Les automobiles ne sont pas les bienvenues à Paris. Le message était clair. Malgré tout, Vincennes en Anciennes a organisé cette 8ème Traversée de Paris Estivale. Des centaines de participant étaient présents. Et Le Blog Auto est bien sûr de la partie.

La voiture utilisée pour l'occasion, c'était une Škoda Felicia de 1960. Une superbe voiture sur laquelle nous reviendrons prochainement. Hélas, sa dynamo a décidé d'effectuer une grève illimitée. La batterie est donc peu voir pas du tout rechargée. Démarrer était en soi un premier exploit. Poc poc poc poc [pet] poc poc poc [pet]... C'est parti !

7h45, métro château de Vincennes

D'ordinaire, dés le bois de Vincennes, on croise des anciennes et la troupe grossit à vue d’œil. Là, rien. Juste les quelques zombies qui roulaient un dimanche matin. Rien d'anciens non plus au niveau du dépôt de bus ou sur l'Avenue de Paris. Les amateurs d'anciennes étaient-ils partis en vacances ? Plus qu'une rue jusqu'au château de Vincennes et... Une 504 Injection est à l'arrêt. Devant elle, une Vespa 400 et une 203. Une 190 SL s'arrêta derrière la Škoda. Pas de doute, la Traversée de Paris aurait bel et bien lieu !

L'heure tourne, mais l'on avançait à peine. Entre ceux qui entraient sur le parvis du château, ceux qui en sortaient, ceux qui se garaient en triple-file sur l'esplanade, les spectateurs qui arrêtaient les voitures pour les prendre en photo... Mais c'est aussi ça qui fait le charme de la Traversée par rapport à d'autres défilés plus policés.  Et au moins, la file d'attente est colorée.

8h30, esplanade du Château

Ce n'est pas une exagération. Il a fallu 45 minutes pour franchir les quelques centaines de mètres jusqu'à l'esplanade du Château. La Felicia pouvait prendre la pause. L'occasion de répondre aux premiers curieux.

Pas le temps de flâner. Le gros de la troupe était déjà partie. Alors dés l'obtention de la plaque de rallye et du road book, il fallait mettre les voiles. D'autres préféraient tout de même attendre leurs camarades, tel ce groupe de Citroënistes.

La troupe s'élança vers la capitale. Les joggeurs applaudirent le cabriolet Tchécoslovaque. Un groupe de Vespa 400 s'arrêtèrent dans le Bois de Vincennes, le temps d'une photo de groupe. Ca fera bien pour le bulletin du club.

9h, Nation

Cette année, point de place de la Bastille, des Champs Elysées ou de Place Vendôme. Les bijoutiers préfèrent voir un sex-toy géant plutôt que des anciennes ! Il a donc fallu se contenter des axes secondaires, envahis par les palissades de la CPCU. Le convoi progressa lentement.

A Nation, une Ford Galaxie Sunliner 1959 et une Cadillac 1941 s'immobilisèrent, capots ouverts. Les impérialistes décadents sont les premiers à renoncer !

10h15, République

Citroën 11cv (hors champ), Ford V8, Cadillac Eldorado, Bentley, Triumph TR3A, Peugeot 403 pick-up, DS, Autobianchi Bianchina... Voilà un groupe bien hétérogène au rond-point du Père Lachaise.

Avec un feu tout les 10 mètres, l'avenue de la République n'était plus qu'un embouteillage d'anciennes.

Il se trouve qu'un poche habite là. Fichu pour fichu, autant faire une halte et tailler une bavette. La Škoda n'a pas supporter cette incartade extra-professionnelle. Elle refusa de repartir. Heureusement, les sympathiques occupants d'une R8 (Renault, pas Audi) m'aidèrent à reprendre la route.

10h45, Place Clichy

La Traversée de Paris n'est pas réservée aux voitures. Elle a toujours été ouvertes aux motos, cyclomoteurs, mobylettes, scooters, bus, camions et... Tracteurs agricoles. Une vision toujours insolite dans Paris.

La Felicia a pris chaud dans les bouchons. Mieux vaut pas tenter le diable en gravissant Montmartre... Le parcours empruntait la place Clichy, tournait dans la Butte Montmartre avant de redescendre par la place Clichy. D'où un chasser/croiser. Le conducteur de cette Fiat 131 se demandait s'il devait continuer tout droit ou suivre ceux qui arrivaient à contre-sens.

