"Si de tels accords n'étaient pas conclus dans les 180 jours (...), le président serait alors autorisé à prendre d'autres mesures qu'il estime nécessaires pour ajuster les importations et éliminer la menace que les voitures importées font peser sur la sécurité nationale", a affirmé la Maison Blanche.
"L'Union européenne nous traite plus mal que la Chine", a expliqué Donald Trump, estimant que les pays membres étaient "juste plus petits". "Ils envoient des Mercedes Benz (aux Etats-Unis) comme des cookies", a-t-il déploré.
L'UE est prête à négocier avec Washington "un accord commercial limité incluant les voitures", a réagi la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström.
Elle rencontrera la semaine prochaine à Paris le représentant au Commerce Robert Lighthizer, chargé par Donald Trump de mener les négociations, et informera les ministres européens du Commerce du résultat de ses discussions le 27 mai à Bruxelles.
De son côté, le ministre allemand de l'Economie a salué ce répit, qui permet d'éviter "pour le moment, une aggravation du conflit commercial".
L'objectif de Washington est clair: diminuer les importations de voitures et pièces automobiles étrangères et obtenir une plus grande ouverture des marchés aux voitures américaines.
Le secrétaire au Commerce Wilbur Ross, chargé en mai 2018 de mener une enquête sur ce secteur, avait remis ses conclusions à Donald Trump en février. Le président avait jusqu'à samedi pour se décider.
Sécurité nationale
Dans ce rapport, le ministre américain estime que "la recherche et le développement dans l'automobile sont cruciaux pour la sécurité nationale".
"La base industrielle de la défense des Etats-Unis dépend du secteur de l'automobile pour le développement de technologies essentielles au maintien de notre supériorité militaire", explique-t-il, citant d'importantes innovations en matière de motorisation ou la conduite autonome.
Mais Cecilia Malmström a rejeté "la notion que les exportations automobiles représentaient une menace pour la sécurité nationale" des Etats-Unis.
Une idée vigoureusement rejetée aussi par le constructeur japonais Toyota, qui dispose d'usines et de centre de recherches aux Etats-Unis et qui, dans un communiqué, a estimé que Washington lui avait envoyé "un message (signifiant que) nos investissements ne sont pas les bienvenus".
"Nos activités et nos employés (...) ne sont pas une menace pour la sécurité nationale", ajoute le groupe, et "limiter les importations de véhicules et de pièces est contreproductif" pour l'emploi" et l'économie.
"Si des quotas sont imposés, les plus grands perdants seront les consommateurs", ajoute Toyota.
Le rapport américain avance que les constructeurs étrangers ont bénéficié, "au cours des trois dernières décennies", d'un avantage au détriment des industriels américains, grâce à des droits de douane faibles aux Etats-Unis quand les Américains se sont heurtés à des marchés plus restrictifs.
La part des constructeurs américains aux Etats-Unis a fondu, passant de 67% (10,5 millions d'unités produites et vendues aux Etats-Unis) en 1985 à 22% (3,7 millions d'unités) en 2017, selon les données du rapport.
Dans le même temps, le volume des importations a presque doublé (de 4,6 à 8,3 millions d'unités). En 2017, les Etats-Unis ont importé plus de 191 milliards de dollars d'automobiles.
La part du marché mondial des producteurs américains est passée de 36% en 1995 à seulement 12% en 2017, ce qui réduit leur capacité à financer la recherche et le développement nécessaires pour garantir le leadership technologique "répondant aux exigences de la défense nationale", estime la Maison Blanche.
Soulagement en Europe
Le constructeur allemand Daimler (Mercedes) a accueilli avec satisfaction cette annonce.
"Le délai de 180 jours doit être utilisé pour parvenir à de bons résultats dans les négociations entre l'UE et les USA", a déclaré pour sa part le président de la fédération des constructeurs allemands VDA, Bernhard Mattes.
BMW a souligné que le libre-échange lui a permis d'investir des milliards de dollars aux Etats-Unis, faisant du constructeur bavarois "un exportateur de premier plan depuis" ce pays.
Donald Trump a engagé un bras de fer avec les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis pour obtenir une ouverture plus grande de leurs marchés aux produits américains.
Symbole de l'industrie manufacturière des Etats-Unis, le secteur automobile illustre à lui seul les déséquilibres commerciaux que le président républicain ne cesse de dénoncer.
Berlin veut à tout prix échapper à des taxes sur les automobiles, un secteur vital pour son économie.
Ce répit est bienvenu pour l'économie mondiale car des taxes américaines sur l'automobile auraient un impact considérable sur la croissance autour du globe.