La tension est vive entre le patron de Stellantis - structure issue de la fusion entre FCA et PSA - et le syndicat allemand IG Metall de Opel, filiale du constructeur implantée outre Rhin. Les représentants syndicaux s’inquiètent fortement - et à un plus d’un titre - des projets de Carlos Tavares, DG du groupe, de remanier l’organisation des différentes entités.
Le syndicat IG Metall de Opel menace la direction de Stellantis d’un « conflit massif »
Les relations s’enveniment de jour en jour entre le syndicat IG Metall de Opel et la direction de Stellantis au sujet de la réorganisation annoncée des sites de production de la filiale du constructeur.
Vendredi dernier, le ton est montant d’un cran : le syndicat IG Metall a menacé la direction du groupe d’une forte opposition des salariés si les plans de réorganisation venaient à être mis en place.
« Stellantis groupe doit être conscient qu'un conflit massif menace si des plans d'externalisation et des délocalisations de produits sont mis en œuvre", a déclaré le représentant local d’IG Metall , Jörg Köhlinger. Ajoutant que le soutien des premiers ministres de Hesse, de Rhénanie-Palatinat et de Thuringe était « l'expression d'une large alliance contre les coupes sombres ».
IG Metall a d’ores et déjà annoncé des manifestations pour le 29 octobre.
Stellantis veut séparer les deux sites de production de Opel
Le groupe automobile a confirmé le 8 octobre dernier une information du quotidien allemand Handelsblatt, selon laquelle le groupe français envisage de séparer les sites de production de Rüsselsheim (Hesse) et d’Eisenach (Thuringe) de l'unité allemande de Opel Automobile afin de les transférer dans des entreprises indépendantes d’ici à la mi-2022.
Au final, les deux entités ne seraient plus liées juridiquement à Opel en Allemagne, mais directement à une unité de Stellantis, les Pays-Bas pouvant être une option possible.
Le plan de restructuration prévoit également que l’usine Opel de Kaiserslautern (Rhénanie-Palatinat) soit scindée en deux.
A noter par ailleurs qu’en raison de la pénurie de semi-conducteurs, l'usine d'Eisenach doit être fermée pendant trois mois, tandis que la production se poursuivra dans les autres usines de Stellantis.
Stellantis userait d‘une voix détournée pour réorganiser les sites
Stellantis essaie de mettre en œuvre des décisions concernant les produits et les affectations de charges par la porte dérobée et d'une manière totalement non transparente estime par ailleurs le syndicaliste Jörg Köhlinger. Selon lui, le groupe automobile userait de cette stratégie pour contourner les structures tarifaires et les règles allemandes de « codécision ». Ces dernières imposent aux grandes entreprises que 50 % des sièges au conseil de surveillance reviennent aux représentants des salariés.
La réorganisation vise à « renforcer la coopération et la flexibilité au sein du réseau de production de Stellantis », afin « de sécuriser les emplois à long terme » estime pour sa part Stellantis.
Au total, 4 800 employés, tous sites confondus, devraient être impactés par le projet, soit plus d’un tiers des employés de Opel en Allemagne.
Stellantis a précisé que les conditions de travail de tous les employés resteraient « inchangées » et que « les conventions collectives et accords d’entreprise existants continueraient de s’appliquer ».
Les syndicats estiment par ailleurs que dans le but de pouvoir mettre la main-d'œuvre sous pression, des capacités supplémentaires pourraient être mises en place en dehors d'Eisenach pour le démarrage de la nouvelle édition du modèle Grandland. Mais selon eux, la voiture devait être construite exclusivement à Eisenach, le site permettant de répondre au besoin de capacités de production et de développement.
Menaces de délocalisation au Maroc ?
De nouvelles indications d'une réorganisation imminente d'Opel ont été dévoilées la semaine dernière. Des salariés du centre de développement de Rüsselsheim auraient été mis sous pression afin qu’ils cherchent un autre emploi. La presse allemande cite une note d’information destinée aux salariés.
La direction aurait menacé de délocaliser les emplois au Maroc, où Stellantis dispose d’un centre d’ingénierie et de production à Kenitra.
Notre avis, par leblogauto.com
Opel risque fort de faire désormais les frais de la fusion entre FCA et PSA et de la ferme volonté de Carlos Tavares de restructurer l’ensemble et de faire la « chasse » aux coûts.
Début octobre, Stellantis a annoncé la suspension de sa production à Vienne, en Autriche, du 18 octobre au 31 décembre. Raison officielle : la pénurie mondiale de puces.
Sources : Handelsblatt, DPA