Dans un discours prononcé devant le Conseil national de sécurité routière (CNSR), considéré comme le "parlement" de la sécurité routière, le ministre de l'Intérieur a défendu le bilan du gouvernement.
"Notre volontarisme a produit des résultats", a-t-il déclaré, rappelant qu'après quatre années de hausse puis de stagnation depuis 2013, l'année 2018 a été la moins meurtrière de l'histoire des statistiques routières (3.488 tués, -5,3%).
Cette tendance s'est poursuivie en juin, où la stabilité du nombre de tués (290, autant qu'en juin 2018) permet aux autorités de recenser neuf morts de moins durant les six premiers mois de l'année que lors du premier semestre 2018 (1.515 tués).
Après avoir rappelé que la sécurité routière s'appuyait sur un "travail collectif" et sur "l'éducation et la prévention", M. Castaner a également insisté sur la "sanction assumée des comportements dangereux".
Alors que vont se multiplier les grands trajets estivaux, le ministre a assuré que "l'essentiel des radars sur les routes principales pratiquées dans l'axe de mobilité des vacances sont opérationnels".
"Nous avons commencé à remplacer des radars détruits, nous poursuivrons cela", a-t-il ajouté, refusant de donner des chiffres du nombre de radars en service. "Près de 1.000 radars fixes ont été détruits et, au plus fort de la crise (des "gilets jaunes"), et 75% du parc a été endommagé", a-t-il rappelé.
"Ce ne sont pas des machines à fric mais des machines à vies", a-t-il affirmé.
Evoquant la possibilité qui sera offerte par la Loi d'orientation des mobilités (LOM) aux forces de l'ordre de suspendre le permis de conduire à un automobiliste qui commet une infraction tout en utilisant son téléphone portable, il a jugé cette sanction "réellement dissuasive, réellement utile et nécessaire".
206 vies épargnées
Il a rappelé que, dans le cadre de cette loi, les applications GPS signalant des contrôles de police pourront être temporairement interdites.
Cette mesure s'appliquera aux contrôles d'alcoolémie, de détection de stupéfiants ou dans le cadre d'affaires criminelles (terrorisme, enlèvements, trafic de drogue...), a précisé le délégué interministériel à la sécurité routière, Emmanuel Barbe.
"J'assume le côté peu politique, peu populaire de ces mesures", a affirmé Christophe Castaner, en référence également à l'abaissement très controversé à 80 km/h de la limitation de vitesse sur 400.000 kilomètres de routes secondaires à double sens sans séparateur central.
Cette mesure, entrée en vigueur en juillet dernier, a permis d'épargner 206 vies durant sa première année d'application, selon des estimations de la Sécurité routière. "Ce chiffre aurait été plus important encore sans les dégradations et destructions de radars", a estimé le ministre.
Face à la fronde, le gouvernement a toutefois accepté le principe de dérogations locales. Une fois votée et promulguée la LOM, les présidents de conseils départementaux pourront relever la vitesse maximale autorisée sur certaines routes.
Christophe Castaner a appelé ces élus à la "responsabilité", "responsabilité de décider que cette augmentation de vitesse certes fera plaisir à quelques-uns, certes permettra de faire gagner une seconde par kilomètre mais pourra aussi causer la mort de quelqu'un".
Les élus pourront s'appuyer sur des "éléments d'aide à la décision" -purement consultatifs- présentés dans un rapport mardi par le conseil des experts du CNSR.
Ces experts indépendants conseillent notamment aux chefs d'exécutifs locaux d'"évaluer les risques" d'un changement de la limitation de vitesse et de mettre en place de "mesures compensatoires", comme l'instauration d'une "séparation physique" entre les deux sens de circulation ou, à défaut, "un double marquage horizontal (au sol) continu avec alerte sonore".
Mais "la première responsabilité, c'est celle des conducteurs", a insisté Christophe Castaner. "Avant les grands départs en vacances, n'oublions pas que nous devons tous être exemplaires", a-t-il lancé.
Par AFP