Où quand écologie, changement climatique et lutte contre les émissions polluantes ont un impact direct sur l’emploi et les salaires.
Négociations informelles sur salaires et conditions de travail
Renault et PSA cherchent à reconduire dans les mois à venir des accords nationaux triennaux couvrant les salaires et autres conditions de travail, qui leur ont permis par le passé de réduire leurs coûts.
Des négociations informelles entre Renault et les salariés ont débuté début septembre, ont annoncé les syndicats, et devraient commencer chez PSA la semaine prochaine.
Alors que les négociations étaient déjà tendues, les différentes parties tentant d’équilibrer d’éventuelles mesures de gels de salaires avec des promesses de produire ou d'investir en France, les syndicats craignent d’ores et déjà pour les emplois au sein des usines de fabrication de moteurs dans le cadre d'une évolution vers les voitures électriques.
Aucune description claire des potentielles revendications en terme d'emploi ou de salaire n'a toutefois encore été proposée.
Reste que dans sa convocation aux discussions, PSA faisait de la "transition énergétique" une priorité absolue.
Si Renault a déclaré ne pas vouloir commenter les discussions qui viennent de débuter. PSA a déclaré qu'il espérait des discussions constructives tenant compte "des enjeux pour le groupe", sans donner plus de détails.
Les syndicats comptent bien rappeler à PSA ses performances financières
Une majorité des syndicats français de l'automobile ont soutenu les accords précédents en 2013 et 2016, après la crise de la dette de la zone euro et les mesures d'austérité qui avaient entraîné une baisse de la demande des consommateurs.
"Et maintenant? PSA gagne beaucoup d'argent et les nouvelles réglementations sur le CO2 arrivent au bon moment pour nous permettre de continuer à améliorer les performances du groupe", affirme pour sa part Franck Don, représentant du syndicat CFTC au sein de PSA.
Selon les nouvelles règles de l'UE, les émissions de dioxyde de carbone doivent être ramenées à 95 grammes par km pour 95% des voitures d'ici la fin de 2020, la moyenne actuelle étant de 120,5 g / km.
La transition écologique : une menace pour l'emploi ?
La transition écologique suscite des inquiétudes quant aux bénéfices dans un secteur déjà confronté à des ventes en déclin, avec des modèles réputés plus propres encore plus coûteux à construire que les modèles traditionnels … tandis que l'ampleur de la demande des consommateurs pour ces véhicules n’apparaît pas clairement.
Les immatriculations de voitures européennes ont chuté de 8,6% en août en valeur glissante annuelle, selon des données publiées cette semaine. Certes, la hausse exceptionnelle enregistrée l’année dernière fausse les comparaisons, mais la tendance est clairement à la baisse.
Inquiétude à Metz Borny
Au sein de l’usine PSA de Metz-Borny, les employés craignent que les projets de production de la nouvelle boîte que le site fabriquera dès 2022 ne compensent en rien les réductions traditionnelles.
Précisons que l’usine va produire, en partenariat avec le belge Punch Powertrain, la future boîte automatique électrique dénommée E-BVA destinée aux véhicules hybrides de PSA. Le projet permettra de pérenniser 400 emplois pour 82 M€ d’investissement. Il s’agira pour beaucoup de transferts de compétences.
L’objectif est de produire au moins 600 000 boîtes par an. Les premières devraient sortir en 2022, pour atteindre une vitesse de croisière en 2024. La nouvelle chaîne de production sera aménagée dans une partie vide de l’usine de Metz-Borny depuis l’arrêt de la production de la boîte manuelle MA2 conçue pour les petits véhicules et désormais produites aux plus près des clients du monde entier.
Spécialisé dans la production de boîtes de vitesses, le site n’avait plus accueilli de nouveaux projets depuis près de trente ans et craignait pour son avenir depuis l’attribution à Valenciennes de la production de la boîte double embrayage DCT.
Le site est passé d’une production annuelle de 2,5 millions de boîtes il y a encore dix ans à seulement un million aujourd’hui. Ses effectifs ont parallèlement fondus de 2 400 personnes à 1 300.
"C'est la pointe de l'iceberg ... la carte du travail en France est en train d'être redessinée", a déclaré Maria Casoli du principal syndicat PSA, Force Ouvrière.
L'avis de Leblogauto.com
En mars 2019, Carlos Tavares, le président du directoire de PSA est clairement remonté contre l’Union européenne. S’exprimant dans le cadre d’un entretien au Figaro, le patron du groupe automobile a ouvertement critiqué la volonté de la Commission européenne de réduire les émissions de CO2 de manière drastique. Avertissant d’ores et déjà qu’une telle politique risque de fragiliser une filière automobile employant 13 millions de personnes ...
« Le vote du Parlement européen est un vote contre l’industrie européenne » estimait ainsi Tavares. Selon lui, « le chemin qui est pris » conduit les constructeurs « dans l’impasse ». Une situation qui sera à terme « très douloureu[se] (s’)alarmait-t-il.
Des propos tenus en temps que patron de PSA mais également en tant que président de l’Acea (Association des constructeurs européens d’automobiles).
Ce qui lui donne « l’occasion » d’enfoncer le clou, en affirmant que la politique européenne mettait en péril les 13 millions de personnes qui travaillent dans l’industrie automobile. Pire encore, selon lui, les orientations prises vont « très certainement déstabiliser les sociétés européennes ». Laissant ainsi planer le spectre d‘un effet domino des difficultés économiques de l’industrie automobile sur l’économie européenne dans son ensemble. Cela poouvait alors apparaître comme un chantage à l'emploi .... mais si au final, il avait raison ?
Sources : Reuters, Automotive News, Républicain Lorrain