Les actions Tesla chutent de 5 % lors de son intégration dans l'indice S&P 500
Les actions de Tesla ont chuté de 5% à 659,99 dollars une demi-heure après le début de la séance de cotation. Pour sa première journée au sein de l'indice S&P 500, l'action a même été l'un des plus gros freins à la progression de l'indice de référence, en baisse de 1,2%.
Les titres Tesla grimpaient jusque là de record en record
Le constructeur, dirigé par le milliardaire Elon Musk, devient la société la mieux valorisée jamais admise dans le principal indice de référence de Wall Street, le S&P 500.
Ses actions avaient bondi de 70% depuis la mi-novembre, date à laquelle les débuts de Tesla dans le S&P 500 avaient été annoncés. Grimpant même d'environ 700% en 2020 jusqu'à la semaine dernière.
Les actions avaient même bondi de 6% vendredi dans une journée de négociation effrénée avant leur entrée dans le S&P 500.
L'ajout de Tesla au S&P 500 avait conduit les fonds indiciels à acheter 90,3 milliards de dollars d'actions d'ici la fin de la séance de vendredi afin que leurs portefeuilles reflètent l'indice. En rejoignant le S&P 500, l'action Tesla va en effet figurer dans des fonds indiciels cotés. Ces organismes vont accorder au groupe automobile une place équivalente à son poids au sein du S&P, actuellement proche de 2%, et se délester d'autres valeurs.
Ces rééquilibrages s'avèrent d'autant plus complexes que la société que Tesla va remplacer au sein de l'indice - Apartment Investment - pèse seulement 0,02% de la valeur totale du S&P 500. La part de toutes les autres entreprises représentées dans les fonds va donc diminuer une fois Tesla ajoutée.
Tesla valorisée à près de 630 milliards de dollars
La montée en flèche des actions de Tesla a conduit à une valorisation de sa valeur marchande à près de 630 milliards de dollars. Une envolée qui a permis au constructeur de devenir la sixième société américaine la plus valorisée en Bourse et la 9e capitalisation boursière au monde, derrière les GAFAM, Saudi Aramco, et les chinois Tencent et Alibaba. Le groupe californien pèse davantage que General Motors, Ford, Fiat-Chrysler, Toyota, Honda et Volkswagen réunis.
Reste que de nombreux investisseurs estiment que l'action est extrêmement surévaluée.
Tesla : l'action la plus échangée en valeur à Wall Street
Tesla est de loin l'action la plus échangée en valeur à Wall Street, avec 18 milliards de dollars d'actions échangées en moyenne à chaque séance au cours des 12 derniers mois, battant facilement Apple, à la deuxième place avec des transactions quotidiennes moyennes de 14 milliards de dollars.
Environ un cinquième des actions de Tesla sont étroitement détenues par Musk et d'autres initiés.
Notre avis, par leblogauto.com
Si certes l'intégration de l'action Tesla au sein de l'indice S&P 500 constitue une véritable consécration pour le constructeur, certains analystes estimaient d'ores et déjà en fin de semaine dernière que l'opération n'allait pas se traduire par une flambée du cours.
Estimant au contraire, que l'envolée record observée ces derniers mois a pu être engendrée par des actions préparatoires à cette inclusion, notamment des fonds indiciels.
Or, soulignent ces experts, après cette intégration, les investisseurs n'auront plus besoin d'acheter autant de titres.
JP Morgan estime pour sa part que l'action est surcotée, réitérant même ses avertissements énoncés de longue date sur les risques d'une bulle spéculative autour de Tesla.
"Nous recommandons aux investisseurs de ne pas pondérer les actions Tesla de leur portefeuille proportionnellement à son poids dans le S&P car, de notre point de vue et en vertu de toutes les mesures traditionnelles, les actions Tesla sont non seulement surévaluées, mais le sont de manière dramatique", avait alors indiqué l'agence de notation. Relevant sa cible sur le titre Tesla de 80 à 90 dollars il y a une semaine, alors que l'action se négocie actuellement à plus de 660 dollars. Tablant ainsi sur une chute de 86% par rapport au cours des 12 prochains mois.
Jefferies se veut pour sa part moins alarmiste. "Nous ne pensons pas que Tesla puisse dominer le secteur automobile étant donné la structure et la politique de cette industrie", estiment ses analystes. Ajoutant toutefois que "les multiples défis posés par Tesla au modèle d'entreprise automobile (véhicules électriques, batteries, logiciel, autonomie, conception et fabrication et vente directe) lui assurent un avantage compétitif via une marque "messianique" dont la portée va bien au-delà du secteur automobile".
Mais si les investisseurs tentent de justifier la capitalisation boursière actuelle de Tesla, les faits sont têtus. Alors que la capitalisation boursière de la société dépasse l’évaluation de Volkswagen et de Toyota combinée, les analystes de JP Morgan rappellent que Tesla n’a vendu que 400 000 véhicules en 2019 … comparés aux 21,8 millions des deux autres constructeurs automobiles réunis.
Si l’évaluation de Tesla suppose qu’elle vendra deux fois plus de voitures que Volkswagen et Toyota combinées, cela exigerait que le constructeur US détienne une part de marché d'un niveau aussi élevée qu'improbable, selon les analystes.
La comparaison en terme de marges aboutit également à un objectif difficilement réalisable. Si Tesla essayait de faire correspondre la production combinée de Volkswagen et de Toyota, sa valorisation actuelle exigerait toujours des marges deux fois plus élevées, a ainsi déclaré JPMorgan.
Sources : Reuters, AFP