Semi-conducteur ST Microelectronics : youpi nous sommes sauvés ?

L’investissement a été annoncé en grande pompe lors du cinquième sommet « Choose France » (« Choisir la France ») qui se déroule au Château de Versailles (la force des symboles). STMicroelectronics (franco-italien) et GlobalFoundries (américain) annoncent donc un investissement de près de 6 milliards d’euros à Crolles en Isère. Cela permettra de créer une usine de semi-conducteurs ainsi que 1 000 emplois.

Bruno Le Maire, ministre de l’Economie est forcément enthousiaste, parlant du « plus grand investissement industriel des dernières décennies hors nucléaire et un grand pas pour notre souveraineté industrielle ». Il faut dire que l’Europe a découvert (ou pas) sa trop grande dépendance envers l’Asie, premier producteur des semi-conducteurs. Ces puces sont partout autour de nous. L’industrie automobile est une grande consommatrice de ces puces, mais il y a aussi tous les appareils électroniques grand-public, et même l’électroménager.

Jusqu’à 4% de la production mondiale en France

Cette usine agrandira le site de ST Microelectronics. Mais, ces 6 milliards d’euros vont-ils réellement tout changer ? Les objectifs de l’Europe sont ambitieux : repasser à 20% de production mondiale faite sur place, contre moins de 10% à date. L’usine sera capable de produire différentes puces, sur des tailles de gravure diverses. Ce sera l’un des plus importants site d’Europe. Cependant, il faudra d’autres usines comme celle-là pour augmenter la production européenne et suivre le « Chips Act », programme de l’UE pour réduire la dépendance à l’Asie sur les puces électroniques.

Au final, c’est une bonne nouvelle pour la région et la France. Cette usine permettra de doubler la production de la France. A date, la France représente 20% de la production européenne, soit environ 2%. Avec l’usine de Crolles, la France passera à 4% de la production mondiale. Le nouveau site adressera principalement l’automobile, ce qui est aussi une bonne nouvelle pour la production hexagonale. D’autres projets devraient être lancés et annoncés concernant la recherche (passer à 10 nanomètres de gravure, etc.).

Une automobile dépendante des puces

La production à « Crolles 2.0 » devrait débuter dès 2023 et connaître une montée en cadence jusqu’en 2026. La souveraineté ne se fera pas en un claquement de doigts. La pénurie de puces devrait se poursuivre au moins jusqu’en 2023.

L’automobile est un gros consommateur de ces puces électroniques. En effet, il y a de plus en plus d’ADAS (Advanced Driver Assistance Systems) comme les radars, les caméras diverses, la prise de décision, etc, mais aussi les béquilles électroniques du châssis, la gestion du moteur, les instruments de bord et leur affichage, l’info-divertissement, la connexion des voitures, etc.

(7 commentaires)

  1. Cela ne va pas régler comme par enchantement les problèmes de production de la France et de l’Europe… Mais c’est déjà le bon chemin et un bon effet collatéral de la crise.
    Les semi-conducteurs sont devenus… L’autre « pétrole ».

  2. La gravure serait faible mais parfaite pour l’automobile apparemment !?
    22 nm puis un objectif de 18 nm, contre 4 nm pour la meilleure de la concurrence.

    1. la gravure à 22nm n’est pas forcement parfaite pour l’automobile
      c’est juste parce que les échelles de temps sont différentes

      une gravure plus fine permet de moins consommer d’électricité. Mais sur une voiture, ou à la maison, cette question ne se pose pas : on n’est pas à quelques Wh près, à une ou deux piles lithium près

      en revanche, une gravure plus fine permet de produire davantage de micro-processeurs pour une même galette de silicium (wafer), donc moins de pénurie…

      en fait, ce qui fait qu’on trouve des vieilles puces sur l’automobile, c’est parce que la durée de vie, les échelles de temps sont différentes. Lorsqu’un constructeur automobile lance un nouveau projet, une nouvelle plateforme et des nouveaux moteurs, ça s’active aussi chez les équipementiers (régulateur vitesse, post-traitement anti-pollution, ABS, ESP, etc….). Il y a là déjà 3 ans écoulés. Ensuite, une voiture a une durée de vie de 6-7-8 ans. Personne ne va changer les controleurs tous les 2 ans pour profiter des dernières puces plus performantes. Donc lorsque la voiture arrive en fin de vie, alors 10 ans se sont déjà écoulés. Dès lors, aujourd’hui, c’est tout à fait normal de trouver des puces de 22nm (voire plus anciennes) dans les composants en automobile

      https://www.igen.fr/iphone/2018/05/10-nm-7-nm-5-nm-la-finesse-de-gravure-enjeu-du-monde-mobile-103886

      Pire encore, la plateforme et les moteurs ont une durée de vie de 2 générations de voitures. On peut très bien trouver des puces de 90nm dans certains composants. Par exemple, le moteur Renault 1.5dCi date d’une vingtaine d’années. Les normes anti-pollution ont changé entre temps, genre post-dieselgate en 2016. Mais qu’est ce qui est le plus rapide, le plus fiable, le moins cher à faire:
      -développer un nouveau calculateur, avec la technologie du moment (post-2016)?
      -ou rajouter des lignes de code dans la mémoire de la puce, qui avait déjà presque 15 ans de retour d’expérience?

      bref, si on trouve des puces anciennes technologies sur les voitures, c’est tout à fait normal. Et vu les procédés (du monde de l’automobile), la prochaine étape ne sera pas forcement de passer de 22 à 20nm, ou à 18nm, et rester à 3 wagons en arrière technologiquement. La prochaine étape (de finesse gravure) pour l’automobile, c’est…..en continue. Certaines voitures sont reliées au réseau, en 5G. Qualcomm ne va quand même pas graver des puces en 3nm pour les derniers smartphones…et 20nm pour les voitures, juste par plaisir!!! Si votre voiture a la 5G, alors sa puce 5G sera de la même génération technologique que les smartphones 5G, dans le pire des cas la technologie des premiers smartphones 5G

  3. Les puces ne viennent pas d Ukraine non plus ?? Comme le cacao et la noix de coco ?? Le président Micron devrait se pencher sur le sujet

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