Réflexion : d'une Porsche 356 l'autre
Bientôt, cette image appartiendra au passé. Cette Porsche 356 ne pourra plus fouler la voie nommée d'après le plus célèbre propriétaire de Porsche 356 de France.
Bientôt, cette image appartiendra au passé. Cette Porsche 356 ne pourra plus fouler la voie nommée d'après le plus célèbre propriétaire de Porsche 356 de France.
Bientôt, cette image appartiendra au passé. Cette Porsche 356 ne pourra plus fouler la voie nommée d'après le plus célèbre propriétaire de Porsche 356 de France.
C'était il y a très longtemps. Georges Pompidou possédait une Porsche 356 anthracite, avec des longues portées. Auparavant, il avait eu une AC-Bristol. En 1962, il était nommé premier ministre. On lui a vite dit que venir à Matignon en Porsche, ça ne se fait pas. Alors, il a laissé sa voiture. Peu après, on a eu l'idée de relier les différentes voies sur les quais de Paris. Depuis le XIXe siècle, les entreprises se sont installées en aval de Paris, à l'ouest et au nord. Alors que les pavillons poussent en amont et sur la Marne, au sud et à l'est de la capitale. La voie express permet d'accompagner cette transhumance quotidienne. En 1966, la "voie sur berge rive droite" est inaugurée. Hasard ou coïncidence, elle débute à l'usine Renault de l'ile Seguin, puis elle longe l'usine Citroën du quai de Javel. Les ouvriers se déplaçaient en Solex ou au guidon d'une "bleue". La voiture -fut-elle une 2cv ou une R4- était un symbole de progression sociale. Comme l'était le passage de la blouse bleue à la blouse blanche. En 1969, l'ancien porschiste devint président. C'était l'époque de la vitesse, celle du Concorde, de l'Airbus A300, des trois victoires de Matra au Mans, du Mirage F1, du RER, du programme Ariane et plus tard, du TGV. A l'autre extrémité, les deux-roues cubaient davantage. La voie express se terminait à la Bastille. Le samedi, de jeunes motards y jouaient à l'Equipée sauvage ou à Easy Rider. C'était à la gare désaffectée qu'eurent lieu les premiers Rétromobile. Le président mourut en plein exercice. On donna son nom à la voie sur berge et à un musée d'art moderne, son autre passion. A l'entrée du musée, il y a un portrait de Pompidou par Vasarely. Ce même Vasarely qui venait de redessiner le losange de Renault. En 1981,à l'endroit où la voie devient un 2x2 voies, le palais omnisport de Paris-Bercy sorti de terre. Il accueillit du motocross indoor, du stock car et plus tard, une course de karting où toute la F1 se rendait.
Puis les années ont passé. La gare de Bastille a été rasée pour que l'on construise un opéra. Un premier ministre de gauche a été réprimandé pour être venu à Matignon en Ferrari. L'usine Citroën a déménagé à Aulnay. C'est de là que sorti la CX de Jacques Chirac, alors indéboulonnable maire de Paris. L'usine insulaire de Renault fut sacrifiée quelques années après. Ainsi, la voie Georges-Pompidou débuta désormais au milieu des chaines de télévision, pour se finir dans les terrasses de café. Les seules pétarades sont celles des scootéristes en cols blancs. Pompidou le dead white male a quitté les manuels d'histoire du lycée, il fallait faire de la place. Son dernier héritier a perdu la présidentielle de 1995. James Dean a possédé une 356 et une 550. Mais c'est à bord d'une R19 cabriolet que Lionel Jospin "se prenait pour James Dean." La voie express rive gauche devait être prolongée. Le projet fut oublié. Au contraire, c'était la voie rive droite qui était menacé. Un groupuscule obtint sa fermeture les dimanches d'été. A peine élu, Bertrand Delanoë (qui n'avait pas de voiture personnelle) la ferma un mois pour son Paris-plages. Philippe Murray dénonçait alors les automobilistes chassés par les poussettes et les rollers. En 2002, il fallu rappeler au conducteur de R19 cabriolet qu'ouvrier, ce n'est pas un gros mot. Un leader écologiste aurait juré de "faire vivre un enfer aux automobilistes parisiens" (il a toujours nié avoir dit cela.) Partisan de la dictature de l'événementiel, Delanoë fit fermer la voie rive gauche. Celle de droite fut saupoudrée de feux rouges.
Aujourd'hui, les Hommes politiques arrivent à Matignon en vélo. Bien sûr, ils les ont enfourché au coin de la rue, loin des caméras, mais l'effet est là. La voiture sème la pollution et les accidents mortels, point. Certains sont persuadés que les banlieusards viennent juste pour le plaisir de déverser des particules fines dans la capitale. A gauche, un ex-futur candidat à la présidentielle a été sermonné pour s'être rendu au siège d'un journal en Porsche Panamera. A droite, on ose à peine dire que l'on aime les voitures. Quant à faire un pas en direction de l'industrie automobile ou du sport automobile... La peur du procès en réaction est trop forte. D'ailleurs, la femme d'un rédacteur en chef de magazine automobile, élue parisienne de droite, avait voté pour la fermeture des voies rive gauche. Anne Hidalgo a prit la suite du maire de sable. Il faut toujours moins de voitures. Elle veut des "lieux de respiration" et de "végétalisation" pour les Parisiens. Elle déclare que "le bilan écologique et sonore de la fermeture des voies rive gauche est bon" comme on aurait dit autrefois que "les objectifs du plan quinquennal ont été atteints". Les arguments du parti du bien sont imparables. Critiquer, c'est défendre la pollution et les accidents de la circulation, point. Les voies express rive droite sont dans la mire. Une partie de l'auditoire applaudit à tout rompre. Les autres, plus nombreux, préfèrent se taire, comme d'habitude. Le préfet de police imposera sans doute la "réversibilité" du projet. Mais quel politique osera rouvrir les voies à la circulation ? Quant à la transhumance quotidienne... Les pues-la-sueur devront saturer un peu plus le périphérique et l'A86. Ou s'entasser dans les RER A et C, en attendant les hypothétiques lignes du Grand Paris. A Paris, certains disent "bien fait !" Et lorsqu'on parle d'aller plus vite dans Paris, ce n'est qu'une pub pour de l'internet haut débit.
Crédit photos : Joest Jonathan Ouaknine/Le Blog Auto
P.S. bien sûr, la voiture qui illustre cette article n'est pas l'ancienne voiture de Georges Pompidou. Il s'agit d'une 356 B "boite 5" de 1960. La voiture a été aimable prêtée par Casting Automobiles. Pour information, elle est à vendre pour 57 500€.
Bientôt, cette image appartiendra au passé. Cette Porsche 356 ne pourra plus fouler la voie nommée d'après le plus célèbre propriétaire de Porsche 356 de France.
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