Départ de près de 1000 intérimaires
Deborah Schorr, secrétaire du syndicat FO du site PSA de Mulhouse et Laurent Gautherat, responsable CFE-CGC de l’usine, ont ainsi indiqué que jusqu’au début de l’année prochaine, l'usine PSA de Mulhouse va se séparer d’un millier d’intérimaires.
Selon ces représentants syndicaux, la disparition de l’équipe de nuit se fera en deux temps : passage à une demi-équipe fin octobre pour une suppression totale durant la première semaine de janvier 2020.
En parallèle, les deux équipes de montage oeuvrant en journée réduiront leur cadence de moitié à partir de début novembre.
Précisions lors du Comité social et économique
Ces mesures ne constituent pas une réelle surprise, leurs principes globaux ayant été présentés en avril dernier. Leur calendrier et leurs impacts sociaux ont été par la suite confirmées et précisées lors de la réunion mensuelle du Comité social et économique (CSE), lundi à Mulhouse.
Selon Deborah Schorr, relayant des propos de la direction lors du CSE, le nombre de travailleurs temporaires passera de 1.417 à fin septembre à « environ 300 » début 2020.
Présent à la même réunion, la CGT indique pour sa part que le site ne comptera que « 200 à 300 intérimaires en début d’année prochaine », contre « plus de 1.400 actuellement ». Entraînant donc le départ de près de 900 personnes.
La direction du site a confirmé quant à elle le calendrier des différentes diminutions de cadences de production, sans toutefois fournir d’éléments chiffrés concernant la réduction des effectifs d’intérimaires.
Départs d’intérimaires liés à celui de la Peugeot 2008
Cette réduction de la production est directement liée à l’arrêt de la fabrication de la Peugeot 2008 à Mulhouse. Le nouveau modèle ne sera plus produit sur le site alsacien mais sera assemblé à Vigo, en Espagne.
Les effectifs permanents seront eux aussi impactés par l’arrêt de production de la 2008 à Mulhouse. Si certes aucune suppression de postes ne sera à déplorer, des mobilités internes seront mises en œuvre en vue de transférer du personnel du secteur du montage vers les unités de mécanique travaillant pour l’ensemble de PSA, et par des prêts de main-d’œuvre à l’usine voisine de Sochaux, ont ainsi indiqué ajouté les syndicalistes.
PSA Mulhouse emploie à l’heure actuelle 5.100 salariés permanents et continuera à produire la DS7 et la Peugeot 508.
PSA dans le collimateur de la Commission européenne au sujet du site de Vigo
Précisons en parallèle que la Commission européenne a ouvert en juillet 2019 une enquête approfondie en vue de déterminer si le projet de l’Etat espagnol, visant à accorder une aide publique de 20,7 millions d’euros au constructeur pour promouvoir l’investissement de PSA sur son site de Vigo est conforme aux règles de l’UE en matière d’aides d’État à finalité régionale.
Le constructeur n’aurait-il pas ainsi entravé le jeu de la concurrence au sein de l’Union européenne ?
Atteinte à la concurrence ?
« Les investissements publics sont importants pour encourager la croissance économique dans les régions défavorisées d’Europe. Nous devons toutefois éviter une course aux subventions préjudiciable entre les États membres. La Commission examinera attentivement si l’aide prévue par l’Espagne est vraiment nécessaire pour permettre à Peugeot d’investir dans des procédés de production réellement innovants à Vigo et si cette aide contribuera au développement de la région sans fausser indûment la concurrence ou porter atteinte à la cohésion dans l’UE « , a déclaré à ce sujet Margrethe Vestager, commissaire chargée de la politique de concurrence.
Dans un document annonçant l’enquête approfondie, la Commission européenne indique qu’elle « ne peut exclure, à ce stade, que l’aide aurait des effets néfastes sur la concurrence dans certains segments du marché des voitures particulières ciblé par l’investissement ».
Investissement de 500 millions d’euros de PSA à Vigo
PSA va investir la coquette somme de 500 millions d’euros dans de nouvelles chaînes de l’usine Peugeot Citroën Automobiles España de Vigo, en Espagne en vue en vue de produire de nouveaux modèles. La nouvelle Peugeot 2008 sera ainsi construite sur le site. Le constructeur souhaite parallèlement améliorer ses procédés de production.
Les travaux sur les nouvelles chaînes de production et les nouveaux procédés ont d’ores et déjà débuté en avril 2015. En novembre 2017, l’Espagne avait quant à elle notifié à la Commission ses projets d’octroi d’une aide publique de 20,7 millions d’euros pour le projet.
Les aides d’Etat soumises à des critères rappelle la Commission
Les règles de l’Union en matière d’aides d’État, en particulier les lignes directrices de 2014 concernant les aides d’État à finalité régionale, permettent aux États membres de promouvoir le développement économique et l’emploi dans les régions défavorisées de l’Union et de renforcer la cohésion régionale dans le marché unique indique comme préambule la Commission européenne.
Ajoutant que pour y être autorisées, les mesures doivent remplir certaines conditions leur assurant d’avoir l’effet positif escompté. L’aide doit notamment encourager les investissements privés, être limitée au minimum nécessaire et ne pas priver d’investissements une région d’un autre État membre qui est tout autant ou davantage défavorisée («effet anticohésion»).
À ce stade, la Commission « doute que l’aide de 20,7 millions € prévue pour Vigo remplisse tous les critères des lignes directrices concernant les aides d’État à finalité régionale. »
Une région plus défavorisée n’aurait-elle pas été lésée ?
La Commission se demande ainsi « si l’aide publique espagnole n’a pas privé du projet d’investissement une région plus défavorisée sur le plan économique d’un autre État membre ou si PSA n’aurait pas procédé à l’investissement à Vigo dans tous les cas, même en l’absence d’aide publique espagnole ».
Investissements sur sites existants exclus du périmètre sauf si innovants et fondamentaux
De plus, précise la Commission, « en vertu des règles applicables en matière d’aides à finalité régionale, les investissements réalisés par de grandes sociétés dans des infrastructures de production EXISTANTES ne sont normalement pas admissibles au bénéfice des aides à l’investissement à finalité régionale, sauf si les investissements permettent d’apporter des changements fondamentaux et innovants aux procédés de production qui sont appliqués pour la première fois dans le secteur concerné au sein de l’Espace économique européen (EEE). »
Or, à ce stade, la Commission s’interroge … doutant que le procédé de production prévu soit « suffisamment innovant pour pouvoir bénéficier de cette exception ».
Doutes sur contribution au développement régional
La Commission « nourrit également des doutes » en ce qui concerne « la contribution de l’aide publique au développement régional et son bien-fondé et sa proportionnalité ». Elle considère d’ores et déjà que, même sans aide financière de l’Etat espagnol, PSA aurait procédé à cet important investissement. Ce qui sous-entend à demi-mots que PSA aurait « incité » – dirons–nous poliment – l’Espagne à lui octroyer une telle somme pour finaliser son projet sur son territoire, arguant des bénéfices pour la région …
La Commission va à présent enquêter plus en profondeur afin de déterminer si ces craintes initiales sont fondées ou non.
L'avis de Leblogauto.com
Le site de Mulhouse victime de la mode des SUV, victime de l’air du temps …. ou plus simplement des aides octroyées par l’Etat espagnol pour le site PSA de Vigo ? Conduisant alors à augmenter la « rentabilité » du transfert de la production de la nouvelle 2008 de Mulhouse vers le site espagnol. Au grand dam des employés alsaciens ?
Sources : Syndicats PSA Mulhouse, AFP