par Elisabeth Studer

Renault réduit la cadence en Espagne

Certes qui va piano va sano dit le proverbe ... mais tout de même, alors que Renault prône le télétravail pour réduire ses charges (nous en reparlons au plus tôt), la direction du groupe en Espagne a signé un accord avec les organisations syndicales pour limiter les cadences – qui somme toute ne semblent pas infernales - à partir du 5 février.

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Certes qui va piano va sano dit le proverbe ... mais tout de même, alors que Renault prône le télétravail pour réduire ses charges (nous en reparlons au plus tôt), la direction du groupe en Espagne a signé un accord avec les organisations syndicales pour limiter les cadences – qui somme toute ne semblent pas infernales - à partir du 5 février.

Ces mesures pourraient concerner plus de 2.000 des 13.000 salariés que compte le groupe automobile français en Espagne.

En novembre dernier, le PDG du constructeur automobile français, Carlos Ghosn avait déclaré que le groupe allait "adapter" sa production en Europe de l'ouest pour faire face à la baisse des ventes. C'est désormais chose faite ...

Renault-Espagne a signé un accord avec les syndicats en vue de mettre en oeuvre des arrêts de travail tournants pour 1.300 salariés, des départs en pré-retraites et réduire les cadences de production à partir du 5 février.

Le pré-accord, qui comprend une refonte de l'accord collectif, a été signé mardi, tandis que le Comité d'entreprise examinait mercredi le plan dit de "régulation de l'emploi" qui prévoit ces réductions d'activités. A partir de jeudi et "jusqu'au deuxième semestre 2008, 1.300 personnes seront affectées par rotation, et sortiront alors de la chaîne de production de manière temporaire. Un porte-parole du syndicat UGT, signataire de l'accord, a confirmé cette information.

Pendant leur période de chômage temporaire, les salariés percevront 88% de leur salaire versé par l'entreprise et les pouvoirs publics, selon Renault.

"L'intérêt de Renault est de ne pas fabriquer trop de voitures, le groupe préfère payer les gens pour qu'ils ne fabriquent pas plutôt qu'ils soient sur la chaîne de montage", a ajouté la porte-parole. Ce qui laisse sous entendre que les ventes ne sont pas là... et que les capacités de production sont supérieures à la demande. Pas trop encourageant tout cela ..

S'ajoutent à ces mesures la possibilité de proposer à 1.000 salariés un départ en pré-retraite volontaire. "Nous n'allons forcer personne à partir", a assuré la porte-parole, ajoutant que les départs à la retraite qui seront signés pourraient se soustraire au potentiel de 1.300 employés concernés par les arrêts de travail tournants. Certes on ne forcera personne, car telle le veut la loi, mais chacun sait que des incitations peuvent toujours survenir.

A partir de fin 2008, le groupe "prévoit de récupérer le rythme de 2006" avec les nouvelles Modus et nouvelle Mégane et reprendra donc les 1.300 personnes, moins celles qui seront parties en pré-retraite.

La direction a décidé de ce plan pour avaliser la fermeture de deux rotations dans deux usines de Castille-et-Leon, une de nuit à l'usine de Villamuriel-de-Cerrato, et une de l'après-midi à Montaje-Valladolid.

"Nous avons placé les usines espagnoles dans les meilleurs conditions" pour suivre le plan de développement de Renault jusqu'en 2009, a déclaré le porte-parole de l'UGT. Le syndicat CCOO a également signé, ainsi que la Confédération des cadres.

Par ailleurs, l'accord prévoit selon Renault une refonte de l'accord collectif, "pour qu'il soit en ligne avec les objectifs du plan de développement du groupe à horizon 2009".

En 2006, les ventes mondiales de Renault ont reculé de 4%, principalement à cause de la mauvaise santé des ventes en Europe. Ces résultats se répercutent désormais sur l'emploi ...

En novembre dernier, Renault avait d'ores et déjà annoncé prévoir des mesures de chômage technique pour réduire la production dans ses usines espagnoles de Valladolid et Palencia. Le constructeur automobile aurait dès lors engagé des négociations en ce sens avec les syndicats.

Après VW en Belgique, c'est donc désormais les salariés de Renault qui font les frais de la concurrence asiatique.

Le constructeur français n'a eu recours alors à aucun licenciement, faisant en effet application d'un dispositif prévu par la législation sociale espagnole, le "ERE" (Dispositif de régulation de l'emploi). Celui-ci consiste à mettre en chômage technique pendant 18 mois l'ensemble du personnel par roulements de 1 300 personnes. S'il était prévu de contraindre les deux sites au chômage technique pendant douze jours de novembre au 31 décembre, Renault avait dés lors indiquer que cette mesure ponctuelle s'avérait insuffisante. « Tout en restant dans un dispositif limité dans le temps, il fallait passer à autre chose", argumente Renault.

Renault avait alors un temps envisagé de supprimer l'équipe de nuit à Palencia, où est fabriquée la Mégane, ainsi qu'une équipe d'après-midi à Valladolid, qui assemble les Clio et Modus. Des "mesures d'accompagnement" sont en discussion, avait précise le groupe.

Renault soulignait alors que cette mesure était provisoire et devait permettre d'attendre l'arrivée progressive des nouveaux modèles prévus à partir de l'année prochaine dans le cadre du plan Renault Contrat 2009 qui prévoit 26 lancements de modèles. Renault emploie un peu plus de 10.000 personnes en Espagne, dont environ 6.400 à Valladolid, 2.500 à Palencia et 1.200 à Séville.

Le journal La Tribune annonçait d'ores et déjà en novembre que Renault négociait en Espagne avec les syndicats un plan de suppression de 1300 emplois sur les usines de Palencia et Valladolid, menaçant indirectement 4000 à 5000 postes dans la région.

Volkswagen et Opel ont déjà annoncé la suppression de postes ou même la fermeture de certains sites en Europe. La concurrence des constructeurs asiatiques engendre en effet des problèmes de surcapacité en Europe.

Sources : AFP, AG Presse, Le Monde

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