Renault : la holding RNBV au cœur d'une nouvelle affaire ?
par Elisabeth Studer

Renault : la holding RNBV au cœur d'une nouvelle affaire ?

Après une affaire Ghosn / Nissan, une nouvelle affaire Renault ? Le cas échéant, cela ferait tout de même beaucoup pour les constructeurs tous deux réunis au sein de l'Alliance Renault Nissan.

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Alors que Carlos Ghosn demeure toujours incarcéré au Japon, soupçonné de malversations financières, Renault pourrait quant à lui avoir permis aux cadres de l'entreprise de recevoir des rémunérations via la holding basée aux Pays-Bas, nommée RNBV, qui chapeaute l'Alliance. Ce que le fisc français ne devrait guère apprécier ….

Des compléments de rémunération via une holding aux Pays-Bas

En effet, selon des documents consultés par franceinfo, un membre du comité exécutif de Renault aurait reçu pendant plusieurs années un complément de rémunération via cette société. Les sommes versées pourraient avoisiner une fourchette de 80.000 à 130.000 euros.

Le constructeur a d'ores et déjà admis que la holding aurait été utilisée de la sorte pour allouer quelques revenus substantiels à tous les membres du comité de Renault.

Une pratique néanmoins validée par un commissaire aux comptes

Reste tout de même que ces éléments n'apparaissent sur aucune ligne comptable du groupe. Ce que la CGT de Renault n'a pas manqué de relever … et de faire savoir dans un courrier adressé à Thierry Bolloré, patron du constructeur par intérim.

S'insurgeant contre ce genre de pratique, le syndicat s'étonne fortement – pour en pas dire plus – qu'elle ait été validée par un commissaire aux comptes.

Courrier à Bruno Le Maire

La CGT Renault a adressé parallèlement un courrier le 11 décembre dernier au ministre de l'Economie, Bruno le Maire, l'Etat étant actionnaire de Renault. Elle y dénonce l'opacité qui entoure la société Renault Nissan BV (RNBV), souhaitant « faire toute la lumière sur cette nébuleuse RNBV".

"Si on a écrit à M. Le Maire, c'est parce que Renault faisait le sourd", a expliqué Fabien Gâche, délégué CGT chez Renault. Ajoutant que le syndicat avait découvert par la presse que des responsables de Renault recevaient des rémunérations par le biais de la holding, notamment Thierry Bolloré.

Les administrateurs salariés de Renault "sont totalement privés d'informations relatives au fonctionnement, aux débats et décisions prises au sein de RNBV », structure « dont le fonctionnement opaque nourrit jour après jour beaucoup d'interrogations », et notamment celle de la presse, indique par ailleurs la CGT, en se référant à des articles de L'Express et du Canard enchaîné sur le sujet.

Présidée par M. Ghosn, détenue à "50% par Renault et à 50% par Nissan, RNBV dispose de pouvoirs importants", or "depuis au moins 2012, il y a une absence totale d'informations émanant de RNBV pour les administrateurs salariés de Renault", dénonce par ailleurs Fabien Gâche.

A l'heure actuelle, aucune réponse du ministère n'a été transmise au syndicat.

"Seule la rémunération des mandataires sociaux est discutée au Comité des rémunérations, approuvée par le conseil d'administration, votée en Assemblée générale et publiée dans le document de référence", a précisé pour sa part une source proche de la direction de Renault, rappelant que "la rémunération des dirigeants salariés n'est pas publiée individuellement".

Louis Schweitzer initiateur d'une telle pratique

"Le montage initial a été fait par Louis Schweitzer » a réagi quant à lui Jean-Jacques Chanaron, spécialiste de l’industrie automobile dans un entretien accordé à franceinfo. Précisant que l' ancien président de Renault avait mis en place une telle structure  entre 1999 et 2002 « pour assurer un peu de flexibilité » et « pour que ce ne soit ni en France, ni au Japon. »

Selon le document de référence du groupe Renault, RNBV  a été créée en 2002 pour coordonner l'activité de Renault et Nissan, décider de la stratégie des deux entreprises, comme la création de plates-formes communes, la fabrication de moteurs.

Selon Jean-Jacques Chanaron, on ne peut donc de ce fait « « tout mettre sur le dos de Carlos Ghosn. » Ou du moins, « pas la création d’une structure délocalisée dans un pays moins regardant sur les transferts financiers".

Sources : franceinfo, CGT Renault, AFP

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Pour résumer

Après une affaire Ghosn / Nissan, une nouvelle affaire Renault ? Le cas échéant, cela ferait tout de même beaucoup pour les constructeurs tous deux réunis au sein de l'Alliance Renault Nissan.

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