Alors que Tesla est visé par plusieurs enquêtes liées à l'accident mortel survenu le 7 mai dernier, Elon Musk, le directeur général de la société a déclaré que le constructeur n'avait pas l'intention de désactiver la fonction Autopilot de ses véhicules.
Le Wall Street Journal, le quotidien à l'origine de l'information, précise par ailleurs que Tesla va publier à l'attention de ses clients des explications détaillées sur le fonctionnement du mode Autopilot. "Un grand nombre de personnes ne comprennent pas de quoi il s'agit et comment on l'active", a ainsi déclaré Elon Musk au journal. Des propos qui laissent présager de la défense du constructeur, plaidant l'absence de faute de sa part, mettant en avant au contraire une mauvaise utilisation du système, en vue de s'affranchir de toute responsabilité voire même de rejeter la faute sur le conducteur.
Dans le cadre de ses investigations, la NHTSA a publié mardi dernier une lettre de neuf pages adressée le 8 juillet au groupe et incluant une liste détaillée de questions sur la fonction Autopilot et sur l'accident du 7 mai. Tesla devra répondre à certains de ces questions le 29 juillet au plus tard, la date butoir pour l'ensemble des réponses étant fixée au 26 août. A l'heure actuelle, la NHTSA n'a abouti à aucune conclusion sur la présence ou l'absence de défaut sur les véhicules concernés.
Cela n'empêche pas des voix de plus en plus nombreuses de s'élever contre le dispositif et surtout la façon dont Tesla l'a mis en place. La dernière en date est significative, puisqu'il s'agit de Consumer Reports. Ce magazine édité par la Consumers Union (Union des consommateurs) a une grande influence outre-Atlantique.
Or Consumer Reports pointe notamment du doigt une stratégie media prêtant à confusion : le choix de dénommer le système de pilotage Autopilot, le battage marketing fait autour de son déploiement, "la promotion d'un scénario dangereusement prématurée" pouvant laisser croire que la Modèle S était capable de se conduire vraiment elle-même toute seule, ainsi que le propre communiqué de presse de Tesla promettant que le système annoncé pouvait soulager les conducteurs "des aspects les plus pénibles et potentiellement dangereux du trajet."
Certes, souligne encore Consumer Reports, les termes mêmes du communiqué précisent que le conducteur demeure responsable du contrôle de son véhicule.
Les experts de Consumer Reports estiment par ailleurs que ces deux messages - votre véhicule peut se conduire tout seul, mais vous êtes susceptibles de devoir reprendre la main sur les commandes selon le contexte du moment - sont source de confusion tant au niveau de la compréhension du message lui-même que de la bonne attitude à adopter. Selon eux, il augmente également la possibilité que les conducteurs utilisant Autopilot n'aient pas assez l'esprit en alerte pour pouvoir réagir rapidement aux situations d'urgence.
Les experts notent enfin que si, certes, de nombreux constructeurs introduisent ce type de technologie semi-autonome dans leurs véhicules avec des délais de commercialisation réduits, Tesla a été le seul à faire preuve d'autant d'agressivité dans son déploiement. Nissan, qui vient d'introduire un système aux fonctions similaires sur le nouveau Serena au Japon, a une approche presque contraire, multipliant les avertissements et les dispositifs obligeant le conducteur à rester vigilant.
Au final, dans un article intitulé « Trop d’autonomie trop rapidement », Consumer Reports demande à Tesla de revenir en arrière sur le déploiement de sa technologie, exhortant le constructeur à agir sur 4 points essentiels.
Constatant que l'Autopilot ne peut réellement conduire la voiture, mais qu'il laisse la possibilité aux conducteurs d'ôter leurs mains du volant pendant quelques minutes, l'association de consommateurs estime que Tesla devrait désactiver le pilotage automatique dans ses voitures jusqu'à ce qu'un programme permettant de vérifier que les mains du conducteur sont sur le volant soit opérationnel.
Il recommande également au constructeur de cesser de nommer le système « Autopilot » - source de confusion pour le conducteur et créant de ce fait un réel danger - de fournir des informations claires aux détenteurs d’une Tesla Model S sur le système et ses possibilités et enfin de tester tous les systèmes embarqués susceptibles de mettre en danger la vie de l’utilisateur, pour au final ne plus rien commercialiser au stade de "beta test".
Et si cela ne suffisait pas, Tesla devra expliquer son point de vue devant le Sénat américain qui vient de convoquer le constructeur pour une audition. Les réponses du constructeur seront cruciales pour l'avenir de son système et plus généralement pour le calendrier d'adoption des technologies de conduite autonome.
Sources : Wall Street Journal, Consumer Reports
Crédit Photo : Tesla