Le moindre bout de trottoir était pris d'assaut. Ainsi, cette terrasse de café fut envahie par une Ferrari 400, une Jaguar XK 120 et une Cadillac Brougham.

11h, place de la Concorde

Les travaux du métro grève une belle partie de la place. Qu'importe, le reste est accaparé par la troupe. Même les voitures de police "vintage" s'y mettaient !

Les touristes aiment se prendre en photo avec les voitures. Cette Matra Murena n'eut hélas pas de succès.

Les curieux questionnent les propriétaires : "C'est une quoi ? Elle est de quelle année ?" Il y eu un échange étonnant avec une femme âgée : "C'est une Triumph ? - Non, une Škoda Felicia. - Une Triumph Škodafelicia ?"

11h15, Invalides

C'était un autre classique de la Traversée de Paris : le Rond-Point des Invalides transformé en parking. Et toujours une grande diversité d'époques et de nationalités.

La Felicia cale. Heureusement, quelques hommes de bonnes volonté lui ont permis de repartir.

11h30, Rive Gauche

Ensuite, le cortège s'étiola. Parfois, la Felicia raccrochait un petit groupe, puis ce dernier explosait au feu rouge suivant. Une Cobra 427 l'a vite semée. Ce fut plus facile de suivre une MG B GT. En tout cas, le succès de la Tchécoslovaque ne se démentait pas ! Elle fut photographiée par de nombreux passants, telle une star. L'un d'eux déclara : "Oh, une 403 !"

11h45, Observatoire de Meudon

Après, circulez, il n'y a rien du tout à voir ! L'objectif, c'était l'observatoire de Meudon. Il est situé sur une colline et la pente est raide. L'an dernier, avec la Datsun 240Z, c'était un remake de Climb dancer... Euh... Dans le respect des limitations de vitesse.

Cette année, c'était forcément plus laborieux. D'ordinaire, le 1200 Tchécoslovaque n'a pas le coffre du 6 cylindres Nippon. Qui plus est, il semblait avoir pris un coup de chaud. En plein cagnard, la montée devint épique. La 403 Sept, qui suivait, a renoncé. La Škoda s’essoufflait. Il fallait revenir en 2. "Mais si la guerre éclate [pom pom pom]/Sur nos idées trop belles [pom pom pom]/Autant crever pour elles [pom pom pom]/Que ramper sans combattre..."

Puis enfin, l'allée menant à l'observatoire. Des passants sont là, applaudissant chaque voiture. La Felicia l'a fait ! Elle est arrivée au bout ! "Y aura des jardins, d'l'amour et du pain/On s'donnera la main, tous les moins que rien/Y aura du soleil sur nos fronts/Et du bonheur plein nos maisons/C'est une nouvelle ère... Révolutionnaire."

Ensuite, elle s'est reposée à l'ombre, tandis que les pelouses de l'observatoire se remplissaient peu à peu. Même parmi les Bugatti et les Cadillac, la modeste Felicia attirait les regards (et les compliments.) Les habitués des réunions allemandes étaient surpris d'en trouver une de ce côté du Rhin. L'occasion d'évoquer la Popular, l'Octavia, la Superb, les 105/120/125 à moteur arrière... Škoda m'avait laissé une fiche, que j'avais posé sur le pare-brise. En la lisant, une personne s'est écriée : "Ah bon, Škoda faisait déjà des voitures en 1960 ?" Et lorsque je quittais la scène, un passant dit à son voisin : "Regarde, une Aronde !"

Tout se termina par un pique-nique géant, ponctué par les arrivées de participants. Il y en a de tous âges et de tous milieux socio-professionnel. Certains sont seuls, d'autres viennent en groupe. Certaines voitures sont "comme neuves", d'autres "dans leur jus" et certaines ont été customisées. En tout cas, la popularité de la Traversée de Paris ne s'est pas démentie. D'ailleurs, les inscriptions étaient closes depuis longtemps. Les autres durent se contenter des abords de l'observatoire.

Crédits photos : Joest Jonathan Ouaknine/Le Blog Auto

Un grand remerciement aux différentes personnes qui ont poussé la voiture