La "guerre du périphe" ne fait que commencer à priori. En effet, la Maire de la Capitale, Anne Hidalgo, a décidé de baisser la limitation à 50 km/h sur cet axe municipal, officiellement pour baisser la pollution de l'air et sonore. Annoncée depuis quelques temps, la bascule était prévue pour octobre et nous y sommes. Dès mardi, donc, une première partie du boulevard, entre la porte des Lilas et la porte d’Orléans, sera passée à 50 km/h. Attention, le reste sera encore à 70 km/h.
Malgré les réticences conjointes de l'ex-ministre des transports et du nouveau ministre des Transports, François Durovray, de la Présidente de Région, Valérie Pécresse et du Préfet de Police, Laurent Nunez, Anne Hidalgo déploie son plan. Mais, cela pourrait ne pas se passer exactement comme prévu. En effet, si les panneaux sont bien mis à 50 km/h, les radars et les contrôles sont décidés par le Préfet.
Et ce dernier préfère attendre de voir si les recours qui seront lancés contre cet abaissement de la vitesse aboutiront ou non. On pourrait donc avoir une limitation qui n'aura pas de sens puisque la vitesse ne sera contrôlée qu'à partir de 70 km/h. Cela annihile la baisse.
Il n'est toujours pas tranché si la Maire de Paris a pleinement le pouvoir de décider de cette limitation. En effet, le périphérique est une voie communale et c'est donc l'édile de la ville qui en assure la gestion. Mais, depuis son lancement, par une ordonnance préfectorale de 1971, le périphe a un statut particulier qui normalement le fait tomber dans l'escarcelle de la Préfecture. C'est son côté structurant pour les transports de la région qui lui vaut ce statut.
Par ailleurs, cette ordonnance interdit, depuis toujours, aux véhicules 50 cc, voiturettes et autres patinettes électriques de prendre le périphérique en toute légalité. Une interdiction qui ne se traduit pas par des panneaux "route pour automobile", par exception au code de la route (les voies sur berge aussi ont cette exception). Ne croyez pas au Père Noël, l'abaissement généralisé de la vitesse à 50 km/h ne les autorisera pas plus demain.
Notre avis, par leblogauto.com
Si cela peut paraître une guéguerre d'influence puérile, cette histoire de la limitation du périphérique est symptomatique d'un pouvoir partagé entre plusieurs administrations, mais aussi d'un certain égoïsme puisque Paris se fiche de sa banlieue. Mais ce n'est hélas pas nouveau pour le coup. Entre 1871 et 1977, la ville de Paris a bien eu des conseils municipaux d'arrondissement, mais c'est le Préfet de la Seine qui gère la capitale.
Forcément quand l'Etat gère une telle ville avec ses voies structurantes, cela se passe sans encombre. Mais sous la Présidence de Valéry Giscard d'Estaing, la ville de Paris est dotée de maires d'arrondissement et d'un maire. Si Chirac était pompidolien dans sa gestion de la ville, développant les axes de transports importants et fluides, ses successeurs, Delanoé et Hidalgo ont, à l'inverse, décidé de réduire la place de la voiture et de limiter à la fois les capacités d'absorption des voies importantes, mais également leur limitation. Ainsi, Paris est une "ville à 30" sauf mention contraire. Et on rajoute la raréfaction volontaire des places de stationnement en surface, la hausse des prix du stationnement et vous avez une capitale qui rejette les ceusses qui habitent à l'extérieur.
Le tout bagnole est idiot, le zéro bagnole l'est tout autant.
A noter que baisser la limite à 50 km/h devrait aussi permettre à la Mairie de relancer ses projets de construction d'immeubles au plus près et même sur le périphérique. En effet, en octobre 2022, la justice a confirmé l'annulation d'un permis de construire de deux projets de construction sur le périphérique pour des raisons de salubrité publique.