Les mouvements de grève se multiplient au sein du groupe Renault, les salariés souhaitant montrer leur désapprobation … et leurs craintes sur la pérennité de leur emploi, suite à l’annonce du plan du constructeur automobile.
L'équipe de nuit de l'usine Renault de Flins a ainsi démarré une grève le jeudi 11 juin 2020 vers 21 h. La mobilisation devrait être plus importante le 17 juin.
Renault Flins : une grande partie de l’équipe de nuit en grève
Quinze jours après les annonces de la direction de Renault, les salariés de l’usine de Flins (Yvelines) - à cheval sur les communes de Flins et d'Aubergenville - semblent vouloir passer désormais à la contre-attaque.
Une grande partie de l’équipe de nuit du site a entamé une grève le jeudi 11 juin 2020, mouvement organisé en vue de s’opposer aux suppressions d’emplois prévues par le constructeur français.
« Il y avait entre 90 et 100 salariés de la tôlerie et de la presse en grève, raconte Philippe Gommard, délégué syndical CGT. Ils ont tourné dans les différents ateliers pour discuter de la fermeture de l’usine. »
Pour le maintien de tous les emplois, intérimaires et des sous-traitants compris
L’équipe de nuit a ensuite attendu l’équipe du matin, distribuant des tracts. Une centaine de personnes encore ont débrayé, se rassemblant à 8 h devant les bureaux de la direction pour faire voter le maintien de tous les emplois, « y compris ceux des intérimaires et des sous-traitants », précise Philippe Gommard.
Les grévistes sont toutefois rentrés chez eux peu après, alors que l’équipe de l’après-midi est exceptionnellement au chômage technique.
Mouvement plus massif annoncé pour le 17 juin
Un mouvement beaucoup plus massif a été lancé par tous les syndicats pour le mercredi 17 juin entre 11 h 30 et 15 h sur le parking de l’usine.
Une date loin d’être choisie au hasard, le mouvement fera suite en effet au CSE (comité social et économique) central le 15 juin et au CSE sur Flins le 16 juin, réunion durant laquelle la direction devrait préciser son plan pour l’usine.
Renault Flins ne fabriquera plus de voitures
Suite au plan annoncé par la direction, il apparait désormais clairement que l'usine Renault de Flins-sur-Seine ne produira plus de véhicules.
Une fois la Renault Zoé et la Nissan Micra arrivées en fin de cycle, Renault-Flins cessera sa production automobile à l’horizon 2023-2024.
Les annonces officielles de la direction du constructeur automobile Renault de suppression de 15 000 postes dans le monde et 4 600 en France et de fermeture de sites, le jeudi 28 mai dernier ont dans un premier temps quelque peu abasourdi les employés de l’usine Renault de Flins.
« Certains pensent qu’une autre activité est possible sur le site, alors que d’autres n’y croient pas du tout… » déclarait alors Ali Kaya délégué CGT à l’usine.
Lui-même en colère, car selon lui, Renault ne va plus plus fabriquer de voiture à Flins parce que l’usine est « surdimensionnée par rapport à l’activité. »
Il estime également que l’annonce du transfert de l’activité de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) à Flins-sur-Seine ne dervait rien changer à la situation.
"On va amener l’activité d’une usine qui emploie 250 personnes dans notre usine où nous sommes 4 000 ? Tous les sous-traitants qui sont autour vont fermer… » a-t-il averti.
Pour le représentant de la CGT, c’est simple : Ne plus fabriquer de voiture à l’usine de Flins, c’est fermer l’usine. »
L'emploi menacé
Selon le journal Les Echos, la diminution de 4 600 postes, annoncé par le constructeur à l’échelle nationale, n’épargnera pas Renault-Flins car « son effectif de 2 600 salariés [en CDI] tombera à 1 600, à terme » et se fera « via les départs en retraite, les démissions ou les mutations ». Contactée par La Gazette des Yvelines, la direction du groupe n’a cependant pas voulu confirmer ces chiffres.
Le cas échéant, il s'gairait selon le délégué de la CGT, Thierry Gonnot, d'une « dégradation des conditions de travail » car il faudra compenser les postes non remplacés avant l’arrêt de la production automobile. Son avis est partagé par Philippe Gommard, lui aussi délégué de la CGT à Renault-Flins et élu d’opposition d'Aubergenville.
