Curieuse fin de règne que cette réalisation de Ghia sur l'ultime châssis type 101, conçue par Virgil Exner et présentée en 1965. Le type 101 accompagne, il est vrai, le constructeur alsacien dans sa lente agonie, avant ses renaissances italiennes et germaniques.

Fin des juteux contrats ferroviaires avec la naissance de la SNCF en 1938, mort de Jean en 1939, puis la guerre et le décès dEttore, Bugatti a tout perdu en 10 ans. Le constructeur le plus célèbre de la planète nest plus quune coquille vide. Ou presque. Lancé en 1951, la 101 nest quune 57 replâtrée, et face aux Aston DB2 et autre Ferrari 212 Inter on mesure la distance qui sépare lélite européenne des françaises, rombières pincées et décadentes. Cadre à longerons, essieu avant rigide et poids conséquent, mécanique à culasse non détachable, le tout pour un prix qui nest en rien dami, il faut être furieusement attaché à Molsheim pour ne pas préférer les sémillantes réalisations transalpines ou britanniques.

Six ou sept châssis vont voir le jour, majoritairement habillés par Gangloff, dans un style rigide et coincé. Le succès, cest prévisible, nest pas au rendez et un châssis, neuf et invendu, gît au fond des ateliers de Molsheim lorsque lactivité cesse en 1956. Déniché par un collectionneur du New Jersey, il est cédé au patron dAutomobile Quarterly au printemps 1962 avant que Virgil Exner ne sen porte acquéreur en mars 1965. Designer incontournable de laprès guerre, il est devenu infréquentable au début des années 60. Alors que lAmérique séveille au genre rococo, lExcalibur est présenté au salon de New York de 1964, Virgil semble vouloir rejoindre le mouvement en signant cette Bugatti assemblée chez Ghia. Châssis désuet, tableau de bord plastique et lignes rétro futuriste, cette 101 est finalement lexact contraire des néo rétro daujourdhui