Stellantis va fermer l'usine de Luton
Credit Photo - Stellantis
par Thibaut Emme

Stellantis va fermer l'usine de Luton

Stellantis a des problèmes de riches. Trop de marques, trop de plateformes, trop de moteurs, trop d'usines. Pour les plateformes, cela se réorganise avec les STLA. Pour les moteurs aussi. Pour les usines, c'est en cours, et cela va trancher dans le vif.

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Dans la galaxie Stellantis, je demande Vauxhall. Quoi ? Vous ne connaissez pas la marque ? C'est une marque anglaise fondée en 1857 (à l'époque pour produire des moteurs) et qui produit des voitures depuis 121 ans. Cette marque va alors être rachetée par la General Motors mais continuera son indépendance jusqu'à ce que GM veuille rationnaliser une partie de ses marques et décide d'Opéliser son porte-feuille. Les Vauxhall vont alors n'être "plus" que des Opel avec un Griffon sur la calandre.

Or, depuis des années, Vauxhall en son usine historique de Luton (ouverte en 1905 NDLA) ne produisait plus que des utilitaires pour GM, puis pour PSA, et enfin pour Stellantis, au gré des rachats de la marque au blitz.

Las, le constructeur automobile Stellantis a donc annoncé ce mardi 26 novembre 2024 son plan pour fermer cette usine Vauxhall de Luton. A la clé, ce sont plus de 1 000 emplois qui sont menacés. Il faut dire qu'avec la fusion, Stellantis hérite du très long passé de toutes les marques qui le compose. Et en Angleterre, il y a déjà Ellesmere Port près de Liverpool.

Le site historique fermé, l'Angleterre tremble

Cette usine est aussi dans le giron de Vauxhall depuis que l'ancien aérodrome de l'armée britannique l'a fermé à la fin des années 50. Vauxhall y produira la Viva, cousine de l'Opel Kadett, mais aussi l'Astra. Avec la fin de la production de l'Astra sur place en 2022, l'usine a alors été transformée pour devenir un centre de production électrique. Stellantis y produit le Vauxhall Combo-e, le Citroën e-Berlingo, le Peugeot e-Partner et même le FIAT E-Doblò, ainsi que leurs variantes "transport de passagers".

Vérité d'aujourd'hui n'est pas celle de demain. Stellantis en février dernier annonçait que l'usine de Luton allait produire en 2025 le Vivaro Electric. Que s'est-il passé entre temps ? Un bilan financier "mauvais" et des actionnaires qui réclament des actions. On tranche !

"Si la proposition de la société est mise en œuvre, un plan de soutien complet pour les employés concernés à Luton, comprenant des centaines d'emplois à relocaliser sur le site de fabrication d'Ellesmere Port, sera mis à disposition", précise Stellantis.

Du côté du Gouvernement britannique, on se réjouit de voir que Stellantis ne quitte pas le Royaume-Uni pour la production. Mais, on s'inquiète évidemment du sort des familles touchées par la fermeture de Luton. Un plan de reclassement interne et externe doit être créé et proposé. En interne, cela signifie que ceux qui le veulent pourraient aller travailler à Liverpool. Juste pour ceux qui ne connaissent pas trop la géographie de l'Angleterre, Luton est dans la partie sud, juste au nord de Londres, Liverpool au centre-ouest, près de Manchester.

Entre Luton et Liverpool, il y a environ 280 km. Un changement de vie ou un changement de travail ? Choix cornélien sans doute.

Stellantis n'a pas précisé combien d'emplois seraient supprimés dans le cadre du transfert d'activité à près de 280 km de Luton environ. Cette fermeture est un nouveau coup de semonce envers les autorités du Royaume. En effet, Stellantis a prévenu qu'il faudrait soutenir la demande de véhicules électriques pour ne pas voir la production britannique filer sur le continent. Le fameux : aidez-nous ou pleurez-nous.

Menaces de fermetures en France sur fond de baisse programmée de production

En France aussi des menaces de fermetures surgissent régulièrement. Il faut dire que là encore, le passé des marques traine son lot d'usines "en surnombre". On pensera évidemment à La Janais près de Rennes. C'est une usine Citroën qui, avec La Barre Thomas juste à côté a compté jusqu'à 14 000 salariés. Les années 80 sont loin derrière nous et l'usine va de mal en pis. Mais, PSA ne s'est jamais complètement résolu à fermer l'usine. Elle a failli plusieurs fois. Les anciens parkings de stockage, remplis il y a encore 15 ans, sont désormais des friches, quand ils n'ont pas été repris par d'autres usines.

Pour le moment, La Janais est sauvée, avec la reconfiguration pour produire le nouveau Citroën C5 Aicross sur place. Mais, cette usine produit désormais des modèles qui ne se vendent pas, ou peu. Ironiquement, cette usine "récente" dans l'histoire de Citroën (1961) sera la dernière en France à produire un modèle aux chevrons ! Oui ! Citroën ne produit plus en France mais en Slovaquie ou en Espagne, au Portugal (ou le Maroc pour l'AMI).

Officiellement, Stellantis ne prévoit pas de fermeture d'usines en France...à court terme. En effet, le groupe est engagé jusqu'en 2027. Mais après ? Poissy devrait avoir un avenir jusqu'en 2029. Mais les lignes d'assemblage ne sont pas encore mises à jour pour aller au-delà. Forcément, cela fait planer l'ombre d'un doute alors que les usines espagnoles par exemple ont été modernisées. Douvrin, ancien fleuron de la production thermique devrait fermer. Certains employés ont été transférés à ACC (usine de batterie) tout à côté.

Selon des chiffres sortis par le journal économique Les Echos, Stellantis ne produirait que 605 000 unités en 2024 en France. Les objectifs étaient de 766 000 unités ! Quant à Hordain dans le Nord, elle devrait recevoir (temporairement ?) la production de Luton. Malheur des uns, bonheur des autres. Ces baisses de production et/ou fermetures d'usine ne touchent pas que les salariés du constructeur. Cela touche tout le tissu économique gravitant autour comme les équipementiers ou les pneumaticiens comme Michelin par exemple.

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Pour résumer

Le mouvement de l'histoire automobile est ainsi fait que les anciens grands pays producteurs pleurent pour que les usines ne ferment pas. Ici, c'est l'usine historique de Luton qui va fermer. Luton c'est Vauxhall, alias Opel au Royaume-Uni.

Stellantis a lancé de grands plans de réorganisations qui vont se traduire par des fermetures d'usines un peu partout. Si en France on n'est pas concernés pour le moment, rien n'est certain dans 2 ou 3 ans. La production automobile tricolore s'effondre.

Thibaut Emme
Rédacteur
Thibaut Emme

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