Fort de ses résultats qualifiés de "records" par son patron, Carlos Tavares, PSA va redistribuer un milliard d'euros à ses salariés. Si "l'initiative" est plus que louable, ne serait-elle pas également liée à une ferme volonté d'acheter paix sociale contre intéressement ? Faisant alors de la politique d'intéressement...une politique...intéressée ?Rappelons d'ores et déjà que cette annonce intervient quelques jours à peine après une visite houleuse du Ministre de l'Economie à l'usine PSA de Mulhouse.
PSA : un intéressement ... très intéressant
Quoi qu'il en soit, le patron de PSA, Carlos Tavares, a tenu à préciser qu'une prime d'intéressement de 2.400 euros net minimum serait versée à chacun de ses "collaborateurs d'une rare excellence". La valeur moyenne s'établissant à 2 600 euros nets.
Une somme, importante pour un ouvrier, qu'il convient toutefois de relativiser. Cela demeure dans la lignée des montants pratiqués dans des fleurons de l'économie française. Et notamment dans des entreprises endeuillées par des suicides de ses salariés, lesquels peinent à voir la vie en rose. Alors, oui, intéressement contre paix sociale ?
A cet égard, le président du directoire du PSA a assuré que depuis 2014, le montant des rémunérations variables des salariés (intéressement et participation notamment) a été multiplié par quatre et que de 2006 à 2016, un milliard d'euros a été redistribué aux salariés du groupe. Soit "à très peu de choses près" autant que les "dividendes à nos actionnaires" a-t-il tenu à ajouter. Précisons à cet égard que PSA va proposer à ses actionnaires un dividende de 0,53 euro par action, contre 0,48 en 2017.
La politique d'emploi pointée du doigt
Car, ne rêvons-pas, ce montant qu'on nous présente comme absolument fabuleux – et qui, répétons-le est tout à fait dans la fourchette de ceux pratiqués par d'autres entreprises du CAC40 - a peut-être un « coût »...social !
Car si PSA s'est dangereusement approché du gouffre en 2014, la tendance est désormais à l'expansion. Avec des procédures d'embauches « adaptées ».
Le constructeur a en effet été prompt à faire sien le dispositif de ruptures conventionnelles collectives, désormais « offert » aux services RH. Des mesures qui lui permettent dorénavant de conforter ses pratiques d'embauches mixées avec des départs volontaires.
Lors de sa visite sur le site de l'usine PSA de Mulhouse, le 23 février dernier, Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie s'est fait d'ailleurs quelque peu chahuté à ce sujet. Une dizaine de syndicalistes de la CGT l'ont interpellé alors qu'il essayait la nouvelle DS7 Crossback. Le syndicat CGT a alors dénoncé une baisse d'effectifs ces dernières années et un recours plus fréquent aux intérimaires. Les syndicalistes reprochent également au ministre de cautionner la destruction d'emplois.
Crédit Illustration : Site PSA