L'Alliance ne serait pas en danger
S'exprimant dans le cadre d'un entretien accordé à l’AFP lundi, Hiroto Saikawa, désormais patron de Nissan a soutenu dur comme fer que Renault-Nissan n'était "absolument pas en danger". Et ce, alors même que l'Alliance est soumise à d'importantes turbulences suite à l'arrestation et la mise en détention de Carlos Ghosn, l'épineuse question de la répartition des pouvoirs entre les deux constructeurs surgissant à nouveau au grand jour à l'occasion de cette affaire. Saikawa assure par ailleurs être "en contact quasi quotidien" avec Renault.
Une alliance basée sur l'autonomie de chacun
« La valeur de l'alliance en elle-même vient du travail au jour le jour, basé sur le respect de l'autonomie de chacun des groupes", tient par ailleurs à souligner Hiroto Saikawa, s'exprimant en marge d'un événement de la fédération patronale japonaise Keidanren. Ajoutant que « ce travail, cette énergie, cette direction » n'étaient « en rien affectés », et ce, « même dans la situation actuelle".
"Dans ce sens, que ce soit chez Renault, Nissan ou Mitsubishi Motors", qui a rejoint l'Alliance en 2016, "rien n'a changé » estime Hiroto Saikawa. Argumentant ainsi ses propos assurant que la structure ne serait pas sur la sellette.
"Personne ne veut arrêter ou ralentir les choses, nous devons au contraire les accélérer » a-t-il au contraire ajouté.
Pas de commentaire sur la détention de Carlos Ghosn
Hiroto Saikawa n'a toutefois pas souhaité s'exprimer sur le sort de celui qui fût son ancien mentor. Membre de la garde rapprochée de Carlos Ghosn avant que n'éclate l'affaire, il a néanmoins surpris plus d'un par la violence de ses propos au soir de l'interpellation du dirigeant en novembre dernier à Tokyo. Lequel avait été en suivant limogé de la présidence du conseil d'administration de Nissan.
"Le système judiciaire japonais suit son cours, donc je n'ai rien à dire. Je veux simplement me concentrer sur la stabilisation de la compagnie et la faire avancer pas à pas", a déclaré Hiroto Saikawa, au cours de sa première entrevue avec un média étranger depuis que l'affaire a éclaté.
Nissan ne veut pas d'un clone de Ghosn privilégiant Renault
Reste que Nissan aurait rejeté la demande de son partenaire Renault d’envoyer un successeur doté de pouvoirs similaires à ceux détenus auparavant par le désormais président déchu, Carlos Ghosn. C’est en tout cas ce qu’ont indiqué début décembre des sources proches du dossier. Laissant ainsi entrevoir l’ampleur de la lutte entre les deux partenaires pour la prise de pouvoir.
De même source, on indiquait alors que Renault, principal actionnaire de Nissan qui a décidé de maintenir Ghosn à sa tête – conformément à ce qui lui impose la loi française – malgré son arrestation en novembre dernier pour inconduite financière présumée, aurait émis une telle requête lors de la réunion du conseil d’urgence du constructeur japonais qui s’est tenue le 22 novembre.
La proposition visait à protéger les intérêts du constructeur français et à maintenir son influence au sein de Nissan après le limogeage de Carlos Ghosn.
Le 30 novembre dernier, Saikawa, Thierry Bollore, patron de de Renault par intérim, et Osamu Masuko, président de Mitsubishi Motors, ont décidé de d’assurer la direction de l’alliance tripartite par le biais d’un processus de consultation. Ce qui constitue une rupture apparente avec le processus de prise de décision mis en oeuvre jusqu’à présent par Carlos Ghosn, indiquent pour leur part les dirigeants japonais.
Elisabeth Studer avec AFP