Des atouts à double tranchant
Et quand on dit "tous les moyens", cela va même jusqu'aux appels de phares que l'on pourrait faire pour avertir les usagers venant en sens inverse (ou simplement dire bonjour, avertir d'un animal qui traverse, d'un véhicule arrêté sur le bas côté, etc.). Le Sénateur est soutenu par différentes personnes même si Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la Sécurité Routière est plus mesuré.
Dans les colonnes du Parisien, ce dernier explique "(qu')en sortant de boîte, des conducteurs ivres vérifient sur leur smartphone où sont les contrôles pour choisir un autre itinéraire". Tout en contrebalançant : "ces outils peuvent aussi être de précieux atouts pour la sécurité routière, quand ils indiquent les limites de vitesse ou les ralentissements".
En fait, la proposition du Sénateur fait suite, comme il l'indique lui même, à la décision de la Cour de Cassation de relaxer, le mardi 6 septembre 2016, plusieurs personnes d'un groupe sur le réseau social Facebook qui signalaient l'emplacement des contrôles dans l'Aveyron.
Une aide pour les terroristes ?
Le Sénateur lui fait un raccourci terrible, voulant "réduire l’information disponible pour les délinquants, voire pour les terroristes". Pour une poignée de personnes échappant potentiellement au système, certains seraient prêts à faire de graves concessions aux libertés individuelles et à considérer que tout le monde est coupable jusqu'à preuve du contraire. Surtout, en quoi un contrôle de vitesse automatisé aide à la traque aux terroristes ?
La dernière fois, que ce genre de discussions ont eu lieu au niveau de l'exécutif, les avertisseurs de radars sont devenus - par pure hypocrisie - "avertisseurs de zones de danger". Si la proposition du Sénateur aboutit, ces avertisseurs deviendront alors hors la loi. Il sera aussi hors la loi de prévenir, par un quelconque moyen, les usagers. Or les forces de l'ordre elles-mêmes annoncent souvent les zones approximatives des contrôles vitesse du jour, que ce soit via une radio locale ou via les réseaux sociaux. Les forces de l'ordre considèrent que cela participe à la sécurité routière.
Une interdiction inapplicable dans les faits
Pour l'association 40 millions d'automobilistes, "interdire toute signalisation, que ce soit par le biais des réseaux sociaux ou de boîtiers communautaires, c’est insensé". D'autant plus que bon nombre d'outils sont des applications sur les smartphones et que, rappelons-le à toute fin utile, les forces de l'ordre ne peuvent pas regarder dans un téléphone lors d'un contrôle routier.
"Si l’on interdit les boîtiers, les applications, les réseaux sociaux, on retirera bientôt aussi les panneaux de signalisation des radars" ajoute Pierre Chasseray, délégué général de l’association. En période pré-électorale, il est fort peu probable que cette proposition aille plus loin, mais en 2017 qui sait ? L'Hérault est un département qui compte chaque année près d'une centaine de tués sur la route avec un pic estival (environ 25 tués sur juillet-août).
Source : Le Parisien, 40 millions d'automobilistes, Sénateur Grand, illustration : Gendarmerie