Officiellement (selon FCA Fiat Chrysler Automobile), c'est à cause de l'Etat français si les négociations en vue d'une fusion entre Renault et FCA ont achoppé. Mais, pour Renault, ce serait plutôt du côté de Nissan qu'il faut regarder. Les deux représentants de Nissan au sein du Conseil d'Administration avaient pour consigne de s'abstenir lors du vote. Saïkawa ne s'en est d'ailleurs pas caché, car il considérait que le sort de Nissan était "flou".
Retour de bâton (ou petite gué-guerre entre partenaires), Renault a informé Nissan de son intention de bloquer une réforme de la gouvernance selon le Financial Times. Nissan prévoit en effet de modifier sa gouvernance pour éviter qu'une seule personne puisse concentrer les pouvoirs chez Nissan comme le faisait Carlos Ghosn.
Concrètement, les nominations, rémunérations et les audits seront confiés à trois comités différents. Sauf que Renault ne voit pas cela d'un bon oeil. Selon une lettre envoyée par Jean-Dominique Senard au directeur général de Nissan, Hirito Saikawa, Renault s'abstiendra lors de ce vote si cela reste en l'état. Et comme Renault dispose de 43% de Nissan, les 2/3 des droits de vote requis pour entériner ne seront pas atteints.
Pour autant, Monsieur Senard s'était montré favorable à la modification de gouvernance il y a un mois. Oui, mais c'était avant la fusion ratée avec FCA et un changement radical dans les relations entre les membres de l'Alliance Renault-Nissan. Désormais, Renault craint que ces nouveaux comités et le changement de gouvernance ne soient une manière pour Nissan de faire baisser l'influence de Renault.
L'Assemblée Générale est prévue le 25 juin 2019 prochain. On devrait vite être fixé. L'Alliance, désormais priorité selon Bruno Le Maire, semble mal embarquée, au moins d'un point de vue guerre d'égos et d'influence.
Selon G. Kelly, H. Saikawa était au courant
L'autre point du jour, c'est Greg Kelly, l'ancien bras droit de Carlos Ghosn, qui relance les soupçons sur Hiroto Saikawa. Selon le Financial Times, Greg Kelly a donné une interview à un magazine Japonais, Bungei Shunju. Il y indique que Monsieur Saikawa aurait lui-même tenté de bénéficier de largesses de la part de Nissan. Il réaffirme que ni Carlos Ghosn ni lui n'ont outrepassé la loi mais ont tenté de "retenir un top patron talentueux" (M Ghosn NDLR).
"Je ne pense pas que Monsieur Saikawa aurait dû être dans le centre de détention, mais la question est pourquoi je n'ai pas été mis dans sa position ? Car nous avions le même objectif qui était de retenir Carlos Ghosn de façon légale". Et de répéter que Saikawa a bien eu connaissance et relu le montage financier du paquet retraite de Ghosn.
Pour rappel, ce paquet prévoyait 40 millions de dollars répartis sur 10 ans pour s'assurer que Carlos Ghosn n'irait pas à la concurrence une fois ayant quitté Nissan. Déjà en mars 2019, le FT rapportait que le document avait été visé par Hiroto Saikawa. Si Saikawa a affirmé aux procureurs qu'il avait signé sans trop y penser, Greg Kelly affirme qu'ils en ont discuté longuement à l'été 2011 et qu'il (Saikawa) a approuvé deux fois le document après l'avoir relu attentivement.
Si Nissan a toujours protégé M Saikawa en indiquant qu'il n'était pas au courant des différentes infractions reprochées à M Ghosn, Greg Kelly, lui, n'hésite pas à l'enfoncer. Dans les propos rapportés, il indique que Saikawa l'aurait consulté pour savoir si Nissan pouvait l'aider à financer l'achat de sa nouvelle maison à Tokyo, via un prêt. Il l'accuse même d'avoir antidaté l'exécution de ses stocks options d'une semaine pour bénéficier d'un prix plus élevé de 10% des actions Nissan. 434 000 dollars tout de même.
Hiroto Saikawa n'hésite pas à enfoncer son ancien mentor, Carlos Ghosn, mais aussi Greg Kelly. Nissan avait "attiré" Greg Kelly au Japon en prétextant une réunion cruciale. Il a été arrêté à son arrivée sur le sol nippon depuis les USA. C'est finalement de bonne guerre que ce dernier lui rende la monnaie de sa pièce. Reste à savoir ce qui est vrai dans tout cela. C'est le boulot des procureurs en vue de préparer les procès (4 accusations) de Carlos Ghosn. En attendant, les parties prenantes devraient continuer de se répandre dans la presse.
Sources :
Financial Times
Financial Times
Reuters