qu'une certaine ressemblance avec la 911 standard. Néanmoins, on retrouve aussi dans la silhouette des airs de Porsche 959, de même que les roues façon « enjoliveurs » qui lui donnent un cachet très « années 80 ». Le véhicule a été conçu par Florian Flatau, qui travaillait auparavant chez le fameux roi du restomod américain 911 Singer. Il a également contribué à des projets tels que l' E-Legend EL1 inspirée de l'Audi Quattro et à l'intérieur du premier show car de Lucid .
La silhouette longue et à faible traînée de la GT One est entièrement constituée de fibre de carbone, jusqu'au panneau de toit et à sa prise d'air intégrée. L'appui et l'efficacité aérodynamique ont été optimisés à l'aide de la dynamique des fluides par ordinateur (CFD), aidant Tuthill à atteindre un poids à vide de seulement 1 200 kg. Comme sur la 911 GT1, toute la partie arrière se soulève à la manière d'une coque - et contrairement à la GT1, la partie avant aussi.Il y a un arceau de sécurité complet conforme aux spécifications de la FIA à l'intérieur, ainsi que des barres de protection latérales dans les portes en fibre de carbone et des freins en carbone-céramique prêts pour la piste.
Un moteur maison
La puissance provient d'un six cylindres à plat de 4,0 litres, qui produira plus de 500 ch en version standard à aspiration naturelle et plus de 600 ch avec un pack turbo en option. Les deux variantes de moteur sont disponibles avec une boîte de vitesses manuelle ou une boîte automatique à double embrayage à sept rapports. Tuthill a déclaré qu'il s'était inspiré du moteur 911K 3,1 litres à 11 000 tr/min qu'il avait déjà utilisé dans les restomods, mais n'a pas encore cité de ligne rouge pour ce moteur plus gros.
Seuls 22 exemplaires seront construits, chacun nécessitant quelque 3 500 heures de « construction minutieuse ». Tuthill n'a pas indiqué de prix, mais il sera...Strassenphérique !