« Ils disent 1 600 mais ce n’est pas [le nombre d’emplois] à Choisy-le-Roi qui garantit les 1 600, ajoute-t-il en exigeant que l’ensemble des emplois à Renault-Flins soient maintenus. Il n’y a rien de concret [de la part de la direction] même sur les 1 600 annoncés ».
Hypothèses de travail sur une orientation entre 3 et 4 ans
De son côté, Eric Contoux de Force Ouvrière semblait un peu plus optimiste il y a quelques jours après avoir assisté le vendredi 29 mai à un CSE extraordinaire à l’usine de Flins.
« Nous avons eu des échanges avec le directeur du site, Jean-Luc Mabire, et avons défini ensemble des hypothèses de travail sur une orientation entre 3 et 4 ans« , avait alors expliqué le délégué FO.
Si le transfert d’activité semble acté, Renault-Flins pourrait voir également ses activités d’ingénierie se développer. Reste que cela n’a pas été confirmé par la direction.
Flins : usine de « reconditionnement industriel de véhicules » ?
Alors que la direction générale de Renault évoque souvent les principes de l’économie circulaire, le site de Flins pourrait être transformée en usine de « reconditionnement industriel de véhicules ». C’est-à-dire la remise en l’état des voitures reprises par les concessions dans le cadre de l’achat d’un nouveau véhicule.
Depuis l’annonce du 29 mai, les doutes, quant à la pérennité de ce transfert d’activité à Renault-Flins, restent néanmoins nombreux.
Se battre pour récupérer la production d'un véhicule à Flins
« Nous allons tenter de construire avec les partenaires sociaux et les institutionnels. En tout cas, une chose est sûre : nous voulons nous battre pour récupérer la construction d’un véhicule à Flins. Cette usine existe depuis 1952 et a toujours construit des véhicules. C’est un des symbole fort de Renault. Ne plus construire ici n’est pas envisageable » déclaraient il y a 15 jours les syndicats.
« On souhaite un nouveau véhicule à Flins si on a la capacité de le produire" déclarait fin mai Éric Contoux de Force Ouvrière, indiquant que le syndicat allait faire appel à un cabinet d’expertises pour étudier la faisabilité du projet. Il demeure persuadé "qu’on peut toujours faire un véhicule" à Renault Flins après 2023, évoquant la tenue d’une réunion intersyndicale pour aborder cette idée qui permettrait de garantir l’emploi de 3 500 à 3 600 personnes sur le site.
Notre avis, par leblogauto.com
Les mouvements se multiplient, les salariés étant bien décidés à préserver leur emploi et ceux des intérimaires et des sous-traitants. Tout en conservant une activité pérenne …. alors que le reconditionnement pourrait être une étape transitoire …. avant une vague de suppressions de postes voire la fermeture ? quand les projecteurs seront braqués sur d’autres dossiers ?
La sénatrice des Yvelines et ancienne maire d’Aubergenville, Sophie Primas (LR) estime pour sa part que "l’économie circulaire", c'est "en réalité, l’économie du recyclage". Or, ajoute-t-elle, "je sais bien qu’on est dans la tendance du recyclage, et c’est une bonne chose, je sais bien que les politiques publiques vont dans ce sens-là sauf que, dans l’industrie automobile, à ma connaissance, on n’a pas trouvé de modèle économique [pour l’économie circulaire] qui montre une rentabilité. »
Si la sénatrice espère que la reconversion fonctionnera toutefois à Renault-Flins, elle ajoute : « Je pense, en réalité, qu’il n’y a pas de projet précis. En réalité, tout est devant nous à construire. » Par conséquent, Sophie Primas affirme qu’elle sera « vigilante » concernant les transformations de Renault à venir.
Cette attention est également observée du côté du président du conseil départemental, Pierre Bédier (LR). « Nous serons vigilants sur les engagements de Renault concernant la reconversion des sites et, surtout, le maintien de l’emploi dans une vallée de la Seine déjà meurtrie par la désindustrialisation », affirme-t-il dans un communiqué daté du 29 mai.
Sources : Actu.fr, Syndicats Renault, La Gazette des Yvelines