Selon le journal Les Echos, Renault souhaiterait mettre fin à son partenariat avec le constructeur public chinois Brilliance, avec lequel il avait établi une coentreprise dans les véhicules utilitaires en Chine fin 2017.
La JV Renault / Brilliance en grande difficulté financière
La coentreprise - dénommée Renault-Brilliance-Jinbei Automotive Company (RBJAC) - créée fin 2017 avec Brilliance dans les véhicules utilitaires légers est en grande difficulté, malgré un nouveau plan de redressement lancé en juin 2020. Ses actionnaires pourraient décider de la mettre en faillite, lors d'un conseil d'administration qui doit se tenir d'ici à la fin du mois de septembre.
La structure, mise en place pour produire des véhicules utilitaires, n'a jamais gagné d'argent.
Renault à la manœuvre mais la Chine a son mot à dire
Les Echos ajoutent que la potentielle fin du partenariat serait due à une initiative de Renault allant en ce sens. Néanmoins si l'Etat chinois décide que la société doit être recapitalisée au nom du maintien de l'emploi, le groupe "n'aura guère d'autre choix que de suivre", indique encore le journal en citant une source proche du dossier.
Contacté par les agences de presse, Renault n'a pas souhaité "commenter des spéculations de marché". "Les deux actionnaires ont apporté un grand soutien à RBJAC et sont en discussion régulière concernant le développement futur de la société", a ajouté la société.
Véhicules utilitaires : la demande devrait encore baisser en 2021
Alors que la co-entreprise n’a jamais pu afficher de profit depuis sa création en 2017, la tendance actuelle du marché des utilitaires n’est guère reluisante.
En janvier dernier, IHS Markit indiquait ainsi que la demande mondiale de véhicules utilitaires devrait encore baisser en 2021. La tendance devrait toutefois varier selon le type d’équipement et les régions concernées.
Après avoir subi une baisse prévue de 10,6% de la demande de véhicules utilitaires neufs au cours de l’année 2020 – suite aux impacts de la pandémie sur l’économie – le marché mondial des nouveaux camions et bus de plus de 6 tonnes de poids brut de véhicule pourrait connaître une nouvelle baisse de plus de 9 % en 2021, estimait alors IHS Markit.
Cela ramènerait la demande à 2,9 millions de véhicules neufs, contre 3,2 millions prévus en 2020, pour atteindre le niveau le plus bas au niveau mondial depuis 2016.
Le principal moteur de ces chiffres est la faiblesse attendue du segment des poids lourds dans le monde, représentant environ les deux tiers de la demande mondiale de véhicules utilitaires au-dessus de 6 tonnes.
Ce segment devrait perdre de son élan alors qu’en Chine continentale, le marché se normalise après des taux de vente records enregistrés jusqu’à la mi-2020. L’évolution de la demande demande de poids lourds enregistrée hors de Chine devrait être trop faible pour compenser le dérapage anticipé dans l’Empire du Milieu.
Lourde chute prévue pour la demande nouveaux camions lourds en Chine
Outre le cours incertain de la pandémie elle-même, la Chine continentale offre certains des plus grands risques et opportunités en terme de prévisions à l’échelle mondiale.
La Chine continentale à elle seule devrait connaître une baisse de 37% en glissement annuel de la demande de nouveaux camions lourds en 2021, après avoir apparemment contré la tendance en 2020 et enregistré une augmentation des ventes estimée à 21% en valeur glissante annuelle, une performance due en grande partie aux mesures de relance gouvernementales.
En revanche, toutes les autres régions situées en dehors de la Chine réunies ont connu un plongeon en 2020 et devraient réaliser des augmentations de la demande pour les charges lourdes en 2021, d’environ 14% par an.
Chine : trop de relance pourrait tuer la relance
En 2020, lLe gouvernement chinois a appliqué une variété de mesures temporaires directes et indirectes pour augmenter la demande de camions.
Mais bien que la politique de relance du gouvernement de Chine continentale et de protection de l’environnement a été beaucoup plus forte que prévue au troisième trimestre de 2020, IHS Markit continue de penser que l’effet de la politique de « stimulation » des ventes de camions deviendra beaucoup plus faible au cours de prochains mois et que le parc de véhicules actuellement élevé pourrait devenir un facteur négatif pour freiner la demande de camions.
Chine : un parc de véhicules relativement jeune, qu’il n’est plus « nécessaire » de remplacer
Au final, en Chine, le parc de véhicules utilitaires est désormais conséquent et relativement jeune. Les mesures de relance axées sur l’âge et la technologie des véhicules ont déjà forcé la mise hors service de nombreux camions pré-2015 répondant à la norme d’émissions diesel NSIII.
Toutes choses égales par ailleurs, ces circonstances constitueront un frein à la poursuite des mêmes politiques qui ont stimulé la nouvelle demande en Chine continentale jusqu’à présent.
Sources : Les Echos, IHS Markit