Toyota veut rester au Japon, mais c'est compliqué
par Pierre-Laurent Ribault

Toyota veut rester au Japon, mais c'est compliqué

Les temps sont durs pour les constructeurs japonais. Alors qu'au prix d'efforts constants depuis le 11 mars ils ont désormais récupéré la quasi-totalité de leur capacité de production, largement en avance sur le calendrier initial, voici qu'une autre catastrophe vient menacer Toyota et consorts : la hausse vertigineuse du yen, ou plutôt la baisse conjuguée du dollar et de l'euro dans la tempête financière de ce début d’été. Passant hier sous la barre des 79 yens pour un dollar contre plus de 97 il y a deux ans et 106 avant la crise de 2008, le taux actuel est catastrophique pour un pays qui repose sur les exportations. Akio Toyoda, à l'occasion d'une conférence de presse hier, a pourtant réitéré son intention de conserver le maximum de production au Japon.

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L'annonce d'hier concernait une modification de structure à l’intérieur de la constellation de sociétés qui constituent le groupe Toyota. Deux des importantes entités du groupe en charge de la production, Toyota Auto Body et Kanto Auto Works, vont devenir des filiales de Toyota Motor Corporation dans le but de simplifier les opérations et réduire les coûts, objectif majeur du constructeur. Cette opération était prévue de longue date mais le timing de l'annonce a permis au président de Toyota de faire des déclarations plus directement liées à la situation présente et de marteler un message destiné à l'opinion et aux autorités japonaises: Toyota est décidé à faire tous les efforts pour maintenir un maximum de production au Japon. Il s'agit, a-t-il répété plusieurs fois, de préserver le monozukuri japonais, l'art et la science du Made in Japan, une idée centrale à la conception que Toyoda se fait de l'entreprise et qui ne peut s'accommoder facilement de la délocalisation.

Mais pour que la chose reste possible, le constructeur a besoin que la politique monétaire et économique du pays soit favorable, en particulier via l’entrée du Japon dans les accords de libre-échange de la zone Pacifique. Ce processus est actuellement à l’arrêt du fait de l'opposition des agriculteurs japonais qui craignent quant à eux les importations d'Asie du Sud-Est...d’où le message passé au gouvernement, à grands renforts de métaphores liant la destinée de Toyota à celle du Japon tout entier.  L'objectif de Toyota est de maintenir a minima une production de 3 millions de voitures sur le territoire japonais, dont la moitié destinée à l'export. C'est le seuil permettant de conserver le nombre de salariés actuel de Toyota. Si la situation présente continue, ces bonnes résolutions seront de plus en plus difficiles a tenir.

Source : WSJ.com

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